Casino and co (3)

par JF, samedi 18 février 2006, 10:24 (il y a 6864 jours) @ JF

Le résultat généré par les magasins hexagonaux devrait se replier dans des proportions similaires au cours du second semestre 2005. Réponse définitive le 9 mars, à l'occasion de la publication des résultats annuels du groupe. Selon nos estimations, l'« effort prix » lancé dans les hypermarchés a coûté au groupe un total de 1,1 point de marge d'exploitation en 2004, 0,9 point l'année dernière, et il devrait encore rogner la rentabilité opérationnelle de 0,6 point en 2006. Seul moyen de compenser cette perte de marge : augmenter les volumes de ventes en hypers au travers d'une hausse de la fréquentation des magasins et d'une augmentation du panier moyen (montant moyen dépensé par un client à chacune de ses visites en magasin).

Carrefour est visiblement en train de prendre cette direction. Selon la société d'études Secodip, les hypermarchés Carrefour ont regagné 0,3 point de parts de marché (à 14,8 % derrière Leclerc, qui possède 17,3 %) au cours de l'année 2005. Le groupe peut heureusement compter sur le dynamisme de son activité à l'étranger (52,3 % du chiffre d'affaires), qui a progressé de 7,5 % l'année dernière, ce qui lui a permis de compenser partiellement la chute de son résultat dans l'Hexagone.

Si Carrefour semble en partie sauvé par sa dimension internationale, Casino a été plus touché par la baisse des prix exigée par le gouvernement français. Réalisant près de 70 % de son chiffre d'affaires en France, le groupe de distribution contrôlé par Jean-Charles Naouri a indiqué le 27 janvier dernier que la baisse du résultat opérationnel du second semestre 2005 s'inscrira « en ligne » avec celle des six premiers mois de l'exercice, c'est-à-dire environ 11 %. Sans son récent renforcement dans le capital des sociétés CBD au Brésil et Vindemia dans l'océan Indien, le résultat opérationnel du groupe aurait même reculé de près de 20 % sur la seconde partie de l'exercice ! Bien plus petit que ses concurrents, très loin derrière Leclerc, Carrefour, Intermarché, Auchan et Système U, Casino (environ 5 % de parts de marché) peut difficilement rivaliser avec ses confrères en termes de conditions d'achat auprès de ses fournisseurs.

Le distributeur pensait pouvoir trouver une parade en portant la part de ses marques propres dans son chiffre d'affaires de 30 % aujourd'hui à 50 % à terme. La baisse des prix est toutefois passée par là. Non seulement elle n'a pas permis à Casino d'afficher la croissance souhaitée (+ 1,3 % en France en 2005), mais le groupe a vu ses marques les plus rentables de hard discount, Leader Price et Franprix, enregistrer des baisses de chiffre d'affaires à magasins comparables de respectivement 6,3 % et 4,3 % sur le dernier trimestre 2005.

Attirés par la baisse des prix dans les enseignes les plus connues d'hypermarchés, les consommateurs français ont en effet quelque peu délaissé le hard discount, qui gagnait sans cesse du terrain en France jusqu'à l'année dernière. Casino souhaite imiter le groupe britannique Tesco, qui réalise la moitié de son chiffre d'affaires avec ses propres marques.

Cependant, la défense des marges des distributeurs passe aussi par une commercialisation des grandes marques, car l'effort de baisse des prix est alors partagé entre le fournisseur et le distributeur.


NOTRE CONSEIL
Dans le secteur de l'agroalimentaire, nous privilégions les sociétés disposant de marques fortes et d'une bonne diversification de leurs ventes sur le plan géographique, mais aussi en termes de produits. Nos conseillons donc d'acheter Danone (code : BN ; Comp. A, SRD) avec un objectif de cours de 120 euros, Nestlé (cotation à Zurich) et Bonduelle (Bon ; Comp. B, SRD) en visant 70 euros à moyen terme.

La Bourse inflige une sanction trop lourde à ces deux valeurs. Carrefour (code : CA ; Comp. A, SRD) est ainsi valorisé à seulement 0,33 fois son chiffre d'affaires alors que la moyenne des transactions du secteur s'effectue plutôt autour de 0,5 fois. Acheter avec un objectif maintenu à 47 euros

Quant à Casino (CO ; Comp. A, SRD), sa capitalisation boursière décote désormais de 6 % par rapport à ses fonds propres et se rapproche de la valeur du patrimoine immobilier (5 Mds d'euros). Acheter avec un objectif de 65 euros


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