quelques précisions nécessaires (Securibourse)

par Graham ⌂ @, dimanche 11 mars 2007, 16:21 (il y a 6411 jours) @ verolle

Cette remarque, Verolle, est parfaitement justifiée.

Elle met en évidence toute la grande prudence qu’il faut garder à l’égard d’une société qui présente un tel risque sur la continuité de son exploitation.

L’évaluation des conjectures, particulièrement en ce qui concerne des facteurs étrangers impossibles à maîtriser, est chose très délicate. Il a bien fallu pourtant s’y essayer. Il m’a paru nécessaire d’envisager le pire et d’essayer de l’estimer le plus prudemment qu’il convenait. C’est la raison pour laquelle j’ai établie une estimation haute du risque dans le pire des scénarios qu’il était possible d’imaginer. De la même manière, j’ai amoindri l’espérance de gain afin de la soumettre au mieux qu’il me paraissait convenir aux règles de prudence. Ces estimations sont celles que je propose au public, non celles que j’applique personnellement.
A titre strictement privé, j’ai considérablement sous-évalué ce risque et fait le pari d’une bien plus faible probabilité de réalisation. De la même façon, je surévalue mes chances de gain. Ce qui modifie radicalement les calculs d’espérance. Or, ce parti pris délibéré ressort d’une démarche strictement privée qui consiste à assumer une part de risque plus élevé pour accroître ses possibilités de gain. Cette démarche dévie des règles d’investissement conventionnelles et pour cette raison n’est pas recommandable. Je distingue dans le choix d’investissement deux démarches à visées différentes. La première consiste à traiter le mieux possible et le plus rationnellement l’information brute qui existe. La seconde consiste à tirer parti des conclusions précédentes pour adapter ses décisions à son goût ou à son aversion du risque. Ce dernier point ne vaut que dans le cadre d’un choix d’investissement privé et jamais dans le cadre d’une évaluation publique puisque en dernier lieu il ne dépend que de sa propension ou de son aversion au risque, ce qui reste d’ordre strictement individuel. Ainsi ma position ne ressort pas d’une logique de gestion patrimoniale prudente. Celle-ci consisterait à gérer et à proportionner équitablement son portefeuille en de nombreuses lignes diversifiées. Ma démarche consiste à investir et à accompagner à long terme des entreprises dont j’apprécie le potentiel et le modèle économique. Cette démarche s’apparente à une sorte de capital-risque. Le risque y est bien évidemment plus considérable. Cette attitude correspond à mon caractère qui mêle étrangement rationalité et audace. Cette attitude m’a déjà valu quelques cuisantes déconvenues. Ainsi, il y a un peu plus d’une dizaine d’année, à deux reprises j’ai perdu l’intégralité de ma mise initiale et j’ai été contraint de recommencer ma vie de zéro. Par opposition, cette démarche m’a valu également mes plus grands succès, c'est-à-dire la constitution de mon patrimoine à partir de rien, dont des petits salaires, en seulement dix ans. J’entends bien devoir dans quelques temps me soumettre, comme les amis Hollande et Royal, à la dureté de l’ISF. Mais je ne procéderai pas à leur façon. D’ici là, je me serai retiré bien au loin pour fuir les atteintes irrésistibles de la démagogie. Cette digression mise à part, et pour revenir à l’objet de cette réponse, ce procédé n’est nullement à recommander ou à conseiller. Nous savons tous la grande difficulté et l’imprécise fiabilité de ce genre d’évaluation qui demeure largement intuitif.
Pour revenir aux évaluations que j’ai faites sur Acadomia, le risque de perte total est réel, bien qu’il me semble largement surrévalué. La limite à 25 € correspond au coût de l’émission de nouvelles actions pour ceux qui en bénéficieront lors de l’augmentation de capital qui me paraît la plus probable (soit l’émission d’environ 500.000 actions nouvelles sur la base de 500.000 bsars à prix d’exercice de 23 €, attribués préférentiellement aux membres de la direction qui en auront fait l’acquisition préalable lors de l’émission des 10 m€ d’obsars destinées au financement de la croissance). La limite de 35 € correspond à mon estimation de la valeur actuelle de la société (soit 10 fois le dernier résultat d’exploitation corrigé des surinvestissements publicitaires (7,5 m€) + la trésorerie excédentaire (8m€), le tout rapporté au nombre d’actions existantes (environ 2,5 m) ; ou encore 10 fois le dernier résultat d’exploitation corrigé auquel on aura rajouté un surcroît de résultat de 1,5 m€ correspondant aux résultats des nouvelles affaires qu’aura financé l’AK ainsi que la trésorerie excédentaire, rapporté au nombre d’actions probables (environ 3 m). Je n’ai par contre ni évalué les bénéfices futurs ni fixé de limite à leur progression. C’est pourquoi j’ai estimé que le cours de l’action pourrait dépasser la valorisation fondamentale actuelle de 35€ que j’ai faite sur la seule base des de critères économiques de la société. En effet, négligeant les effets marginaux de la concurrence légale sur ses marchés et considérant que la seule importante concurrence était celle du travail irrégulier, j’ai considéré que les résultats devraient continuer à croître au moins proportionnellement à l’ensemble du secteur (soit entre 5% et 10% pour les cinq années à venir). De toutes ces conjectures, il ressort une marge d’appréciation considérable pour le titre Acadomia, une fois ses qualités mises en lumière et le risque concernant la fiscalité levé. C’est l’option que j’ai choisie, mais elle ne se départ pas d’un risque certain et assumé. Enfin, concernant l’option de n’investir dans le titre Acadomia qu’à l’issue de l’élection présidentielle, c’est une position parfaitement sage et mesurée pour qui veut absolument fuir tout risque. En contrepartie, une partie de la hausse du titre sera perdue. Cette contrepartie rémunère l’excèdent de risque actuel. Ce choix reste parfaitement sain et pondéré. Il ne dépend en définitive que de l’aversion individuelle de chacun au risque. C’est probablement aujourd’hui dans une logique de gestion patrimoniale prudente le meilleur choix qu’il convienne de faire. Mais comme je l’ai dit plus haut, pour ma part, j’obéis à une démarche différente.

Je pense avoir répondu sur le fond à toutes vos interrogations. Ces questions étaient judicieuses. Elles m’ont permis de clarifier au mieux ma propre position tout en évitant d’altérer l’opinion de ceux qui me liront.

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Graham


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