Ouh la la... (Securibourse)
par Alix, mardi 28 octobre 2008, 04:03 (il y a 5865 jours)
La seconde crise bancaire !
http://contreinfo.info/article.php3>id_article=2284
Ouh la la ...
Je ne crois plus guere aux rebonds que sous la forme de paliers vacillants... et encore...
alix
Ouh la la...
par svallene, mardi 28 octobre 2008, 10:37 (il y a 5864 jours) @ Alix
» La seconde crise bancaire !
»
» http://contreinfo.info/article.php3>id_article=2284
»
» Ouh la la ...
» Je ne crois plus guere aux rebonds que sous la forme de paliers
» vacillants... et encore...
» alix
Il ne faut pas sombre dans le catastrophisme mais en lisant ca, ca fait très peur ! L'impression que seulement les premiers dominos sont tombés ...
ouais, faut voir la source de l'info...
par serge073 , mardi 28 octobre 2008, 19:25 (il y a 5864 jours) @ svallene
.
ouais, faut voir la source de l'info...
par labadie , Chaloupe St-Leu, La Réunion, mercredi 29 octobre 2008, 04:38 (il y a 5864 jours) @ serge073
» .
L'article de contre-info semble tout à fait crédible :
http://www.morganstanley.com/views/gef/archive/2008/20081027-Mon.html#anchor7084
http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/3260052/Europe-on-the...
Roubini précise cela :
"European banks account for three-quarters of the total $4.7 trillion in cross-border bank loans to Eastern Europe, Latin America and emerging Asia extended during the global credit boom – a sum that vastly exceeds the scale of both the US sub-prime and Alt-A debacles"
J'ajouterai qu'il risque aussi d'y avoir une "3ème vague" après cela : celle associée aux défaillances de prêts sur les marchés domestiques européens, quand la récession s'intensifiera chez nous.
Toutes les catégories de prêts (entreprises, consommation, immobilier) risquent alors d'être touchées avec la hausse du chômage et des faillites.
Ca n'empêche évidemment pas des gros rebonds techniques de se produire (on a eu un exemple hier soir), amplifiés par les rachats de shorts.
--
Crise inedite = des parametres a renouveler ?
par Alix, mercredi 29 octobre 2008, 10:22 (il y a 5864 jours) @ labadie
édité par Alix, mercredi 29 octobre 2008, 12:23
» J'ajouterai qu'il risque aussi d'y avoir une "3ème vague" après cela :
» celle associée aux défaillances de prêts sur les marchés domestiques
» européens, quand la récession s'intensifiera chez nous.
» Toutes les catégories de prêts (entreprises, consommation, immobilier)
» risquent alors d'être touchées avec la hausse du chômage et des faillites.
»
» Ca n'empêche évidemment pas des gros rebonds techniques de se produire (on
» a eu un exemple hier soir), amplifiés par les rachats de shorts.
Merci Loic.
Quand je dis douter des rebonds, je ne pense pas trop aux coups de sang d'une journee (ou 2 jours, ou 3 jours), aussi forts soient-ils - d'ailleurs, ceux-ci sont si rapides qu'ils laminent nos epargnes quand on cherche a sortir ou a entrer a ces moments-la -, je pense a nos bons vieux rebonds classiques qui prennent 1,5 a 3 mois pour rehausser poussivement le CAC de 15 a 20 % et pour rebaisser le VIX en dessous de sa moyenne passee.
La raison ne doit-elle pas nous amener a integrer deux nouveaux parametres accelerateurs ( par rapport a ce que nous connaissons de la crise de 1929, la seule qui vaille vraiment comparaison) : a savoir considerer qu'une puissance deflationniste encore inedite a ce jour introduit necessairement a la fois une vitesse des evenements encore jamais vue et un accroissement des pourcentages de baisse encore jamais vus >
De fait, le VIX devient difficile a interpreter, peut-etre pour les deux raisons suivantes :
1 - le point moyen ou le point haut d'hier peut devenir le point bas demain ou dans trois mois. Alors, va determiner ton point d'entree !
