AST Groupe : échanges de points de vue (Securibourse)

par Myownway, jeudi 19 juin 2014, 23:36 (il y a 3813 jours) @ daniel

@Daniel

Vos commentaires et votre style sont remarquablement semblables à ceux de l'intervenant "Jacques" de cette file, qui a fait le choix de ne plus intervenir (>), ce que je regrette.
Je me réjouis donc de l'opportunité que vous m'offrez de creuser vos réflexions tant elles m'obligent à me poser de BONNES questions.

<< Perform Habitat... projet abandonné >> Cette activité est pour l'heure mise en sommeil.
Les mesures actuellement envisagées portant sur la transition énergétique permettront peut-être de la relancer prochainement.

<<la loi inclut uniquement ceux qui ont une activité de pose, excluant par le fait le concept d'AST ne fonctionnant qu'avec la sous-traitance>> Cette affirmation demande confirmation.
Par manque de temps, je ne peux me permettre d'étudier dans le détail les textes de loi concernés.
Cependant, je constate que Maisons France Confort, dont le recours à la sous-traitance est semblable à celui d'AST, a également développé une activité de rénovation. Celle-ci est encore embryonnaire mais, selon leurs dires, "au fort potentiel de développement" (voir communiqués financiers MFC).

<<Les prises de commandes du T1 sont en net recul>> Elles sont globalement estimées en nombre à -7% et en valeur à -12%.
Dans le détail, en nombre : CMI -7%,VEFA -22% et Natilia +24%.
Et en termes de chiffres d'affaires à réaliser : CMI +6%, VEFA - 39%, Natilia +25%.

Concernant la CMI, selon le communiqué du T1/2014, la réorganisation commerciale aurait pesé sur les ventes. Aussi, la performance serait meilleure au 2nd semestre.

Seule l'activité VEFA est en net recul.
Est-ce en raison du caractère plus ponctuel des ventes sous cette forme (entrainant de larges fluctuations d'un trimestre à l'autre) ou à cause de davantage de méfiance de la direction d'AST à l'égard d'opérations pour lesquelles l'écoulement des logements peut être lent, la rentabilité plus incertaine et la trésorerie du groupe pénalisée >
Les trimestres suivants répondront à cette interrogation.

Mais, comme vous le soulignez si justement, il ne s'agit que d'un trimestre. Pour juger du potentiel d'une entreprise, il convient d'apprécier sa dynamique dans la durée (10 ans).

<<La hausse du CA au T1 est due en partie à un report de signature de 2013>> Exact.
Et à un hiver doux facilitant la construction. Le T1/2013 constitue aussi une base de comparaison faible, en nette baisse par rapport à un CA T1/2012 très élevé. Le T1/2014 marque donc un retour à un niveau de CA plus "habituel".

<<La spirale Natilia recommence>> Ce n'est malheureusement pas surprenant et mes posts précédents soulignaient mes craintes à ce sujet.

Sauf erreur, Saintes et La Rochelle sont 2 agences d'un même franchisé qui avait repris il y a peu la franchise de La Rochelle (ou l'inverse) alors en difficulté.

La conjoncture pèse lourdement sur les jeunes entreprises qui n'atteignent pas leurs objectifs de vente et qui, en conséquence, ne dégagent pas une trésorerie suffisante pour passer ce cap très difficile.

Cette "dépression" collective est passagère et le marché de la construction de logements repartira. Le "couple" Natilia/POBI sera alors particulièrement porteur et profitable.

<<Les ventes sont elles aussi en net recul.>> >>>
Natilia +24% en nombre et +25% en valeur !

<<Pour Pobi, ils ouvrent aux non-franchises>> C'est une très bonne initiative.
Dans ce contexte, il faut faire feu de tout bois ! (MFC ne fait pas autre chose : courtage, rénovation, domotique, etc...)
Compte tenu du contexte économique, de la lenteur relative du déploiement du réseau Natilia et des défaillances de certains franchisés, les capacités de l'usine POBI ne sont pas pas pleinement utilisées. D'où les difficultés à absorber les coûts fixes qui engendrent les pertes récurrentes que nous connaissons.
Personnellement, j'avais regretté l'arrêt des ventes, qui ont repris depuis, de l'activité "Charpentes" en dehors du Groupe.
L'essentiel étant de charger l'usine et de maximiser son potentiel.

<<Le projet Villa Club aurait du connaître un déploiement rapide....cela traîne....>> Sur quels critères vous basez-vous >
Pour ma part, je n'ai pas de repères qui me permettent d'en juger.
Il est indiqué :"Villas Club lancé fin 2013 réalise également un beau démarrage avec l’ouverture en cours de trois agences...L’alternative «agent commercial»....une quinzaine de contrats a été signée".
Une seule certitude : le secteur est aujourd'hui difficile et trouver des candidats est évidemment ardu.

<<Les objectifs de cours à 5, 5, 7 euros sont farfelus.>> Sauf à être en mesure de prédire l'avenir avec exactitude, les objectifs de cours ou d'un indice à une date prédéterminée sont une absurdité.
L'avenir est toujours incertain.
Pour ma part, j'essaie de valoriser une entreprise selon différents scenarii et, sur ces bases, d'investir en tirant profit de mauvaises nouvelles ponctuelles dépréciant fortement celle-ci, avec un terme suffisamment lointain pour laisser le temps à mes hypothèses de se réaliser.

<<L'objectif de la famille Tur est exclusivement le rendement et non pas la valorisation de la boite.>> Interprétation très personnelle et selon toute vraisemblance erronée.
Le versement d'un dividende permet effectivement le remboursement des emprunts souscrits par l'équipe de direction au sein de "Team Invest" lors des rachats d'une partie des parts de Martine Tur.

