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Tessi était pour moi une participation de très long terme que j'avais laissé grossir et qui représente actuellement pas loin de 20% de mon portefeuille. J'avais commencé à acquérir des titres à 25€; j'avais renforcé à 40, 60 et 80, ce que je n'avais jamais fait pour lors. J'appréciais la gestion prudente de son president et actionnaire majoritaire, Marc Rebouah, faite principalement de croissance organique combinée à une croissance modérée externe par l'acquisition de petites entreprises déjà rentables. Le seul bémol était que je la trouvais beaucoup trop franco-française malgré son extension récente et progressive à l'Europe.
J'avoue que j'accueille d'un oeil circonspect la cession de l'actionnaire historique. Non sur le prix. Il a vendu au prix qu'il pouvait. Cela ne fait qu'indiquer approximativement la valeur, en la circonstance dans sa borne basse et en ne supposant plus de croissance. Mais sur la cession meme. Comment va gérer le nouvel actionnaire? Comme il l'affirme en faisant confiance à l'équipe de direction qu'avait formé M.Rebouah ou d'une manière plus active en chamboulant la direction ou en provoquant de la croissance externe inopportune et risquée? J'avoue encore que j'ai un prejugé assez negatif sur M. Mustier le dirigeant du holding acquéreur, ainsi que des actionnaires du holding. Ils représentent pour moi une des choses que je déteste le plus: le capitalisme de classe de connivence à la française.
Préjugés et impression morale ne font toutefois pas raison. Il faut leur reconnaître une remarquable aptitude à jouer du levier capitalistique pour faire augmenter la rentabilité du capital; certes toutefois au prix d'un risque bien plus accru. A court terme, le prix de cession est bas; mais également il y a peu de chance que de grands bouleversements surviennent; d'où Tessi devrait suivre sur sa bonne dynamique et le titre de l'entreprise continuer à se valoriser. A plus long terme, les incertitudes demeurent et on ne peut guère mieux faire qu'attendre et observer. Dans mon cas, en fonction du risque accru, probablement dans les mois et les années à venir, j'allègerai ma position pour la faire revenir vers 8% de mon portefeuille. Mais je ne le ferai pas au prix de cession, je ne le ferai pas rapidement et qui sait, si j'étais favorablement confondu de méprise, peut-être pas du tout. Disons qu'immédiatement, je serai seulement bien plus vigilant.
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Graham