résolution de crise selon J-P Petit (Securibourse)

par Graham ⌂ @, jeudi 09 octobre 2008, 10:38 (il y a 5885 jours) @ Graham

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Jean-Pierre Petit (Exane BNP-Paribas) : « Le temps presse »
Les autorités politiques ont trop tardé à agir et nous sommes toujours en présence d'un risque global. Cette crise est d'abord la conséquence de la folie immobilière des années 2000 selon Jean-Pierre Petit, directeur de la recherche économique et de la stratégie d’investissement d'Exane BNP-Paribas.

Après la chute historique du Cac 40 lundi (-9,04%), la timide reprise mardi (+0,55%) n’a convaincu personne alors que les marchés repartaient à nouveau en forte baisse mercredi matin. L’inquiétude domine toujours, notamment à propos des banques européennes. La crise a t-elle franchi un nouveau palier >

Jean-Pierre Petit : Incontestablement, nous assistons à un perte générale de repères. Avec le « lâchage » de Lehman Brothers le 15 septembre, les autorités publiques américaines ont joué avec le feu et semblent depuis continuellement en retard sur les évènements. Remarque identique pour les autorités européennes, malgré les timides avancées obtenues lors du sommet du G4 le week-end dernier à Paris. Le "deleveraging" et les ventes de détresse expliquent l’essentiel de la baisse.

Doit-on redouter une crise bancaire majeure en Europe >

J-P.P : Certaines banques sont plus exposées que d’autres mais nous sommes en présence d’un risque global, potentiellement systémique. Le risque systémique concerne autant les établissements américains qu’européens. Il est particulièrement renforcé par les vecteurs d’accélération du stress que sont les dérivés de crédit, le "mark to market" et le fait que cette crise est multiforme, touchant une multitude d’acteurs et d’actifs.

Pourquoi le vote du plan Paulson n’a t-il pas réussi à rassurer les marchés >

J-P.P : Parce qu’il y a eu trop de précipitations, d’où notamment l’échec du premier vote et de nombreuses contestations. Même des experts avisés comme Bernanke (le gouverneur de la FED) et Paulson (le secrétaire d’Etat au Trésor) ont été pris de court. Maintenant, il faut attendre que la structure de défaisance se mette en place. Or, l’histoire montre que le temps perdu coûte très cher dans la résolution des crises bancaires. Plus on attend et plus l’addition sera salée. La crise bancaire japonaise a coûté 25% du PIB de l’archipel nippon car aucune solution globale n’avait été mise en place avant 1997/1998.

Faut-il également que la BCE baisse ses taux pour ramener la confiance en Europe >

J-P.P : La BCE aurait du baisser ses taux il y a un an. Aujourd’hui, les marchés demandent surtout une baisse coordonnée des taux entre les banques centrales des grands pays riches et, pourquoi pas, des pays émergents. Si cela ne suffit pas, d’autres mesures sont à prendre comme une nouvelle augmentation du bilan des banques centrales, un nouveau plan de relance budgétaire aux Etats-Unis ou d’autres mesures plus techniques (allègement des normes comptables par exemple).

Quelle stratégie adopter sur les marchés >

J-P.P : Je ne conseillerais pas aux particuliers d’intervenir dans cette conjoncture boursière. Ce sont des marchés de « panic selling ». Et la résolution de la crise sera laborieuse et lente. Sans compter que les semaines folles que nous avons vécues ne resteront pas sans dommages collatéraux sur l’économie réelle. Outre l’assèchement des marchés monétaire et du crédit, la confiance des entreprises et des ménages restera gravement détériorée par cette crise, ce qui va amplifier les comportements précautionneux de leur part.

Vous écriviez en septembre 2005 que la bulle immobilière constituait « une bombe à retardement » pour l’économie mondiale. La baisse du marché immobilier en Europe ne fait-elle que commencer selon vous >

J-P.P : A l’origine de toute cette crise figure bien sûr la bulle immobilière (Etats-Unis et de nombreux pays européens) qui n’aura abouti qu’à favoriser la rente, creuser les inégalités intergénérationnelles, fabriquer de la dette des ménages (et maintenant de la dette publique pour renflouer les pertes), du déficit extérieur tout en menaçant de faire imploser le système financier international. Avant de s’attaquer aux hedge funds, aux agences de notation ou aux parachutes dorés, la volonté de prohiber les bulles immobilières devrait constituer un objectif public prioritaire, ce qui impliquerait notamment que les banques centrales intègrent les prix immobiliers résidentiels dans leurs objectifs.

Propos recueillis par Julien Gautier

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