La bourse et l'économie... Ca fait 2 ? (Securibourse)
Bonjour à tous il y a bien longtemps que je ne suis plus revenu vous parler ici. Jespère que vous allez bien, et que lannée a été bonne.
En ce qui me concerne, je vais essayer de faire court. Je suis parti de France en été 2007, pile poil au moment, tant redouté, de la crise immobilière américaine, que l'on a appelé pudiquement "subprimes" pour que les gens l'appellent autrement... Jai encore un souvenir ému dun journal des Echos que javais acheté fin juillet que javais lu à la plage et où, enfin !, les premiers mauvais signes arrivaient des USA Lévolution de la situation nous a tous donné raison par la suite.
Ça pouvait pas tenir, et ça na pas tenu. Javais pris les devants en commençant par vendre toutes mes banques et mes assurances à partir de janvier 2006. Au fil de leau, je suis tombé à 5% dexposition (incompressible) en bourse à lautomne 2007 car je ne pouvais plus suivre la bourse. Je ne peux d'ailleurs toujours pas. Mon problème est que je ny suis plus revenu, jai donc raté la belle hausse du printemps (je me flagelle encore aujourdhui de remords lorsque jai renoncé à prendre BNP lorsquelle était à 20).
Pour autant, je ne vois aucune raison de revenir sur le marché, ni aujourdhui, ni demain. Léconomie réelle (celle du travail) va de plus en plus mal et, comme on a pu le voir à maintes reprises dans le passé, le niveau du CAC est bien décorellé des courbes du chômage de celles des déficits publics des courbes de croissances etc De fait, le CAC ne fait que pricer aujourdhui le fait que nos économies aient échappé à leffondrement.
Cest justement là où je veux en venir, et la raison pour laquelle je ne reviens pas en bourse :
Déjà perclus de dettes avant la crise, nos États se sont lancés dans des plans de soutiens tous aussi inefficaces les uns que les autres. Ils ont commencé par sauver leurs « bras armés » (les banques, en recapitalisant et/ou en nationalisant bonjour la doctrine libérale soit dit en passant !!), puis leurs pompes à TVA (la voiture), puis leurs pompes à taxes locales (la construction via les aides directes à lacquisition. Car, plus il y a de propriétaires, plus on élargit lassiette des contribuables ipso facto solvables et captifs). Pour ce dernier point, de nombreux foyers fiscaux en France payent aujourdhui plus, en valeur absolue, de taxes locales (TH et TF) que dimpôt sur le revenu ! Nos chers États, qui se comportent maintenant clairement en prédateurs, nous imposent des règles quils ne sappliquent pas à eux-mêmes
Désindustrialisées, ne créant plus que des emplois de service à bas coût (que lon subventionne par exemple via le RSA, pour éviter que les gens se révoltent ou volent dans les magasins car ils nont plus une thune pour manger) rongés par les intérêts grandissant des dettes publiques, nos sociétés occidentales vont de mal en pis. Difficile dans ces conditions, en tout cas pour moi, de voire lavenir meilleur quil ne létait lorsque je suis parti
Je ne suis pas devenu The Bear, mais je ne peux pas objectivement investir sereinement en bourse si léconomie ne va pas bien. Que lon sinquiète : elle ne va pas bien.
A titre spéculatif, jai mis des sous récemment (10% de mon portefeuille) dans deux trackers sur lor : 5% libellé en dollar, 5% en euro à plus de 1040$ lonce.
Une anecdote pour finir sur ce dernier point. Je connais un type qui a très bien gagné sa vie, ultra pessimiste, et qui ne sest pas contenté dacheter de lor papier. Lui, cest un pur et dur Il a acheté de lor physique, beaucoup. Il est tellement pessimiste quil na pas voulu mettre cet or dans un coffre à la banque au motif que si la banque fait faillite, il a peur quelle ferme ses portes, et quil ne puisse plus disposer dun accès à son coffre. Ne rigolez pas. Lorsquune banque fait faillite, elle ferme. Elle est physiquement fermée. Il ne fait pas confiance non plus à lor papier, de peur que les emeteurs ne couvrent pas ce papier par une contre-partie physique
Pour conclure, selon moi, nen déplaise, la bourse et léconomie, ça fait 1. Et là, jentre pas sur le marché
merci pour ce beau resumé
pourrais tu nous donner les codes de tes trackers
merci
Chiche. Pourquoi pas?
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Tout ce que tu exposes The Bull est juste: il faut que l'Occident, si les choses continuent leur train, s'écroule. Mais Rome n'a pas été détruite en un jour, ni même en un siècle.
Aux bears, j'apporte une nuance. Oui, le chomage est durable. Oui, il y aura faible consommation. Non, l'économie ne peut pas repartir naturellement. Mais elle le peut par artifice. Ce que font les gouvernements, les banques centrales occidentales, ce n'est jamais que créer de la croissance artificielle, au prix d'un déficit toujours plus grand et d'un endettement faramineux. La dette deviendra colossale mais publique, un colosse -j'en conviens- au pied d'argile.
