compléments (Securibourse)

par Graham ⌂ @, jeudi 23 août 2007, 14:17 (il y a 6297 jours) @ Graham
édité par Graham, jeudi 23 août 2007, 14:25

Vos remarques sont gentilles. Il faut relativiser cependant. Cela reste du bla-bla.
On aurait pu tout aussi bien poser comme hypothèses :
-croissance du CA sur 5 ans de 10%
-marge d’exploitation à l’issue : 15,5%
-les autres termes (réduction de capital, dividendes, taux à LT, prime de risque, endettement net) inchangés
On aurait eu pour résultat un retour sur investissement de 206€, soit une rentabilité brute annualisée de 17,7%
Ou bien encore comme autres hypothèses :
-croissance du CA sur 5ans de 8%
-marge d’exploitation à l’issue de 14%
-endettement net, dividendes, réduction de capital inchangés
-taux des obligations à LT : 6,0%
-prime de risque : 3,5%
Ceci afin de prendre en compte, les risques de ralentissement de l’activité en raison des incertitudes actuelles. Le résultat est bien différent : 110€ par action soit une rentabilité brute annualisée d’environ 4%.

Or, il est impossible d’anticiper avec exactitude à cette échéance, le taux de croissance du CA ainsi que la marge d’exploitation et moins encore le taux des obligations à LT à cette échéance et le niveau de prime que voudra bien mettre le marché alors. La plage de résultats prévisionnels est large, d’un gain de 110€ par action à un gain de 206€ par action. Il y a fort à parier que nous nous siturons à l’intérieur avec une probabilité plus élevée vers le haut de cette plage. On dira qu’avec de tels écarts, on ne peut pas prendre de décision fiable. C’est vrai si l’on raisonne à court ou moyen terme (en deçà de cinq ans) parce qu’à des échéances si réduites les influences exogènes à la société (comportement du marché : prime de risque attribuée aux actions comparativement aux obligations, déception/satisfaction particulières sur tel titre précis) produisent des effets au moins aussi importants sinon plus que ceux issus des résultats. A plus LT, ces influences exogènes ont tendance à être lissées. Bien évidemment, il est encore plus malaisé d’essayer de projeter ce que sera l’état de la société à une échéance plus éloignée. La plage de résultats devra être élargie. A contrario, la marge d’effets exogènes sera réduite, on pourra l’estimer autour de 30% de part et d’autres des estimations que nous auront faites (prenant bien en compte qu’à LT, il est plus fortement possible que les taux longs et les primes soient augmentés, donc que nous soyons dans le bas de cette plage). De cette façon, à très long terme, la rentabilité du placement tendra vers celle des capitaux propres de la société avec une marge d’erreur de +/-20%. Dans le cas d’Air Liquide à horizon de 10 ans, en supposant la perpétuation d’une rentabilité des fonds propres de 15%, on peut estimer sans grand risque d’erreurs que la rentabilité de son placement à 10 ans oscillera entre 12% et 17% par an à cette échéance. Ce qui est appréciable. On saisit, pour l’investisseur prudent, l’intérêt du placement dans Air Liquide :
-l’activité est en croissance régulière et est peu sensible aux aléas macroéconomiques
-la valorisation de la société est élevée mais offre de bonnes garanties à échéance courte (5ans) pour des perspectives de rentabilité à LT (10ans et plus) appréciables (12% à 17% par an)
On pourra rajouter toutes les autres qualités propres à la société (actionnariat stable et fidèle, respect des minoritaires, bilan sain, marges importantes, communication excellente, etc.).
Le risque sur Air Liquide n’est quasiment qu’un risque de marché consécutif aux comportements imprévisibles des acteurs de ce marché (investisseurs, banques centrales). Ce risque peut avoir des effets maximaux à échéance courte (en deçà de cinq ans) mais se trouve résorbé à plus LT.

J’ai voulu illustrer par cet exemple combien le risque action sur des échéances courtes (inférieures à 10 ans) pouvait être considérable. Il dépend essentiellement de phénomènes exogènes imprévisibles (niveau de prime de risque, niveau des obligations à LT). Plus les multiples de capitalisation sont élevés et plus le risque est grand sur de telles échéances. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas payer cher ce qui est de qualité. Il est concevable de payer à un fort multiple des sociétés présentant des qualités exceptionnelles (se souvenir de Microsoft, Google, etc. il y a quelques années). Cela signifie seulement qu’à horizon de cinq ans, en raison du contexte (risque de ralentissement mondial, risque de hausse des taux, risque d’augmentation des primes de risque), il convient d'être très circonspect envers les sociétés affectées de forts multiples dont les résultats et les prévisions ne sont qu’hypothétiques. De très fortes corrections sur certains titres, dont quelques uns souvent cités sur les forums boursiers, sont encore à attendre. J’ai tendance à croire que le marché à court et moyen terme tendra de plus en plus encore vers la qualité et effectuera des arbitrages abrupts. Il est également envisageable à échéance moyenne que l’ensemble du marché voit ses primes de valorisation abaissées. Ce qui peut avoir une légère incidence sur la catégorie action à moyen terme , compensée par les effets de la croissance, mais n’aura aucune incidence à LT. Volontairement, dans tout ces commentaires, j’ai omis d’évoquer la possibilité d’un fort ralentissement, voire même d’une récession. Il faut garder à l’esprit que ces possibilités sont envisageables et, qu’elles se réalisent ou non, elles continueront d’affecter à échéances courtes et moyennes l’ensemble du marché.

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