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poursuite du débat contradictoire (Securibourse)

par labadie ⌂ @, Chaloupe St-Leu, La Réunion, samedi 16 février 2008, 15:34 (il y a 6121 jours) @ Graham

» Je reprends cette file sur la gauche pour plus de lisibilité.
» »
» Il y a tout de même de nombreux signaux en vert (même si j'en
» conviens, il représente le passé):

» -croissance mondiale encore soutenue
» -émergence d'une nouvelle classe moyenne dans tous les pays émergents qui
» prendra pour une part au moins le relais des économies occidentales
» défaillantes

Oui, pour la croissance mondiale soutenue c'est le passé. Les exportations représentent plus de 40% du PIB chinois...les émergents ne sont pas encore indépendant de la conjoncture dans les pays riches, loin de là !
OK pour dire qu'ils subiront moins fortement le choc que nous et repartiront plus vite.

» les signes positifs aux USA:
» -solde financier actifs détenus à l'étranger/dettes équilibré

Non, sur les avoirs US à l’étranger : la position nette est négative (il y a plus d’investissements étrangers aux US que d’investissement US à l’étranger) -> position fragile si les étrangers se retirent.
Et les actifs totaux des USA à l’étranger sont de 13,7 trillions de $, à comparer avec une dette totale de 49 trillions. Ils ne représentent donc que 28% de la dette totale.
http://www.bea.gov/newsreleases/international/intinv/intinvnewsrelease.htm

» -faiblesse durable du dollar qui soutiendra les exportations américaines
» et réduira les importations de l'étranger (en ce moment croissance des
» exportations industrielles de 14% et croissance seulement de 4% des
» importations, à ce titre si ces taux se maintenaient les comptes courants
» américains seraient équilibrés hors pétrole dans trois ans).

Dans un contexte de croissance artificielle par bulle de crédit, le déficit commercial est un signe positif et sa réduction est un signe négatif (les importations augmentent avec l'enthousiasme des ménages à consommer...quand ces importations cessent d'augmenter, c'est au contraire un mauvais signe)
http://research.stlouisfed.org/fred2/series/BOPBCA>cid=125
Le déficit commercial a atteint son maximum au pic du dernier cycle de croissance (2005-2006).
Je pense que le déficit commercial se contractera avec la récession à venir, comme il l'a fait lors des deux précédentes récessions (mais ce sera sans doute plus prononcé cette fois).

» -toujours un quasi plein emploi

Comme d'habitude juste avant chaque grosse récession:-P.
J'utilise précisément la figure en bottom sur le taux de chômage comme un signal de récession (dès que le bottom est fait et que la courbe commence à remonter, la récession est imminente).

» -des taux d'intérêts (artificiels ou non, c'est égal) très bas

Les baisses de taux de la FED depuis août n'ont eu aucun effet sur la dégradation en cours de la conjoncture.

» Que pourrait-on aussi prédire> La sous-évaluation du dollar, jointe à
» l'augmentation des volumes à l'exportation, peut très bien provoquer une
» explosion des bénéfices des sociétés américaines productrices
» exportatrices.

La bulle de crédit est mondiale, elle concerne aussi l'Europe et la plupart des pays développés. Il n'y aura ama aucune "explosion des bénéfices" parce que la demande des autres pays développés devrait aussi chuter.
Et les exportations des USA vers les émergents sont insignifiantes...même si elles croissent de 10, 20 ou 50% ça ne changera rien à la situation.
(70 milliards de $/an vers la CHine VS un PIB US de 15000 milliards environ !)

» Je pense plutôt que la hausse des spreads n'est qu'un juste retour à la
» normale et une meilleure appéciation des risques. Ce n'est
» pas pour autant que ces taux devraient plus encore beaucoup progresser.
» Pour cela, il faudrait que les risques paraissent plus franchement. Quels
» nouveaux risques à l'horizon (hors secteur bancaire)> Je ne vois pas.

-> Tous les risques classiques liés à une forte récession : faillites d'entreprises hors secteur bancaire par chute de la consommation, faillites de ménages, augmentation de la pression sur les banques et institutions financières en retour, et surtout hausse de l'aversion au risque des investisseurs...quand on regarde les spreads sur 50 ou 100 ans, on est encore très loin d'un pic en ce moment !

» pourrait nuancer un point de détail: sur x récessions réalisées, on
» pouvait en prédire deux fois x.

Faux signaux de récession : en combinant les signaux sur permis de construire + bottom sur taux de chômage + inversion, il n’y a eu aucun faux signal sur les 50 dernières années…au contraire, on peut « rater » des récessions.

» Ceci encore n'est que détail, je partage
» votre opinion d'une récession actuelle. Il survient régulièrement de
» multiples types de récession. La plus part sont anodines et vite effacées.
» Le mot "récession" ne doit pas à priori effrayer. Le danger est la
» dépression, une sorte de récession aggravée, pas seulement une récession
» passagère et somme toute ordinaire comme celle que je crois nous
» connaissons actuellement. Comment savoir, comment se convaincre du juste
» terme: ralentissement, récession, dépression> Pour ma part, je ne connais
» personne, nuls économistes émérites, nuls banquiers centraux, ni quiconque
» qui soit en mesure de déterminer l'amplitude dans les effets de la crise
» actuelle. Personne, d'ailleurs, ne le peut puisque, comme nous le
» convenons, ses effets dépendront pour une part importante des réactions
» des opérateurs aux nouvelles.

Pourquoi une dépression et pas une petite récession type 1991 > Tout simplement parce que les déséquilibres sont à des niveaux sans précédent connu depuis plus de 100 ans et supérieurs à ceux de 1929 : niveau de surendettement global, niveau de dépendance des économies vis à vis de la dette, surévaluation de l'immo, euphorie des acteurs économiques.
Et qu'ils concernent en même temps les USA, l'Europe et de nombreux pays développés...Dans ce contexte tout retournement de conjoncture revient à jeter un feu d'artifice dans un dépôt de carburant à ciel ouvert.
On ne corrige pas 20 ou 25 ans d'excès par un petit ralentissement tranquille !
Et quand une masse d'acteurs euphoriques qui a oublié toute notion de risque est prise à contrepied, sa réaction de panique est habituellement très violente.

» Or, j'ai essayé de le montrer un peu: le
» tableau n'est pas si tranché, plutôt mitigé. Des signes inquiètent,
» d'autres rassurent. Certaines économies sont fragilisées, d'autres
» croissent en vigueur. L'équilibre du monde change. Ce pourrait n'être que
» cela. En attendant, il tourne. Et rien n'indique avec évidence qu'il
» cessera de le faire.

1929 n'a pas été non plus la fin du monde...bien sûr que le monde s'en remettra cette fois aussi !

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