Pour que le système périclite, il faut que les prêteurs des puissances occidentales cessent de prêter ou revoient drastiquement à la hausse leurs conditions de prêt. Pour schématiser grossièrement, environ la moitié de l'épargne prêtée vient des particuliers via les assurances-vies et autres produits d'épargne ressemblants. Il n'y a pas de risques immédiats que ce flux cesse. L'autre moitié vient des étrangers. Imagine-t-on que ce flux puisse se contracter rapidement> Pour aller où> Tout a baissé et les emprunts publics, à tort ou à raison, sont considérés quasi unaniment comme le seul actif fiable et sûr. Où pourrait aller l'épargne publique étrangère sinon dans les économies occidentales> Elle le doit sans quoi les économies émergentes entreraient plus encore en crise que les économies occidentales, elles n'ayant aucun garde- fou comme la protection sociale ni de marchés locaux autosuffisants.
Combien de temps cette situation pourrait durer> Hé bien, peut-être bien plus longtemps que ne le pensent ceux qui croient à une rechute de l'économie. Il est tout à fait envisageable d'imaginer des pays avec un endettement public proche de 200% du PIB et un déficit structurel. Oui cela l'est. Vous me direz c'est retardé pour mieux chuter. En effet, mais pourquoi pas> Puisque cela arrange tout le monde. Ce phénomène pourrait bien durer plus de dix ans et pourquoi pas 20. Tant qu'il y a des prêteurs. Et, il se trouve qu'il y en a beaucoup plus que l'on en convient. Ceci me parait une raison envisageable pour que les marchés ne s'effondrent pas. Comme il existe des mourrants qui survivent par assistance médicale, il se pourrait bien que les économies occidentales bien mal en point survivent artificiellement. Ce n'est point choquant. C'est simplement possible. Et il le faut prendre pour tel: une possibilité sérieuse.
Voilà comment on peut faire décorreler durablement bourse et économie réelle. Je choisis ce pari.
Qu'en pensez-vous>
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Graham
Bonjour au revenant!
Cela fait effectivement longtemps qu'on a pas eu le plaisir de te lire. Tu es rentré de ton séjour africain ou c'est juste une visite entre deux>
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jean-marie
Suis toujours la-bas...
Bonjour Jean-Marie, suis toujours en Afrique...
Mon retour est prévu à l'été 2011. J'ai déserté le forum pendant presque 2 ans. J'ai beaucoup de travail et je ne peux pas suivre les résultats des entreprises. J'espère que vous allez tous bien et que l'année vous a été profitable !
Je ne veux pas polluer le forum avec mes commentaires sur l'économie... Je voulais juste vous saluer, et vous dire que pour le moment je suis et reste en dehors de la bourse, et vous donner les raisons pour lesquelles je ne vois aucune raison d'y revenir.
"Ils" nous parlent, beaucoup, d'identité nationale... ils sont moins prolixes sur les chiffres, catastrophiques, de notre économie. C'est simple, rien ne va et surtout depuis 2006/2007, tout a empiré. Le tableau est tellement moche (et inéluctable sur une issue fatale) qu'il m'est impossible de voir un point bas à partir duquel nous pourrions rebondir...
Donc tu vois Jean-Marie, si je viens pour vous dire ça, ce n'est pas très utile tu crois pas >
Je vous lirai régulièrement, promis.
Chiche. Pourquoi pas?
Ok sur ton deuxième paragraphe, pas Ok sur ta vision angélique d'une persistance de ce phénomène des vases communicants : nous accumulons nos dettes, on nous prête, et ça jusque 200, 300% de dettes...
L'ensemble des mauvaises créances accumulées lors des bulles internet, immobilières, matières premières, etc.. par quelques boites influentes ont été transférées aux États, c'est-à-dire à nous tous. Depuis la reprise à leurs comptes de ces montagnes de dettes, les États ont alourdi leurs bilans.
A-t'on demandé aux millions de M. et Mme Dupont que la France compte si ils voulaient voir augmenter leurs dettes et les intérêts de celles-ci parce qu'une poignée d'entreprises (amies) ont pris des risques trop élevés > Non, évidemment.
C'est dur mais au final, il faut l'admettre, que voit-on > Nos États ont privatisé les profits et nationalisé les pertes. Une vraie économie capitaliste et libérale devrait non pas faire le contraire, ça tuerait l'emploi, mais juste suivre le dogme libéral : les entités privées peuvent faire faillite. C'est à dire qu'elles sont responsables
de leurs politiques décisionnelles basées sur l'analyse du risque.
Ce schéma idyllique Graham que tu appelles de tes vux ne pourra pas durer éternellement. La France, la Grande-Bretagne et l'Espagne par exemple, vont perdre leurs "triples A" avant 2020. 2020, c'est demain Graham.
