marier les contraires (Securibourse)

par Graham ⌂ @, lundi 28 juillet 2008, 18:17 (il y a 5958 jours) @ jmp
édité par Graham, lundi 28 juillet 2008, 20:56

J'ai beaucoup d'admiration et de respect pour les travaux de Malkiel. Il a donné la meilleure stratégie que la plus grande part des investisseurs sont en mesure d'obtenir soit: l'investissement programmé dans un indice large. Buffett a recommandé la même chose. Ben Graham aussi. Mais on le sait moins.
Mais comme nous nous croyons toujours meilleurs que nous ne sommes véritablement, nous ne nous contentons guère des résultats honorables de cette saine stratégie. C'est pourquoi nous investissons nous-mêmes directement, espérant de meilleures rentabilités que celle du marché: présomption dangereuse mais ô combien fascinante.
Malkiel, connaissant que sa méthode satisferait peu, dans un chapître de son livre phare - "A Random Walk Down Wall Street" - a consenti à recommander des outils pour la sélection. On y trouve les ingrédients rudimentaires du stock picking dans la valeur que Ben Graham auraient approuvé. Buffett aurait pensé, je l'imagine, que ceux-là étaient un moindre mal. En effet, ces ingrédients supposent le souci d'une marge de sécurité protectrice.
En fin de compte, je trouve beaucoup plus de points communs que de divergences entre les deux. Mais l'un obtient des résultats quand l'autre défend un système. Tous les penseurs sont en la faiblesse de leur système sournois. Et Malkiel n'y échappe pas. Car à la réplique pertinente de Buffett sur les investisseurs de "Graham&Doddsville", il ne répondit jamais rien. Or cette réplique touche là où sa thèse défaille.
Ce point de vue n'enlève rien à la qualité de la pensée de Malkiel. Son livre devrait être médité par tous ceux qui se professent investisseur. Je dirai plus encore, ce livre m'a plus marqué encore que tous les écrits sur Buffett. Car enfin, il importe de connaître ses limites. Malkiel les pose magistralement. C'est en quoi il est un penseur éminent dans le domaine de l'investissement. Mon erreur, s'il en est, est de n'avoir pas voulu admettre ce poids lourd de la fatalité ou du hasard dans ma vie propre. Je veux éprouver au maximum ma liberté et assumer mon destin. En matière d'investissements, aussi. C'est pourquoi je continuerai, peut-être comme le malheureux Sisyphe, à sélectionner moi-même en ne me fiant, autant que je le peux, qu'à ma capacité de raisonnement. C'est sans doute folie ou bêtise. Mais Malkiel est trop désespérant. Je préfère me tromper mais au moins essayer.

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