2 - Il y a des ventes qualifiees de "panique" qui n'en sont pas : elles sont simplement incontournables, rationnelles, faites a froid. Alors generent-elles automatiquement une montee du VIX (d'autant que certains fonds ne se vantent pas qu'ils vendent) >
...Je raisonne juste , ou je dis des betises >
alix
Ile de la Reunion, mercredi 5 nov.
par Alix, vendredi 31 octobre 2008, 04:05 (il y a 5862 jours) @ Alix
» Merci Loic.
» Quand je dis douter des rebonds, je ne pense pas trop aux coups de
» sang d'une journee (ou 2 jours, ou 3 jours), aussi forts soient-ils -
» d'ailleurs, ceux-ci sont si rapides qu'ils laminent nos epargnes quand on
» cherche a sortir ou a entrer a ces moments-la -, je pense a nos bons vieux
» rebonds classiques qui prennent 1,5 a 3 mois pour rehausser poussivement le
» CAC de 15 a 20 % et pour rebaisser le VIX en dessous de sa moyenne passee.
»
» La raison ne doit-elle pas nous amener a integrer deux nouveaux parametres
» accelerateurs ( par rapport a ce que nous connaissons de la crise de 1929,
» la seule qui vaille vraiment comparaison) : a savoir considerer qu'une
» puissance deflationniste encore inedite a ce jour introduit necessairement
» a la fois une vitesse des evenements encore jamais vue et un
» accroissement des pourcentages de baisse encore jamais vus >
»
» De fait, le VIX devient difficile a interpreter, peut-etre pour les deux
» raisons suivantes :
»
» 1 - le point moyen ou le point haut d'hier peut devenir le point bas
» demain ou dans trois mois. Alors, va determiner ton point d'entree !
» 2 - Il y a des ventes qualifiees de "panique" qui n'en sont pas : elles
» sont simplement incontournables, rationnelles, faites a froid. Alors
» generent-elles automatiquement une montee du VIX (d'autant que certains
» fonds ne se vantent pas qu'ils vendent) >
»
» ...Je raisonne juste , ou je dis des betises >
Bonjour Loic,
je vais regarder sur TV5 Monde mercredi 5, minuit 30, heure de Bangkok, une emission "des racines et des ailes" consacree a ton ile. Je penserai a toi.
J'ai lu ton livre plein de bon sens et de moderation. Il m'apporte la comprehension historique de ce qui se passe actuellement, donc du recul, du sang-froid et un peu de serenite quant aux choix que j'ai a faire dans les deux annees qui viennent pour assurer mon auto-financement et la continuite de mes projets. J'ai ete, je crois comme nous tous, un peu perturbe par la Crise cette annee , d'ou moins de temps a consacrer a mon travail.
Je vais enfin pouvoir m'y remettre sans avoir a suivre au jour le jour les evenements de la Crise , puis de la Depression. Je t'en suis reconnaissant : tu ne l'ignores pas, de tels "benefices" (humains) ne se chiffrent pas ! Temps gagne, efficience retrouvee pour le travail, plaisir de vivre, soulagement des proches..., tout cela est vraiment inestimable ! Un grand merci !
Quand j'aurai un peu de temps, je ferai un petit billet sur ton livre a l'intention de securibourse...
Si tu as 5 minutes, peux-tu me dire : Ne crains-tu pas de louper les entrees en attendant que le VIX ne baisse franchement, si celui-ci se contente de faire des pauses-paliers en forme de W >
N'est-tu pas toi-meme d'accord avec cette hypothese > J'ai releve que tu disais ces jours-ci :
" Une variante qui devient credible serait que le rebond 3-4 se fasse simplement sous forme laterale avec des oscillations du CAC entre 3200 et 3700."
Bien cordialement,
alix
Ile de la Reunion, mercredi 5 nov.
par labadie2 , vendredi 31 octobre 2008, 18:46 (il y a 5861 jours) @ Alix
» Si tu as 5 minutes, peux-tu me dire : Ne crains-tu pas de louper les
» entrees en attendant que le VIX ne baisse franchement, si celui-ci se
» contente de faire des pauses-paliers en forme de W >
» N'est-tu pas toi-meme d'accord avec cette hypothese > J'ai releve que tu
» disais ces jours-ci :
» " Une variante qui devient credible serait que le rebond 3-4 se fasse
» simplement sous forme laterale avec des oscillations du CAC entre 3200 et
» 3700."
