Les retraits de la Bourse pour les Valeurs Moyennes (Securibourse)
Journal des Finances n° 6308
Les retraits de la Bourse devraient se multiplier parmi les valeurs moyennes.
La chute des cours devrait conduire à des offres publiques de retrait.
Les primes offertes aux minoritaires risquent toutefois de baisser.
Roland Laskine - JDF HEBDO - 25.10.2008
La chute des marchés financiers ne mine pas seulement le moral des investisseurs. Elle entame celui des chefs d'entreprise qui assistent, impuissants, à l'effondrement du cours de Bourse des sociétés dont ils sont la plupart du temps les premiers actionnaires.
En plus de la désagréable impression d'être victimes de mouvements spéculatifs souvent violents et totalement imprévisibles, les actionnaires familiaux de nombreux groupes se rendent compte que la Bourse est de moins en moins en état de jouer son rôle de pourvoyeur de fonds propres pour les entreprises petites et moyennes.
Or, ce sont elles qui en ont pourtant le plus besoin.
Impossible, en effet, au cours actuel de faire appel au marché dans de bonnes conditions sans s'exposer à un énorme risque de dilution quand on contrôle déjà 50 % ou 75 % du capital.
Il y a donc fort à parier que les opérations de retrait de la cote vont se multiplier parmi les valeurs cotées sur les compartiments B et C de la Bourse de Paris, ainsi que sur Alternext.
Des primes de prise de contrôle souvent attrayantes
Plusieurs opérations ont d'ailleurs été lancées récemment, avec des primes très attrayantes pour les minoritaires. C'est le cas de Clarins, dont la famille Courtin (qui contrôlait déjà 64,9 % du capital) n'a pas hésité à proposer fin juin une prime de 27 % pour racheter la totalité du capital de la société.
Les actionnaires familiaux du fabricant de cartes à puce Oberthur Technologies ont également décidé de mettre un terme à la cotation de la société, dont la valorisation boursière ne reflétait nullement le potentiel de croissance à moyen terme.
La holding familiale a ainsi proposé fin septembre une prime de 33 % sur le dernier cours coté.
En dépit de son coût élevé (les dirigeants doivent mobiliser plus de 200 millions d'euros), cette opération est parvenue à trouver les financements bancaires nécessaires.
Depuis le début de l'année, neuf sociétés ont ainsi fait l'objet d'une opération dite de public to private, initiée par des actionnaires majoritaires ou des financiers.
Ce chiffre a doublé par rapport à 2007, et tout porte à croire - comme ce fut le cas en 2003 - que les retraits de Bourse vont se multiplier dans les mois à venir. Le plus gros problème demeure bien sûr de trouver l'argent nécessaire au financement de l'opération, à un moment où les banques ont tendance à refermer le robinet du crédit.
La solution pourrait venir des fonds de private equity qui retrouvent les faveurs des investisseurs déçus par la Bourse. Le «non-coté» revient en force pour la simple raison que les opérations de rachat de sociétés se font sur la base de prix souvent très attrayants qui garantissent un très bon retour sur investissement.
Prudence malgré tout, car les primes offertes aux minoritaires risquent à l'avenir de se révéler moins généreuses qu'aujourd'hui.
Privilégier les sociétés solides et peu endettées
Le profil type de la société susceptible de faire l'objet d'un retrait de la cote est le suivant :
il doit s'agir d'une affaire de taille moyenne dont le capital est contrôlé par un actionnaire majoritaire, familial ou financier.
Elle doit disposer d'une position forte sur son marché lui garantissant de bonnes perspectives de revenus.
Elle doit surtout être faiblement endettée afin de dégager les ressources nécessaires au financement de l'opération par le biais notamment de fortes remontées de dividendes.
Parmi les vingt sociétés de notre sélection, toutes ne feront pas l'objet d'un retrait de la cote.
La plupart d'entre elles répondent toutefois assez bien aux critères nécessaires à ce type d'opération.
L'attrait spéculatif qu'elles inspirent est réel, mais il n'est pas suffisant pour justifier un conseil d'achat ferme sur toute la liste.
Nos recommandations étant établies sur des critères strictement fondamentaux, nous sommes « à l'écart » ou « à la vente » sur un bon nombre d'entre elles.
--
Fil complet: