digressions (Securibourse)

par Graham ⌂ @, samedi 02 février 2008, 12:05 (il y a 6135 jours) @ Bimbo
édité par Graham, samedi 02 février 2008, 13:05

» Prédire ce que fera une foule est-il plus ou moins facile que prévoir ce que fera un individu >
Je ne suis pas d'accord. Effectivement, les cours sont dans une part importante impactés par l'indice de référence le plus approchant. Ceci est vrai la plus part du temps. Cependant les retournements d'opinions sont brusques et sans aucune corrélation. Or c'est à ces moments que l'essentiel des variations se fait.

» Un titre comme NRJ reste très dépendant du sentiment général.
Oui assurément. C'est ce que j'ai nommé le consensus.
Les consensus hatifs sont la plus part du temps bêtes. Ce sont des raisonnements biaisés qui sont accrédités parce que tout le monde les suit.
On pense habituellement que l'on ne peut pas avoir raison contre le marché. Cette idée est stupide. On ne peut avoir que raison ou que tort. Ce qui motive et semble justifier pareille certitude tient dans le lien nécessaire entre les cours prochains et l'opinion générale. Or rien n'est moins constant que l'opinion, ni non plus moins volatile! Avec de pareille certitude, on a justifié jadis des cours d'Alcatel à plus de 100€. Non, on ne peut assoir son jugement sur l'opinion. On manquerait inévitablement son progressif, mais parfois brutal, retournement.

» C'est un titre lourd, et seule une catastrophe ou une recovery peut vraiment décorréler ce genre d'action du flux général.
Encore une fois non. Avec un flottant très réduit, dont la valorisation avoisine 100m€, il ne peut s'agir d'un titre lourd. Au contraire, par cette caractéristique, nous sous situons au niveau des smalls caps. Or la forte variation de cours des smalls caps n'est actuellement jamais que l'effet technique des rachats de parts d'OPCVM. Les fondamentaux des smalls françaises ne sont pas pour lors affectés.

» Si ta vision est bonne, tu feras un peu mieux que le cac, si elle ne l'est pas un peu moins bien.
Je ne crois pas. Hormis ce qui peut se passer dans les 6 prochains mois sur les marchés financiers et qui ne relève que de conditions purement techniques, soit j'ai tort et ma performance sera à moyen terme (4 ans) médiocre mais non pas négative, soit j'ai bien appréhendé la société et ma performance sera très nettement supérieure au CAC40 (j'envisage un doublement à un triplement du cours à horizon de 5-7ans, ce que ne fera assurément pas le CAC 40). La valorisation des actifs à un juste prix est gage de sécurité à moyen terme (une fois les conditions de marché revenues à la normale, et toujours elles y reviennent) quelque soit ce qui peut survenir (hormis une chute de l'audience dans la radio). Ainsi même si les nouvelles activités devaient échouer, NRJ vaudrait plus à terme qu'elle ne vaut aujourd'hui.

» Et sur un laps de temps d'un ou deux ans, tu vas suivre le cac.
Je pense plutôt que, techniquement, je suivrai avec levier, à la hausse ou à la baisse, les variations des "smalls and mids".
» Aussi si le cac va à la cave, NRJ la suivra (pas forcément moins vite).
Plus vite, il se pourrait bien, mais jamais que ponctuellement. La valorisation fondamentale et réelle des actifs (celle qui se fait par les acquisitions des acteurs économiques du secteur) ne peut pas se faire dans le cas précis de NRJ par le marché. La valeur réelle de NRJ est celle à laquelle M.Baudecroux pourrait vendre ses parts, s'il y consentait.

» La seule façon de s'affranchir de la tendance globale, c'est d'aller sur des smalls non contrôlées par des fonds.
Cela ne donne qu'une illusion de sûreté. Demandons l'avis à P.Bourdon, le spécialiste des valeurs illiquides. Il admit, il y a quelques mois, qu'il lui faudrait deux ans pour sortir de ses titres illiquides. S'il y était contraint maintenant (ce qui advient pour les smalls suivies par les fonds), il perdrait aussi assurément beaucoup. Or donc, ne pouvoir sortir à de bonnes conditions revient à être bloqué quelques mois. Admettons l'idée d'être bloqué quelques mois sur les titres suivies par les fonds et refermons la cote pour ne plus nous y intéresser quelques temps. L'attitude est fondamentalement la même. Hé bien , il y a fort à parier que d'ici deux ans, les smalls and mids qui ont baissé jusqu'à la dépréciation vaudront beaucoup plus que maintenant. L'illusion de valorisation que donne les cours est l'obsession de tous les inquiets qui ne peuvent pas éloigner leur regard de la cote sans angoisse. C'est l'attitude de tous ceux qui n'ont pas de jugement assuré. C'est l'attitude de tous ceux qui n'ont d'opinion que celle qu'ont tous les autres.
La performance de Nakama n'est pas représentative. Il a commencé à publier ses choix quand le marché d'alors était déjà très bas. Ses performances ont été amplifiées par la revalorisation puis la survalorisation d'entreprises secondaires, phénomène transitoire qui survient occasionnellement et qui a bénéficié à la fois de l'abondance de liquidité cherchant à se placer et d'un engouement que je considère excessif. Ses performances n'ont pas essuyé la chute préalable survenue après l'écroulement des valeurs technologiques. Il eut été intéressant de connaître sa performance durant cette période. Mais on l'ignore. Il apparaît provisoirement que ses positions, ces derniers temps, ont été au moins autant affectées par les conditions techniques du marché. On n'en peut, néanmoins, rien juger maintenant avec équité. On le pourra dans quelques mois.
Celle de Hervé tient à un point essentiel. Alors, les petites et moyennes entreprises étaient faiblement valorisées. Il existait donc des possibilités de réaliser de judicieux arbitrages en comparaison des bigs caps qui étaient quasiment toutes survalorisées. La situation, aujourd'hui, est différente. Les smalls and mids étaient, pris globalement, jusqu'à ces 8 derniers mois plus chèrement valorisées que les bigs. Il n'existait pas d'opportunité nette. C'est pourquoi nous n'avons observé personne qui n'ait réussi à reproduire les performances passées de Hervé dans des marchés en chute.

» Sinon tu prends la cote et tu Labrades. C'est la leçon de Labad attitude ;-)
Le temps le confirmera ou l'infirmera. Il est trop tôt pour porter un jugement définitif. Si les marchés se resaississent, Labadie, sur une période étale de quatre ans, sous-performera. Or, il est très difficile de deviner les momentums: quand entrer, quand sortir. D'où, sauf à penser que nous entrons dans une dépression (ce qui n'est jamais survenu depuis 1929) et non pas seulement une récession passagère (comme il ne manque jamais de survenir régulièrement), le positionnement de Labadie ne peut en rien nous éclairer. Il peut par contre nous prévenir et nous incliner à la prudence.
Je préfère suivre le sage d'Omaha qui, pour lors, n'a jamais fait cas de considérations macroéconomiques indéchiffrables, devrait-il cette fois-ci avoir tort ainsi que l'avait expérimenté une génération plus tôt son célèbre mentor.

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