Merci pour cet Avis, Loïc. (Securibourse)

par Graham ⌂ @, dimanche 30 mars 2008, 13:00 (il y a 6078 jours) @ labadie
édité par Graham, dimanche 30 mars 2008, 13:03

Je n'accorde aucun crédit à Yves de Kerdrel. Depuis plusieurs mois, il ne cesse de prodiguer une suite de lieux communs qui ont tous été superbement déjoués. Je crois bien qu'il ne comprend rien à la crise actuelle. Je m'étais, il y a quelques mois, soulevé contre les conseils qu'il diffusait avec beaucoup de force comme éditorialiste du JDF (il est à l'achat fort depuis juillet sur quasiment tout).
J'accorde, par opposé, beaucoup de crédit à J-P Petit. Ses vues sont souvent pertinentes. Souvent, il nomme conceptuellement, parmi les premiers, ce que d'autres ne comprennent que confusément. Je crois retrouver dans ses avis les mêmes conclusions auxquelles je parviens. Je suis convaincu comme vous que toutes les conditions techniques d'une terrible dépression préexistent et sont là en puissance. A la différence et contrairement à vous que je ne crois pas que les conditions techniques suffisent à la réalisation de cette dépression. Le ressort d'une telle dépression me parait devoir être d'abord psychologique: les agents économiques doivent en être persuadés et paniqués. Or, ce n'est premièrement point le cas. Ensuite, personne ne veut s'en convaincre parce que cela nuirait à tous. L'économie obéit à des principes assez semblables à la guerre. Il n'importe pas d'être le plus puissant globalement. Il importe de disposer d'une concentration de forces aux points les plus sensibles pour vaincre. Or, encore une fois, c'est ce que j'observe. Tous les grands agents concentrent leurs moyens vers un même point: la préservation du système financier mondial. Je crois qu'il le sera. D'ailleurs, il me semble que vous-mêmes concéder volontiers qu'il peut être sauvé sans trop de difficultés. Reste la possibilité ou non de consommer et d'investir des agents. Ce qui revient à envisager la possibilité ou non d'au moins entretenir la production de biens et services américaine et plus globalement mondiale actuelle. J'observe assez peu de dépendance des entreprises envers le système financier. Je n'observe pas comme vous au niveau des individus une si grande précarisation qui induirait un fléchissement fort de la consommation. Pareillement, pour qu'il y ait baisse sensible de la consommation, il faudrait que les individus y soient contraints. On ne change pas des habitudes acquises sur une vie sauf nécessité. Je n'observe pas une telle nécessité, sauf pour quelques agents trop imprudents les dernières années. Le crédit hypothécaire préservé aux USA, ce qu'il semble pouvoir être, le système financier sauvé, les marges des banques restaurées, des intérêts de prêts à la consommation abaissés, tout cela me parait pouvoir conduire à au moins la stabilisation de la consommation des agents et donc à la préservation du fonctionnement du système globalement. J-P Petit a défini le fonctionnement du capitalisme patrimonial mondial comme reposant sur le principe d'économies de bulles. Je le rejoins dans sa conclusion provisoire. Par opposition, je suis persuadé que force fait inéluctablement nécessité à la fin et donc que la crise actuelle est prémisse d'une plus grande qui surviendra plus tard: celle que vous concevez. Notre différence tient en ce que vous la pensez inévitable actuellement quand je pense plutôt que cette économie de bulles peut-être perpétuée quelques nombreuses années. Je finis sur un point qui tempérera votre réaction à l'égard de l'analyse de J-P Petit: il a malgré tout admis la possibilité importante d'une crise systémique dès aujourd'hui, même si ce n'est pas son scénario principal.

Bon W-E.

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