La seule issue possible serait un grenelle mondial de la dette provoqué par la cessation de paiement d'un État influent. Imaginons que la France dise un jour qu'elle cesse brusquement les versements des intérêts qu'elle doit à ses créanciers. Cette décision provoquerait un tsunami financier et obligerait les États à se mettre autour d'une table pour annuler tout ou partie de ce qu'ils se doivent l'un/l'autre...
Chiche. Pourquoi pas?
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Non, The Bull, je ne souhaite pas cette éventualité. Au contraire, je la redoute comme un pis aller qui causera plus de maux. Toutefois, je me dis que c'est une possibilité.
Tant qu'il y a des prêteurs, la dette publique est extensible. Une stricte rationalité impliquerait qu'il ne devrait plus déjà y avoir de prêteurs à si bas taux d'intérêts. Et pourtant, il y en a de tels parce qu'aucun actif ne parait aussi sûr que la dette des Etats, même si l'éventualité d'une faillite d'un Etat développé devient de plus en plus probable à plus long terme. La dette est déjà très importante, dans les niveaux que j'ai dit dans certaines économies développées, celle du Japon par exemple. Pourquoi ne le serait-elle pas ailleurs> Y-a-t-il tant d'alternatives> Les chinois sont coinçés. S'ils ne soutiennent pas l'économie américaine, ils subiront une décroissance forte. Déjà avec une croissance importante, en raison des énormes disparités de revenus, le risque de révolution sociale est fort. Qu'en sera-t-il en cas de décroissance> Son marché intérieur n'étant pas suffisamment développé pour compenser le déclin des économies occidentales, les autorités chinoises sont contraintes de soutenir un temps ces économies. C'est un exemple. Le déclin économique de l'Occident n'arrange aujourd'hui personne. C'est pourquoi, je crois bien qu'il ne se réalisera pas brutalement à court ou moyen terme. Je parie que la dette publique des pays occidentaux continuera à croître grandement avec des taux d'intérêts bas, soutenue par les excédents de quelques pays émergents. Je considère qu'il est tout à fait possible, même si ce n'est qu'une éventualité parmi d'autres, pour les économies occidentales de continuer à accroître la dette publique sans renversement de l'attitude des prêteurs. Or, tant qu'il y a des prêteurs, on peut augmenter sa dette. Je demande quelle bonne raison, suffisante et incontestable, y a-t-il pour supposer autrement. Je n'en vois pas d'incontestable, pas même dans le raisonnement des adeptes de la grande dépression. Pour moi, même si je reconnais que l'Occident déclinera violemment à venir, je ne l'imagine pas à court terme. Je le conçois à quinze-vingt ans d'échéance. L'économie n'est pas science précise mais humaine. Elle ne sera jamais strictement mécanique. C'est le défaut des économistes alarmistes de supposer l'avenir par application de raisonnements mathématiques. Aujourd'hui, je suis persuadé qu'il y a autant de spéculation à croire à moyen terme que les marchés baisseront ou croîtront. Dans tous les cas, si grande crise il y a, il ne sera ni bon d'être dans la monnaie, ni bon de posséder des actifs tangibles qui ne génèrent aucun revenu, or compris.
Il y a 36 mois, j'avais entrevu la possibilité importante de la crise. Par un raisonnement où j'exagérais la gravité de la crise, j'ai considéré qu'il valait mieux détenir des actifs capables de générer une rentabilité importante en toutes circonstances. Je suis resté investi à près de 100% en actions. Je le suis toujours et je le resterai quelque soit le contexte macroéconomique. Sur deux ans, la rentabilité de mon patrimoine est légèrement positive. Sur trois ans, je génère un TRI proche de 50%. J'aurais pu être sur l'or, c'eut été raisonnable, tant la crise était prévisible. J'eus moins gagné malgré la crise! Je parie que je ferai encore mieux dans les 3 prochaines années en étant investi en actions plutôt que si j'investissais sur l'or ou la monnaie. On verra. Je n'ai point peur.
cordialement - bon w-e - et merci de nous avoir fait un petit signe
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Graham
Suis toujours la-bas...
. J'ai déserté le forum pendant presque et bien,il y a longtemps que je n'ai pas autant apprecié(joui..)d'une telle lecture.
merci,donc.
»
» Je ne veux pas polluer le forum avec mes commentaires sur l'économie... Je
» voulais juste vous saluer.
»
» "Ils" nous parlent, beaucoup, d'identité nationale...
»
» Je vous lirai régulièrement, promis.
On ne parle pas que des sociétés sur ce forum,
la société, au sens large, est aussi un sujet de débat. Je crois ne pas trop m'avancer en disant qu'on est à peu près tous d'accord ici pour dire que la crise économique actuelle vient de la société et non pas des sociétés.
» Donc tu vois Jean-Marie, si je viens pour vous dire ça, ce n'est pas très
» utile tu crois pas >
Bien au contraire, je crois que c'est utile de s'exprimer.
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jean-marie
Salut toi
Salut Bull.
C'est un grand plaisir pour moi de te lire.
Souvenir,souvenir.... le jeu qui porte ton nom est toujours là grace à JMP merci les vieux ;o)