NRJ : au-delà des chiffres (Securibourse)
Bonjour à tous,
Pardonnez ma lenteur à répondre. Jétais en déplacement professionnel et je disposais de peu de temps pour consulter le forum. Merci dabord pour vos commentaires qui témoignent votre intérêt à mon égard. Quelques commentaires mont amusé et fait sourire. Jobserve un lieu commun : lassurance que les cours boursiers sont un reflet juste de la réalité économique de la vie des sociétés, et dautre part, que la vérité émanerait systématiquement des sanctions boursières provisoire du marché, quelles fussent positives ou négatives. Permettez-moi de réaffirmer ne pas partager ces opinions et de conserver une assise sereine. Avant daborder un peu nrj, jaborderai un peu mes performances passées et signalerai derechef sommairement quelques uns des principes qui font ma méthode.
Depuis mai 2007, soit ma meilleure performance, ma performance réelle est négative denviron 28%, soit environ 5% de plus que le CAC 40 et environ autant du mid and small 190 que je prends comme référence préférentielle. Je suis investi en actions à presque 100% de mon patrimoine depuis environ 3 ans. Je le resterai les prochaines années malgré lenvironnement économique dégradé. Depuis début 2007, ma performance est positive denviron 35%, ce qui dépasse largement ce quont fait les indices et ce dont beaucoup pourraient se targuer. Il y a 13 ans, jétais pauvre, sans emploi, sans domicile, sans patrimoine, ni revenu, ni assistance. Etant parvenu à trouver un travail mal rémunéré, pour pouvoir me constituer un capital, jai travaillé comme un forcené pendant près de trois ans avec une moyenne dheures de travail mensuelle comprise entre 250h et 280h. Mon capital initial constitué, jai réfléchi à le valoriser au mieux, en partant de connaissances totalement nulles dans le domaine. En huit ans, à la suite dinvestissements immobiliers puis dinvestissements boursiers, en plein crash quand tous soccupaient à vendre pendant que jachetais à des prix dépréciés, mon capital a été multiplié par plus de 6 (par 9,5 à mes plus hauts). Mon patrimoine représente aujourdhui plus de 15 années de mon salaire actuel. La chance du joueur ma donc souvent souri. Elle le fera encore dans lavenir. Je nen doute pas. Ma méthode est toujours la même. Elle consiste à identifier des actifs dépréciés, à les acheter quand personne nen veut, à oser la concentration si la réflexion me conduit à penser avec un degré de certitude assez important que le rapport de probabilité entre le risque de perte et le risque de gain est disproportionné en ma faveur. Le risque ne réside jamais dans la concentration tant que lon sait ce que lon fait. Plutôt le risque primordial consiste dans la mauvaise compréhension des choses que lon fait. Que lon soit investi avec 5 lignes seulement, 10 lignes, 20 lignes ou même 100, on nen est pas plus diversifié. Jexagère le trait volontairement. Avec cinq titres bien appréhendés et aux secteurs très différents, on est mieux diversifié quavec 40 titres que lon comprend mal. Cest pourquoi les indices font à peine mieux que moi depuis 1 an et bien moins depuis 8. Je suis toujours autant confiant dans ma capacité à surperformer dans la durée nettement les indices et dans ma capacité à gérer au mieux mes intérêts. Les mouvements de cours qui affectent le titre NRJ ne mébranlent pas. Je ny vois guère plus que mécompréhension et conditions techniques des marchés dégradés. Mon objectif étant assez lointain, il est normal que ma performance à court terme sur NRJ soit volatile et provisoirement le fait de lémotion et/ou de la volonté dautrui, par exemple les contraintes techniques défavorables qui affectent actuellement les fonds gênés par la crise. La volatilité est alternativement favorable ou son contraire, cela quelque soit la justesse de lopinion. Ceci est le fait normal des marchés boursiers. Quelquefois on en profite vite (Acadomia lan passé), quelquefois on en pâtît provisoirement (NRJ aujourdhui). Cest la règle. Hé bien, jy consens tout à fait sans réserve, tant quà la fin je my retrouve avec gain. Je ne mesure pas ma capacité à surperformer à lexcès des réactions des autres agents économiques. Ce serait déraison ou panurgisme. Non, les cours boursiers ne sont pas systématiquement un reflet juste de la réalité économique des sociétés. Ainsi, ces cinq derniers mois, jai perdu virtuellement un peu plus de 5 années de salaire. La perte pourrait sembler considérable. Beaucoup, sans doute, y réagirait fort mal. Je ne suis pas trop troublé, étant parfaitement conscient que mes choix dinvestissements impliquent une volatilité élevée, tantôt favorable, tantôt défavorable, compensée par un potentiel accru. Lessentiel nest pas dans les cours. Les cours sont le reflet de limagination de la multitude. Lessentiel réside dans leffort de lucidité et de compréhension de ce qui est, et dans la justesse des approximations anticipatrices. Je sais ce que je fais.
Passons à NRJ.
