Se préparer à une assez longue période d'instabilité. (Securibourse)
15-06-2007 INVESTIR Hebdo
Se préparer à une assez longue période d'instabilité.
Depuis le 4 juin, les marchés boursiers sont entrés dans une phase plus
difficile. Cette semaine, ils ont fait preuve dune belle résistance, mais il
ne faut pas se leurrer : la remontée des taux dintérêt risque de provoquer dautres secousses dans les prochaines semaines. Dans ce contexte, il est
conseillé de rester vigilant et de ne pas hésiter à procéder à des arbitrages
en faveur des titres les mieux armés pour traverser les turbulences.
La forte remontée des taux longs risque de perturber durablement les marchés
Lannée 2007 sannonçait agitée; elle tient ses promesses. La première secousse, fin février, avait été provoquée par une sévère correction des Bourses chinoises et par des avertissements dAlan Greenspan, lancien président de la Réserve fédérale, sur les risques dun fort ralentissement aux Etats-Unis dans le sillage de la crise immobilière. Le recul des marchés entamé le 4 juin présente quelques caractéristiques semblables : on retrouve une brutale correction des Bourses chinoises qui, cette fois, a été accueillie avec un certain flegme et, surtout, une remontée des taux dintérêt, qui, elle, a été prise au sérieux. Une fois encore, les Etats-Unis sont en première ligne. La remontée des taux à long terme sexplique en effet par un changement radical dopinion sur les perspectives américaines. Depuis le milieu de 2006, nombreux étaient les économistes qui prédisaient une baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale. Mais, en quelques semaines, le consensus a fortement évolué. Non seulement les consommateurs manifestent une grande confiance, mais la situation paraît pouvoir se redresser très vite dans lindustrie. Du coup, beaucoup dexperts ont abandonné le scénario dune baisse des taux directeurs aux Etats-Unis et ont commencé à évoquer la perspective dune ou de deux hausses supplémentaires en 2008, voire dès la fin de 2007. Dans le même temps, la Banque Centrale Européenne faisait savoir quelle jugeait sa politique monétaire toujours « accommodante » et laissait prévoir un nouveau durcissement.
Vers le haut de cycle
Le résultat ne sest pas fait attendre : les taux à long terme se sont brutalement tendus. Les taux à dix ans sont passés de 4,50 % à la mi-mars à plus de 5,20 % aux Etats-Unis, de 3,95 % à plus de 4,60 % en France. Cette forte remontée des taux longs a surpris ; elle est pourtant en totale cohérence avec les mouvements attendus sur les taux directeurs des banques centrales. Faut-il redouter cette hausse des taux > Comme lexplique léconomiste Jean-Pierre Petit (lire page 31), de « bons » taux ne sont pas forcément des taux bas. Il nen demeure pas moins vrai que des taux plus élevés ont un impact à la fois sur léconomie et les placements des investisseurs. Reprenons, de façon schématique, le déroulement normal dun cycle. Quand la conjoncture est basse, les banques centrales assouplissent leur politique monétaire. A ce moment, les marchés anticipent la reprise de lactivité et la Bourse commence à reprendre de la hauteur. Les premiers signes concrets de reprise entretiennent le mouvement. Cest ce quon a vu à partir du milieu de 2003. Rassurées sur la tenue de léconomie, les banques centrales commencent à relever progressivement leurs taux. Puis lactivité accélère, le chômage baisse, des tensions apparaissent sur les prix et les salaires, les banques centrales décident que le moment est venu de calmer le jeu. Les taux à court terme arrivent à un sommet, les marchés boursiers commencent à refluer : cest le moment daccorder une place prépondérante aux placements monétaires. La politique monétaire fait sentir ses effets au bout de quelques trimestres, lactivité fléchit, on commence à entrevoir la possibilité de baisses des taux directeurs et les taux à long terme fléchissent : cest la période la plus propice aux placements obligataires. De fait, les taux directeurs baissent jusquau moment où les banques centrales estiment que les conditions sont réunies pour une reprise de lactivité et on repart dans un nouveau cycle. Dans la réalité, il nest pas toujours facile de dire avec précision à quel point du cycle on se situe. Cest dautant plus vrai que, dans des économies ouvertes, lévolution enregistrée dans les autres zones peut ralentir ou, au contraire, accélérer les enchaînements. Une chose est certaine : après quatre ans de hausse des marchés boursiers, on arrive à un moment où les investisseurs commencent à sinterroger sur la meilleure façon de procéder à leurs allocations dactifs. En début de cycle, les taux et les marchés boursiers peuvent monter ensemble : la hausse des premiers ne fait que confirmer lamélioration de la situation. Cette période est maintenant derrière nous : on se rapproche du moment où les marchés vont se demander si la banque centrale ne va pas faire « la hausse de trop » et où la montée des taux longs commence à peser sur celle des actions.