»
» Bien cordialement,
» alix
Salut Alix, c'est vrai que je risque de louper des entrées. Mais ama il vaut mieux louper des entrées plutôt que de prendre des risques trop grands : Par principe je ne prends pas de positions vendeuses en situation de pessimisme extrême. J'attendrai que le VIX redescende et que les opérateurs reprennent suffisamment confiance pour shorter les marchés, aussi longtemps qu'il le faudra.
Plus un marché baissier est puissant, plus les rebonds associés peuvent être forts en amplitude (c'est une sorte de fractale que tu étires) : regarde le HUI qui vient de gagner 40% en quelques jours : La baisse sur cet indice a été bien plus forte que celle du CAC, vu que le HUI est passé de plus de 500 à 150 en quelques mois.
20 ou 30% de rebond technique, ça peut arriver très vite par les temps qui courent. Quand tu es positionné à contretemps avec un levier fort à la baisse, ça fait mal.
Donc je préfère être sélectif au niveau des points d'entrée.
Si tu veux garder des positions baissières sans y toucher sur le LT, il vaut mieux choisir des produits style B40 à levier faible, ou bien des produits type turbos puts avec une barrière désactivante très lointaine (comme ceux que j'avais choisi pour le jeu the bull, en revoyant quand même les barrières à la baisse vu le niveau actuel des indices).
Les indices US offrent une diversification intéressante ama en spéculation baissière, vu leurs niveaux de valorisation plus élevés.
P.S : je n'arrive pas à me connecter sous mon pseudo habituel "labadie".
Cookie effacé?
par jmp , Boulogne/Mer, vendredi 31 octobre 2008, 19:00 (il y a 5861 jours) @ labadie2
» P.S : je n'arrive pas à me connecter sous mon pseudo habituel "labadie".
Si c'est le cookie qui a été effacé il faut se ré-identifier (Accès membres)...
Je n'ai pas eu ce pb.
--
jean-marie
Une analyse limpide de la Crise
par Alix, mercredi 29 octobre 2008, 14:31 (il y a 5863 jours) @ Alix
Je l'ai lue sur le blog de Paul Jorion. C'est un peu long, mais c'est lumineux. Jugez plutot...
(les textes en gras sont soulignes par moi)
alix
François Leclerc dit :
28 octobre 2008 à 14:12
La crise actuelle est globale. Elle nest pas, comme on lentend trop souvent, le résultat dune déconnexion entre les sphères de léconomie et de la finance, ce dernier univers soudainement pris dune telle « folie » quil suffirait de mieux le réguler une fois maîtrisé le cataclysme que nous vivons. Elle est en réalité lexpression financière dune crise économique, celle dun modèle de croissance reposant sur lendettement des ménages et de létat. Ayant aux USA, épicentre de la crise, son image la plus achevée. Seul lendettement accru des ménages américains y a en effet permis le maintient de la consommation intérieure, compensant la décroissance de la part des revenus du travail dans le PIB constatée depuis les années 75.
Léclatement brutal de la formidable bulle financière crée par de nouveaux acteurs du monde de la finance, les hedge funds, créateurs et gestionnaires de nouveaux produits financiers sophistiqués, dans un contexte dabsence voulue de régulation, est la conséquence de la faillite de ce modèle de développement. Mais il ne faut pas en oublier la cause première.
Où en est-elle ces temps-ci, la crise > Elle sest généralisée et approfondie malgré des apparences trompeuses, même si elle est parfois masquée par des artifices ou des pansements de fortune. Le mal se répand sur toute la planète et dans tous les secteurs, au fur et à mesure que les brèches sont colmatées par les plans de sauvetage gouvernementaux successifs. Dabord, elle sest étendue géographiquement et frappe désormais les pays émergents, aux bords de la banqueroute pour les plus fragiles, en raison du retrait brutal des capitaux étrangers, rapatriés dans lurgence afin de boucher dautres trous. Le FMI reprend du service, beaucoup moins regardant quauparavant sur les conditions daccès à ses prêts sous la crainte d « effets domino » incontrôlables et désormais planétaires. Puis elle perturbe ce que lon dénomme désormais léconomie réelle, sous-entendant bizarrement que la finance ne le serait pas.