Au risque de paraître provocateur, ou de laisser daucuns croire que je me persuade à la façon de Coué, je considère le résultat opérationnel, en forte baisse à 35 m, plutôt quà 43 ou 44 m comme attendus par les analystes, comme assez anecdotique. Tout cela était dans lordre du possible, même, si jen conviens, jespérais mieux. Détaillons.
Le ROC des radios françaises baisse nettement de 40% environ à 67,7 m sous leffet conjugué de la baisse générale du marché publicitaire du média radio, du fléchissement daudience, daugmentation des coûts publicitaires pour relancer laudience, daugmentation des frais généraux pour mettre en place une structure adaptée au changement de format du groupe. Lopinion commune affirme le déclin du média radio au profit dInternet et le déclin daudience des chaînes musicales au profit des webradios. Toutes les études montrent le lien étroit qui unit la radio à Internet et la communauté de clientèle de ces deux médias. La réactivité du média radio, lutilisation encore intensive quen a la population en fait un média pérenne malgré sa baisse conjoncturelle et passagère qui tient beaucoup à la fois à la mode (préférence passagère dautres médias) et à la situation économique actuellement dégradée. Passées ces variations, irrégulières comme lest toute activité économique, le chiffre daffaires et les résultats devraient retrouver les années prochaines un niveau normatif de 80m à 110m. La concurrence à terme des webradios présente un risque réel. Cest pourquoi le groupe a considérablement augmenté le nombre de celles offertes au public internaute. Il est remarquable de noter que peu dautres radios ont jusqualors réalisé pareils investissements. La diversité et la spécificité de toutes les webradios proposées par le groupe devraient suffire à satisfaire toute sorte dauditeurs. Aussi, jimagine plutôt à terme une complémentarité des activités tirée des radios traditionnelles et des nouvelles webradios qui permettra la préservation des revenus provenant originellement des seules radios. Cependant, je suis parfaitement daccord pour reconnaître le risque important à terme de désaffection de lauditorat dnrj au profit dautres groupes, comme RTL, Virgin ou Skyrock par exemples. Cela me parait le risque majeur. Par contre, il ne me paraît pas évaluable. Aussi, seules les variations daudience ces prochains trimestres seront de nature à me faire reconsidérer ma position sur la capacité du groupe à pérenniser ces revenus traditionnels. Mais que les revenus baissent provisoirement ne minquiètent pas plus que cela. Ceci est connu depuis plusieurs mois. Il me semble utile de rappeler la valeur vénale que pourrait représenter les radios françaises. TF1 a crû récemment y trouver un moyen de se diversifier. Les seules radios françaises devraient pouvoir se vendre, malgré les conditions dégradées actuelles, au moins 700-800 m.
Je névoque pas les radios étrangères. Leur importance est pour lors négligeable et marginale. Ce qui ne sera plus le cas si la marque de nationale seuropéaniserait. Ce qui nest pas impossible à échéance longue.
Abordons Internet. Le groupe a pris du retard. Cest indéniable. Néanmoins, les visites uniques sont loin dêtre négligeables et leur potentiel daugmentation important bien que nallant pas de soi. Tout dépendra de lattractivité de certains nouveaux sites, comme le portail communautaire (imitation du skyblog), nrjstudios, etc. Les concepts ne sont pas forcément novateurs mais il reste suffisamment de place pour un nouvel entrant. On néglige la force de la marque auprès de nombreux jeunes encore. Les sites devraient rapidement accroître leur fréquentation.
Venons-en à la téléphonie. Que nentend-on pas sur cette activité qui, pourtant, devrait rendre à tous évident lopportunisme du groupe. Ainsi que je le disais depuis quelques mois, ce que confirme aujourdhui le DG du groupe dans sa présentation aux analystes, NRJ na jusqualors rien déboursé pour la développer. En effet, seul son partenaire, le CM-CIC, pour entrer au capital a avancé 90 m pour les premiers développements. A ce jour, NRJ Group est propriétaire pour moitié dune base de clientèle, non négligeable, même si elle nest pas encore rentable, sans avoir rien payé. Cest dire donc que la marque NRJ a une certaine valeur (pour qui veut bien comprendre au-delà des idées reçues immédiates). Le groupe décidera au cours des mois prochains, et selon la progression du nombre dabonnés, sil investira en capital ou non. Cest remarquable. Les risques sont considérablement amoindris pour un bénéfice hypothétiquement appréciable. Bien évidemment, les analystes sattarderont à relever les effets sur le ROC global sans accorder dimportance à ce que signifie vraiment les deux profits de dilution dues à lentrée au capital du CM-CIC dabord à hauteur de 10% puis de 40 autres %. Quelle négligence ! Penser aussi que ce nest pas pour rien que la direction a choisi de publier pour la première fois la faiblesse des revenus tirés de cette activité. Elle sait la marge de progression et leffet dannonce quen son heure cela provoquera.
