2 façons d'aborder la récession (Securibourse)

par Graham ⌂ @, jeudi 07 août 2008, 14:24 (il y a 5948 jours) @ labadie
édité par Graham, jeudi 07 août 2008, 14:30

Dans une optique de récession qui semble aujourd'hui avérée, on peut concevoir les choses selon deux façons:
-soit, on se focalise sur ce que les opérateurs feront à court et moyen terme. Supputant une baisse des résultats, dont très peu sont capables de mesurer l'ampleur, on présage que les opérateurs tendront à vendre et que la liquidité sera toujours moindre sur les marchés. Aussi, on vend pour demeurer liquide ou on achète des produits baissiers. Cette attitude est spéculative car elle se fonde sur une interrogation à la réponse assez inconsistante et volatile: que feront les autres dans un proche avenir> Sauf à être adepte de la théorie des marchés efficients et à croire que les raisons du marché sont toujours en adéquation parfaite avec la réalité.
-soit, on ne tient pas un compte aussi alarmiste des sombres présages et on profite de la bassesse des valorisations pour investir à un horizon long, voire très long, indéterminé. En effet, quelles seront les répercussions sur le résultat des sociétés> A cette question, peu sont capables de répondre. Beaucoup, par opposition, sont capables de s'effrayer outre mesure. Et, c'est là, selon moi, une des raisons des dépréciations boursières les plus flagrantes. L'investisseur voit dans les excès à la baisse de la valorisation des sociétés de remarquables opportunités d'investissements. Il croit que récession ou pas, le monde ne s'arrêtera pas de tourner, ni les affaires de se conclure. Il ne s'agit pas de faire preuve d'un optimisme beat et niais et de nier la réalité des difficultés qui s'annoncent. Il s'agit de limiter les excès de l'imagination et d'appréhender grossièrement le degré de risque. Quand on suppose, et le calcul qui fonde cette opinion sera toujours très grossier, que les valorisations offrent un degré de sécurité important au regard de ce qu'il est raisonnable de craindre, on se lance. Cette attitude relève de l'investissement. Elle ne se fonde pas sur le comportement futur d'autrui. Elle se fonde sur la croyance que ce qui est utile continuera à se vendre et ne pourra décliner que le temps d'un cycle pour croître de plus bel par après, ainsi que font les choses humaines depuis toujours.

Cette considération est volontairement généraliste. Bien évidemment, elle ne cherche pas à suggérer que tout achat d'action serait un investissement par opposition à la vente de produits baissiers. Elle ne nie pas non plus l'utilité de produits baissiers dont on se servirait comme assurance. Elle suggère que de nombreuses sociétés de qualité sont à des prix très abordables qui permettront les rendements superbes de demain. Bien entendu, je n'ai pas signalé ce qu'était une société de qualité. C'est un autre sujet. Chacun avec ses connaissances s'en fera une opinion. Il s'agit en effet de déterminer quelles seront les sociétés qui résiteront le mieux à la forte crise dont nous aurons à pâtir, et quelles seront celles qui en sortiront renforcées. Toutes ne sont pas égales, loin de là et certaines, nombreuses, sont vouées à disparaître à horizon seulement moyen. Ce travail de recherche est difficile et tout à la fois passionnant. Celui-là seul devrait nous obséder plutôt que la supputation hasardeuse de tel ou tel comportement des marchés ou de telle ou telle statistique dont personne n'est en mesure de déterminer l'implication et les conséquences éventuelles. La différence du spéculateur et de l'investisseur tient grosso modo de celà. L'un suppute l'incommensurable (comportements des autres, statistiques macro, etc.), l'autre se focalise sur la vie des sociétés, leurs qualités et leurs difficultés.

Choisis ton camp, camarade!

--
[image]





Graham


Fil complet:

 Fil RSS du sujet

powered by my little forum