Cest au niveau boursier que la crise produit ses effets les plus spectaculaires, créant une tourmente baissière moins produite par une « panique irrationnelle» du marché - dont les états dâmes supposés servent dexplication faute de mieux - que par la vente en masse des meilleurs actifs (les seuls liquides) des hedge funds. Ceux-ci doivent rembourser sans attendre leurs clients qui sen retirent en catastrophe, au profit de valeurs refuges comme les Bons du Trésor et assimilés, et éviter la faillite. Cette dégringolade boursière résulte dabord de ce phénomène, plus que dune anticipation de la dépression économique qui sannonce, mais il est tentant dexpliquer cette débâcle par la seule dépression à venir, en ignorant ainsi les manifestations, certes moins visibles mais toutes aussi déterminantes, de la poursuite des effets de la crise financière proprement dite. A savoir léclatement de la bulle financière constituée au fil des ans par les hedge funds et leurs produits financiers sophistiqués type CDS à fort levier, cest à dire fort rendement , devenus entre temps poisons pour ceux qui les détiennent. Les yeux des commentateurs avisés se sont donc fixés, comme hypnotisés, sur le yo-yo des indicateurs boursiers et la descente aux enfers des bourses, ne retenant que ces seuls indicateurs de la crise pour les interpréter à leur façon et comme en temps normal, alors que ces semaines de crise ne le sont évidemment pas. Oubliant pour comprendre la crise den consulter dautres, plus pertinents et pointus, par exemple les taux de primes sur les CDS des établissements financiers, qui témoignent du risque élevé que ces établissements continuent de représenter sur les marchés malgré les déclarations optimistes de façade de leurs dirigeants.
Un autre phénomène est également monté en puissance, suscitant de nouvelles inquiétudes et dérèglements économiques, la forte montée montée du Yen, et dans sa foulée du Dollar, au détriment de lEuro. Ce phénomène donne lieu, lui aussi, à un florilège de commentaires malheureusement peu inspirés lorsquil sagit den déterminer les causes, oubliant souvent de mentionner leffet redoutable du débouclage en masse des positions dites de « trade carry » des hedge funds, là encore à la recherche précipité de financements, les banques leur faisant défaut. Le « trade carry » sappuie en effet sur un mécanisme très simple qui consiste à emprunter dans sa monnaie sur un marché où les taux sont très faibles (le Japon en loccurence) pour investir sur dautres où les taux sont au contraire élevés (le Brésil par exemple), et de gagner sur le différentiel de taux. Un tel débouclage massif, comme il intervient en ce moment, suscite une forte demande de Yen, qui pousse celui-ci à la hausse.
Il y a donc des mécanismes de crise qui expliquent mieux que « la main aveugle du marché », ou même lanticipation raisonnée de la dépression annoncée, tous les deux un peu trop sollicités, les importantes oscillations de cours que connaissent les devises, le pétrole et en général les matières premières, en particulier agro-alimentaires. Il suffit simplement de constater puis dadmettre que la bulle financière fait beaucoup de dégâts en se contractant. La principale question est donc de savoir combien de temps cette bulle va t-elle mettre à se dégonfler et jusquoù, produisant de redoutables effets collatéraux, vu lampleur des mouvements de capitaux qui sopèrent au nom du sauve qui peut et la dimension supposée de cette bulle, car le plus beau de laffaire est que lon nen connaît même pas la dimension.