Abordons le développement dans la TV. Là encore, on remarque la faiblesse des propos communs. Cette activité a à peine deux ans et on la voudrait déjà rentable. A-t-on déjà oublié combien de temps a mis M6 avant dêtre rentable, ou encore jadis Canal + > Il semblerait. On ne voit encore que les effets immédiats sur le ROC et on oublie quen comptabilité, des investissements peuvent apparaître en charges quand la réalité économique en fait des immobilisations non comptabilisées, bien que réelles. Ces charges initiales forment les survaleurs incorporelles de demain. Cest exactement pareil que ce que jaffirmais lan dernier pour Acadomia et qui depuis a été avéré. Lambition du groupe est de parvenir à une part daudience de 3% pour NRJ12 au moment de la généralisation de la TNT. Lobjectif est modeste et sera sans difficulté dépassé. Il suffit par règle de trois, augmentée dune décote importante de précaution, de calculer proportionnellement sur la base des résultats de M6 ce que seront les résultats prochains de la nouvelle chaîne. Oublie-t-on encore combien sont convoitées ses chaînes et combien elles risqueront dêtre valorisées par dautres grands groupes lors de la première consolidation du secteur > Il y un an les analystes valorisaient lautorisation démission des nouvelles chaînes TNT à au moins 100m chacune. Il est indubitable que cela vaut au moins cela, rentable ou pas. Lautorisation démission sur Paris a également une valeur vénale immédiate avant même aucun développement.
Quen est-il de lactivité de diffusion, TowerCast > Formidable future machine à cash une fois les importants investissements nécessaires réalisés. Doù la nécessité de partenariat. On ne doute pas que le groupe saura trouver aisément un partenaire industriel sans négliger son intérêt. Là encore, on ne perçoit pas que la rentabilité dexploitation est obérée par des investissements comptabilisées en charges, qui plus tard disparaîtront pour permettre une rentabilité très élevée, favorisée par la quasi absence de concurrence . Lan dernier, les analystes valorisaient TowerCast a environ 80m.
Jévoquerai à peine le hors médias. Rien de plus irrégulier. Pourtant, à intervalles plus ou moins espacés, ceux-là gonflent les résultats de lensemble.
On le voit, le cours de laction est déconnecté des fondamentaux. Les raisons en sont simples. Manque de profondeur dans la vision de ceux qui observent (analystes ou autres). Compréhension réduite. Panurgisme commun aux marchés financiers. Etroitesse du flottant du groupe qui a pour conséquence immédiate, une volatilité accrue, correspondante aux difficultés de toutes les sociétés de gestion de fonds pour arbitrer en période de sortie importantes de capitaux à gérer. Les gérants vendent pour faire des liquidités. Comme les perspectives des performances financières à court terme ne sont pas fameuses, les fonds préfèrent sortir dun titre que rien ne soutient à court terme et qui amplifie les effets de la crise. Tout cela nest que conjoncturel. Si NRJ réussit dans son plan de développement, son cours quadruplera par rapport à ses plus bas à horizon de 7-8 ans. Si NRJ échoue (ce qui reste aussi envisageable), le cours, passée la crise financière, retrouvera une valorisation adéquate à sa position dans le marché radio, soit environ le double de sa valeur actuelle. Le pire serait une désaffection de son public traditionnel. Cela est possible. Mais de loin, cela nest en rien pour lors vérifier. Le risque réel est faible et le potentiel est important. NRJ constitue au cours actuel une magnifique opportunité dachat, avec un rendement appréciable permettant dattendre le développement des nouvelles activités.
Il faut savoir prendre un peu de hauteur et reconnaître ses erreurs. Sans doute, ai-je été trop vite enthousiasmé par le potentiel important de la société. Jai fait preuve dun manque de compréhension important dans les ressorts techniques et psychologiques qui pourraient affecter lévolution du cours à court terme. Je nai point su me rendre compte que tout disposait à la poursuite de la chute du titre et jai investi trop tôt (pru de 9, investissement représentant environ 35% de mon patrimoine). Je manquerai par cette négligence une grande part de la hausse. Erreur de précipitation. Je ne regrette néanmoins aucunement ma concentration en ce titre parce que je convaincu (par Coué ou pour dautres raisons plus valables, quimporte !) quil présente bien des signes de linvestissement remarquable : risque faible pour potentiel important. Jaime cet esprit dentreprise que le marché considère comme une succession derreurs stratégiques. Je finis par quelques points qui restent, quoique lon puisse dire vrais. La société reste rentable. Elle a une situation financière très saine qui lui permet dinvestir pour une bonne part de façon autonome sans avoir besoin ni du marché ni des banques. La direction est honnête, opportuniste et je dirai même compétente malgré quelques errements de débuts inévitables. Nrj traverse ce que son DG nomme justement une crise de croissance. Et comme chacun sait, ce qui ne tue pas rend plus fort. Jose croire que Bimbo saura être équitable si dans quelques années ma vue savérait juste. En ce cas, jespère un éloge à Coué !
Cordialement et bon W-E.
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Graham
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