Mais à quoi bon avoir racheter des parts AST Groupe et user des dividendes, non pour en profiter librement mais pour rembourser des emprunts, si ce n'est pas pour valoriser à terme l'entreprise >
Se priver de dividendes pour acquérir des parts qui n'auraient finalement aucune valeur, quelle belle opération !

Tout créateur d'entreprise cherche à pleinement valoriser son entreprise, patiemment développée et fruit de nombreux sacrifices...

<<à part un siège social en propre la dot de la mariée est bien faiblarde>> Vous oubliez le goodwill ou fonds de commerce.
Dans le cas d'une société de services, l'essentiel n'est pas nécessairement visible dans les actifs corporels d'un bilan mais réside essentiellement dans le savoir-faire, la réputation, les parts de marché, le portefeuille clients, les capacités d'innovation, etc...

Examinez les emblématiques Apple, Facebook,... : aucune usine, peu de biens matériels et pourtant beaucoup de valeur !
Idem pour les Françaises Edenred, Publicis, etc....
Beaucoup d'entreprises se "dématérialisent" (location, vente des murs, sous-traitance, etc...) afin de conserver leurs ressources financières pour développer leur cœur de métier et aussi accroître leur flexibilité. Ce qui peut parfois constituer un facteur de fragilité.

L'appréciation de la valeur est plus complexe que ce que vous sous-entendez.

<< on est en droit d'avoir moins d'à peu près pour une boite cotée...La gestion part dans tous les sens >> Je vous rejoins sur ce point.
Avant la création d'AST, A. Tur a eu un parcours commercial et c'est certainement là son domaine de prédilection.
Cela se ressent lors dans la gestion du groupe et à la lecture des communiqués.
Il ne peut prétendre avoir toutes les compétences, notamment en matière de fabrication industrielle (POBI).

Je connais assez bien les tempéraments des commerciaux et leurs "biais" (travers) : à les écouter, ils réalisent à eux-seuls 3 fois le CA de la société qui les emploie et même dans un contexte difficile ils sont certains d'exploser leurs objectifs. Quitte à ce que les marges réalisées soient ridicules ou que leurs clients ne soient finalement pas solvables...(d'où l'impérieuse nécessité de créer des départements "crédit" ) Et ceux qui prétendraient le contraire ne sont que des poids morts sans utilité. Il y a ceux qui rapportent (eux) et qui font vivre l'entreprise et ceux qui coûtent, les inutiles (tous les autres)....
Voilà pour ce portrait à peine caricatural dans certains contextes.

En conséquence, ce que je reprocherais à la direction, et c'est le cas de toutes les petites et moyennes entreprises, c'est, il me semble, son omnipotence (naturelle - notamment de le part des fondateurs) et de ne s'être peut-être pas suffisamment entourée d'intervenants d'autres disciplines.
Pas de consultants mais de personnes crédibles aux formations diverses et aux expériences riches à même d'apporter la contradiction, de freiner leurs ardeurs lorsque celles-ci sont discutables.

Dans ce but, un Conseil d'Administration jouant pleinement son rôle est critique alors qu'il ressemble trop souvent à la réunion d'un groupe d'amis où il est mal-venu de contredire et d'aller à l'encontre des dirigeants (y compris dans les plus grands groupes...)
Le recrutement récent d'un nouveau directeur financier, s'il pèse davantage sur les décisions importantes, va dans le bon sens mais est encore insuffisant.

<< prenons les dividendes et barrons nous ! >> Ce serait une erreur.
Compte tenu du fait que le cours de Bourse de l'action est ajusté à due concurrence du montant du dividende versé (= sortie de trésorerie=>baisse de la valorisation), il n'y a que peu d'intérêt à encaisser le dividende et à vendre ses titres dans la foulée.

<< l'avenir n'est pour l'instant pas chez AST... >> Réflexion intéressante.
Ce sont vos mots "pour l'instant" qui retiennent mon attention.
Cela pose bien évidemment la question des fondamentaux d'un bon investissement.

Faut-il acheter quand tout le monde achète > (et faut-il vendre quand tout le monde vend >)
Ou au contraire profiter d'une conjoncture particulièrement adverse pour investir et voir, à un horizon certes incertain et peut-être lointain (trop lointain pour la majorité), son investissement pleinement valorisé >

Beaucoup de gens répondent mal à ces questions et sont excités par les hausses et déprimés par les baisses des cours. C'est la raison pour laquelle les particuliers comme beaucoup de professionnels perdent le plus souvent leur argent, ou celui de leurs clients, "en Bourse".
Pour faire d'excellentes affaires, vous ne pouvez pas acheter ce qui est populaire.

Encore une fois, le secteur de la construction est à l'heure actuelle sombre mais AST Groupe, malgré quelques coûteux tâtonnements, dispose d'un véritable potentiel sur un secteur qui répond à un besoin primaire : se loger.

Je reprendrai une fois encore les mêmes critères :
AST Groupe est facile à comprendre (secteur de la construction), la société est bien positionnée face à la concurrence, il est possible de déterminer son évolution à 10 ou 15 ans avec suffisamment de certitudes, son management est compétent et honnête (leurs rémunérations sont très raisonnables) et sa valorisation actuelle est, selon mes estimations, attractive.

Les investisseurs qui veulent bien faire doivent apprendre, non pas à regarder dans le rétroviseur, mais à détecter et à anticiper les prochains changements et les ruptures à venir.

Il appartient à chacun de se déterminer et d'agir selon ses propres analyses.


Merci de m'obliger à faire mon boulot d'investisseur en allant à chaque fois un peu plus loin.

Myownway
Actionnaire individuel AST Groupe

P.S. : il serait bon que les intervenants indiquent avec honnêteté leur statut d'actionnaire ou non d'AST Groupe pour juger la qualité de leurs interventions !


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