Dautres manifestations de la crise sont masquées ou ne sont pas encore apparues et devraient intervenir. On peut ainsi sétonner que les compagnies dassurance, investisseurs majeurs sur les marchés financiers et donc à ce titre durement atteints par la dévalorisation de leurs actifs, semblent rester immunisés des effets de la crise (cela na toutefois pas été le cas dAIG et de Fortis qui ont plongé en fanfare). On a aussi appris comment les collectivités locales pouvaient être mises à mal, leurs besoins de financement grandissants étant une des manifestations de léconomie de la dette déjà évoquée, se révélant également victimes dune créativité financière hier encensée
On peut remarquer aussi que la modification des normes comptables relatives à la valorisation des actifs financiers, décidée et appliquée dans des délais proprement époustouflants, joue tout son rôle dapaisement provisoire, évitant que les bilans des établissements financiers ne continuent denregistrer des dépréciations en rafale dactifs titrisés, rendant ces établissements moins vulnérables. Mais ces actifs nont pas disparu pour autant et il est assez audacieux de spéculer - encore - sur la proche remontée du marché de limmobilier US afin quils reprennent des couleurs. La situation actuelle a ceci dextraordinaire que ces actifs ne sont plus « liquides » (entendez personne ne veut les acheter) et quils nont donc plus de valeur de marché. Comment alors les évaluer > Dautant que, par le biais de la titrisation, le bon grain à été mélangé à livraie, les « toxic assets » (actions pourries) empaquetés avec des titres de meilleure tenues faisant à larrivée des évaluations dactif une mission impossible Les banques restent toutes assises sur un tas dactifs pourris ou très difficilement valorisables, seule la hauteur du tas variant de lune à lautre. Elles cherchent à sen débarrasser discrètement en les donnant par exemple en garantie à une quelconque banque centrale complaisante, à la faveur dune émission de liquidités, à charge pour cette dernière de les intégrer dans son bilan. On en attend avec curiosité la publication, faisant par avance confiance à la créativité avec laquelle ces bilans auront été établis.
Manifestation ultime et largement à venir de cette crise, laccroissement de la dette publique va découler de la mise en oeuvre des plans de sauvetage des gouvernements. Certes, ces emprunts sont aisément financés sous toutes leurs formes, vu la masse des capitaux à la recherche dun refuge, surtout quils portent la signature dun état, prêteur en dernier recours car emprunteur de qualité. Mais laccroissement prévisible de la charge du remboursement de cette dette va peser dans lavenir dautant plus lourd dans les budgets gouvernementaux que la crise économique, structurelle et donc plus durable quelle ne lest aujourdhui envisagée - sil se révèle bien quil ne sagira pas dune simple récession passagère - va amoindrir en même temps leurs recettes. Leurs marges de manoeuvre budgétaires seront dautant restreintes, alors que la période réclamera, tant sur le plan économique que social, une implication plus grande de létat. Décidément, une fois que le plus fort de la crise sera passé, peut-on vraiment croire que tout redeviendra comme avant, une régulation financière plus ou moins pleine de trous péniblement mise en place >
Ouh la la... le monde qui vient !
par Alix, jeudi 30 octobre 2008, 04:18 (il y a 5863 jours) @ Alix
" LE MONDE QUI VIENT " , par Jacques Sapir, le 25 octobre 2008.
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2008/10/25/850-le-monde-qui-vient
EXTRAITS :
Une récession de longue durée >
Si la récession dans laquelle nous sommes entrés est appelée à être importante, on ne doit pas non plus en sous-estimer la durée. Contrairement aux affirmations fallacieuses de certains économistes "médiatiques" en 2007 ou au premier semestre de 2008, nous ne sommes pas dans un simple "cycle" économique. Cette crise est avant tout celle d'un modèle de croissance ou d'un mode d'accumulation qui s'est mis en place à partir des années 1980.
On voit bien aujourd'hui que ce régime d'accumulation est durablement brisé. Même une fois la crise financière et boursière surmontée, et nous en sommes loin encore, il est clair que les banques ne pratiqueront plus le crédit comme elles l'ont fait antérieurement. Une profonde aversion au risque va caractériser des marchés financiers dont une partie des institutions auront sombré dans la crise et sur lesquels pèsera une opprobre durable.
Le poids de l'endettement et ses conséquences
Si la crise actuelle va nécessairement accélérer le rééquilibrage économique perceptible depuis une décennie, elle va engendrer d'autres problèmes qui vont peser sur le contexte géoéconomique mondial. Le plus évident est indiscutablement celui de l'endettement. On a vu que le modèle néolibéral ne pouvait maintenir une croissance raisonnable (au-dessus de 2,5%) qu'au prix d'un endettement constant des ménages. En fait, les pays qui ont adopté ce modèle, que ce soit le Etats-Unis ou leurs clones européens ont atteint les limites absolues du modèle, ce qui explique la violence de la crise. Ils devront s'y résoudre, ou tenter de la combattre en accroissant fortement l'endettement public, au point de dépasser rapidement ici les pays qui avaient conservé le modèle européen traditionnel.