Les actions nont pas dit leur dernier mot
Il ne nous semble pas quon soit déjà arrivé au point haut sur les marchés boursiers. Mais les hésitations actuelles nous semblent devoir durer quelque temps, peutêtre une bonne partie de lété. La hausse des taux à long terme a été très rapide, comme cest généralement le cas : les retournements de tendance sur le marché se font rarement en douceur. Mais on a vu au cours des dernières années que cette phase pouvait être suivie par une décrue sensible. Le même scénario pourrait se reproduire. Après avoir changé très vite didée sur la conjoncture américaine, les économistes pourraient être amenés à reconnaître que les problèmes nés de la crise immobilière ne sont pas encore résolus. De même, après avoir cru que lirruption des pays à bas salaires dans le commerce mondial avait définitivement vaincu linflation, ils craignent aujourdhui des tensions sur les prix du fait notamment de la hausse des matières premières ; ces craintes devraient sapaiser, la fin dune longue période de désinflation ne signifiant pas quon entre dans une phase dinflation rapide.
Enfin, la plupart des gérants gardent confiance dans les actions, mais ils estiment quelles sont actuellement surachetées. Quand ils estimeront quelles sont revenues à des cours dachat, la hausse pourra reprendre. Mais cela peut demander quelque temps
et quelques baisses supplémentaires. Gérard Horny
Au cours des derniers mois, les cours ont eu tendance à monter un peu plus
vite que les bénéfices estimés à douze mois. Une correction « technique »
peut donc se justifier, constatent les experts dAGF AM. De même, les rapports
cours/bénéfices (les PER, pour reprendre le sigle anglais), sans être excessifs, sont plutôt vers le haut de leur fourchette de fluctuation.
La prime de risque est le surcroît de rémunération que les investisseurs
demandent pour aller sur un placement à risque comme les actions plutôt que
sur un placement sans risque comme les obligations. Dans leuphorie de la fin
des années 90, la prime de risque était très faible. La correction était inévitable.
Au plus bas de la Bourse en 2003, elle était revenue à un niveau très élevé.
Elle est aujourdhui à un niveau moyen, mais elle pourrait baisser encore si les taux continuaient à monter.
Deux postes spécifiques : énergie et situations spéciales
Notre stratégie de gestion de portefeuille avait anticipé le début de consolidation des premières semaines de juin. Lors de notre dernier point, le 28 avril, nous avons porté le poste liquidités à 25 % du total et maintenu celui des obligations à 10 %. Ainsi, avec plus de 35 % du portefeuille non exposé au risque des actions, nous étions préparés à la réaction des investisseurs face à une situation de surachat. Au stade actuel, nous anticipons une poursuite de la consolidation pendant deux à quatre mois et il ne nous paraît pas urgent daugmenter la sensibilité aux actions. Nous maintenons ainsi les postes obligations (privilégier toujours les échéances de 2 à 3 ans) et liquidités investies sur le marché monétaire. Pour ce qui concerne la répartition des actions, lallocation équilibrée que nous observions il y a un mois et demi était en phase avec les grandes Bourses mondiales et la stabilisation des parités monétaires. Cest seulement à la marge que nous modifions les postes de la stratégie.
Si nous réduisons de 15 % à 10 % la proportion consacrée aux actions américaines et de 20 à 15 % celle qui est investie en actions européennes (hors françaises), cest pour concentrer 5 % du portefeuille sur les deux concepts qui apparaissent les plus porteurs : lénergie (essentiellement le pétrole) et les situations spéciales. Ce dernier concept reste sur une tendance favorable, les achats industriels prenant le relais des spéculations des fonds dinvestissement sur endettement (private equity et LBO). H. T.
LA CONSOLIDATION QUI VA COUVRIR L'ETE EST L'OCCASION D'ARBITRAGES
Analyse technique par Chart's
La reprise initiée sur le support des 5.850 points a permis de matérialiser une configuration en « double creux » de très court terme. Cela permet denvisager un rebond sur les 6.060 points. Une fois ce niveau atteint, la dynamique baissière devrait reprendre.En effet,les indicateurs techniques hebdomadaires continuent de montrer des signaux défavorables et nous incitent à privilégier la formation dune nouvelle jambe de baisse, en direction des 5.760points (niveau doverlap) puis vers 5.650 points, au cours des prochaines séances.Ce scénario restera valide tant que 6.170 points est le seuil de résistance. En effet, une clôture supérieure à ce seuil diminuerait les perspectives baissières et permettrait une reprise de la progression vers 6.250 voire 6.400 points.
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Fil complet:
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