Il est très peu probable que l'épargne des pays émergents vienne acheter massivement ces nouvelles dettes émises par les pays développés. D'une part en raison de la montée, désormais inévitable, du protectionnisme qui réduira l'excédent commercial de ces pays. D'autre part, parce que le pivotement d'une logique de croissance extravertie, portée par la prédation sur le commerce international vers une logique introvertie, fondée sur le marché intérieur implique une réduction des taux d'épargne qui sont souvent comme en Chine excessifs. Les pays émergents devront d'une part accroître leur consommation au détriment de l'épargne pour trouver de nouveaux moteurs de croissance et d'autre part consacrer la plus grande part de leur épargne à investir chez eux.
La rupture du mécanisme qui voyait l'excédent commercial des pays émergents se recycler dans la dette américaine est probablement brisé pour une très longue période. Dans ces conditions, les pays développés ont peu d'alternatives. S'ils tentent de réduire la croissance de leur endettement par sa maîtrise en matière de dépenses, ils aggraveront dramatiquement la récession au point de risquer des troubles politiques et sociaux majeurs. S'ils accroissent les taux d'intérêts pour tenter de rendre leur dette attractive, ils tuent l'investissement et aggravent, par un autre biais, la crise.
Une alternative raisonnable serait de procéder politiquement à la destruction d'une partie des dettes existantes, par des rémissions de créances pour les ménages et des défauts organisés pour les dettes d'entreprises ou des administrations. Mais, une telle alternative raisonnable est peu probable car exigeant un degré de courage politique qu'il ne faut pas s'attendre à trouver dans les systèmes occidentaux. La dernière alternative, qui est celle qui sera très probablement adoptée, consistera en un fort accroissement de l'inflation.
Pour éviter que la récession ne se transforme en dépression, les économies occidentales n'auront pas d'autre choix que de revenir sur les avantages inouïs accordés à la rente contre le travail depuis les années 1980. Comme Keynes l'avait déjà indiqué, l'inflation va permettre aux entrepreneurs de se dégager de la «main-morte» du passé pour que la croissance reprenne[6], et elle sera l'euthanasie douce du rentier.
Le retour de l'État
Ce retour au rôle actif de la dépense publique dans un contexte de forte récession va faire partie d'un mouvement plus général de retour de l'État comme acteur économique majeur. Telle est certainement l'une des conséquences les plus importantes de la crise actuelle.
De fait, les principaux pays développés vont être conduits à s'aligner sur des pratiques économiques qui ont été celles de pays émergents comme la Chine, la Russie ou le Brésil. Il deviendra d'ailleurs de plus en plus difficile de stigmatiser ces pratiques dans les forums internationaux dans la mesure où elles vont devenir courantes dans les pays occidentaux[12].
Quel futur pour l'euro >
Le retour à la souveraineté monétaire sera une tendance générale. Elle aura des implications importantes en Europe.
La solution, plutôt que de se résoudre à un éclatement total de la zone euro, pourrait être un système intermédiaire. Pour certains pays membres, l'euro deviendrait une monnaie de réserve, par rapport à laquelle leur monnaie nationale qu'ils auraient rétablis, serait convertible sur la base d'un taux fixe révisable de manière régulière. Les pays constituant le bloc le plus homogène pourrait eux conserver l'euro comme monnaie unique. On aurait une zone euro constituée de cercles concentriques, qui serait plus robuste et plus flexible pour faire face aux nouvelles contraintes. Ce système permettrait d'ailleurs plus facilement que la forme actuelle de l'euro une coordination avec d'autres monnaies et donc la constitution d'une zone de stabilité monétaire allant au-delà des frontières de l'UE.
Vers un nouveau Bretton Woods >
Un monde multipolaire interdit l'émergence d'une nouvelle "devise-clé" à l'échelle mondiale
Le choix actuel est donc soit de tenter de maintenir un système mondial, mais qui ne pourra être construit que sur une monnaie "neutre" qui pourrait être un "panier" de différentes monnaies , soit de prendre acte d'une fragmentation du système avec émergences de blocs régionaux structurés autour de monnaies de réserve régionales, et tenter de coordonner ensuite ces ensembles régionaux.
( Une recherche d'... alix )