Retour vers le réel ? (Securibourse)
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Certes, le plan Paulson a encore des chances dêtre adopté et des baisses
de taux ont maintenant de plus grandes chances dintervenir aux États-Unis
et en Europe à brève échéance mais un ISM prises de commande qui nous
ramène à quasiment Janvier 2001 aux États-Unis montre quaprès la
récession du consommateur, cest lindustrie qui connaît à son tour un fort
ralentissement. Le risque sur notre scénario 2009 est clairement à la baisse
et une plus grande capitulation des marchés Actions nous paraît nécessaire
notamment aux États-Unis. Nous pensons dautre part que le plan en
gestation à léchelle de lUnion européenne de fonds de recapitalisation est
la réponse adaptée à la crise bancaire : le torpiller serait à nos yeux une
erreur historique.
Plan Paulson : il a à nouveau des chances dêtre approuvé
Après le vote positif à une majorité large hier au Sénat américain dun plan
Paulson amendé (des inévitables baisses dimpôt y figurent désormais de
même quun rehaussement du seuil de garantie des dépôts), un nouveau
vote pourrait intervenir à la Chambre des Représentants Vendredi. Étant
donné la majorité étroite du non lors du précédent vote négatif et linquiétude grandissante concernant limpact du rationnement du crédit, la probabilité dun vote positif cette fois paraît supérieure à 50% même si la visibilité demeure limitée (cf. les précédents pronostics !).
Répétons-le, ce plan est positif sil est appliqué même sil ne constitue pas la panacée et nous pensons quaprès le rebond de Mardi soir sur les marchés
américains, les investisseurs le prennent vraisemblablement déjà en compte
tout au moins en partie. Rappelons aussi que son échec ne laisse pas les
pouvoirs publics sans moyen dintervention et que lélection de plus en plus
probable du candidat démocrate laisse à penser que des mesures
interventionnistes sont probables quoi quil arrive.
La thématique baisse des taux revient en force
Des baisses de taux des Banques Centrales sont désormais possibles à la
lumière des risques lancinants de ralentissement économique majeur :
. aux États-Unis, les indicateurs les plus récents sont inquiétants (cf.
paragraphe suivant) et la Fed ne peut que les prendre en compte ;
. en Europe, la position de la BCE paraît aujourdhui tellement déconnectée
de la conjoncture quun scénario à la 2001 est de plus en plus probable, le
timing restant évidemment très difficile à déchiffrer.
Ces baisses, si elles interviennent, ne peuvent que jouer un rôle positif pour
les marchés Actions dans le climat actuel même sil faut rappeler que les
baisses des taux ne constituent pas un indicateur précis de point bas
boursier.
Un ISM de crise hier aux États-Unis : le risque sur notre scénario
2009 déjà prudent est clairement à la baisse
Cest le point fondamental sur lequel nous voulons insister ce matin : les
chiffres de lISM de Septembre hier aux États-Unis sont particulièrement
inquiétants. La composante qui constitue lindicateur le plus avancé, celle
des prises de commandes dans lindustrie est quasiment retombée à son
point bas de Janvier 2001 (38.8 Septembre 2008 contre 38.4 Janvier 2001,
les précédents points bas remontant à la période 1980-1981). Après la
récession du consommateur, cest un fort ralentissement industriel qui se
dessine maintenant et ce alors que les effets du rationnement du crédit lié à
la crise interbancaire ne se sont pas encore faits pleinement sentir et que la
baisse des prix de lImmobilier nest pas arrêtée.
Notre scénario 2009 nest guère optimiste (baisse significative des profits des entreprises) mais il faut souligner aujourdhui que le risque sur ce scénario est malheureusement à la baisse.
Plan de recapitalisation bancaire en Europe : le torpiller serait une erreur historique.
Nous pensons que la création dun fonds public de recapitalisation des
banques à léchelle de lUnion européenne -on parle dun fonds de
potentiellement 300bn- est un élément très positif dans la mesure où nous
ne pensons pas que lon pourra faire léconomie dune recapitalisation des
banques dans cette crise et lordre de grandeur invoqué nest pas hors
proportion. Le modèle économique qui voit une banque de 50bn de fonds
propres détenir un total dactifs de 1 000bn (levier de 20) ninspire plus
confiance aux investisseurs et cette perte de confiance ne va pas sestomper
avec limpact plus grand encore à venir du ralentissement économique sur
les comptes des banques. Rappelons quavec un levier de 20, une banque
qui subit une perte de 1% sur son actif voit ses fonds propres amputés
de
20%. Les réticences qui semblent se faire jour le concernant -et un
possible retour aux égoïsmes nationaux- nous semblent donc lourdes de
risques.
Nous restons pessimistes et cherchons toujours les signes
dune plus grande capitulation des marchés Actions : attention
au possible rebond technique de fin dannée sil a lieu
Si nous restons convaincus que laction des pouvoirs publics doit permettre
de venir à bout du risque deffondrement bancaire général, nous pensons
quune plus grande capitulation des marchés Actions -et du marché Actions
américain en particulier- est encore nécessaire pour nous permettre davoir
un message plus constructif. Le S&P 500 reste encore à 10%/15% de ses
niveaux traditionnels de correction depuis les points hauts du précédent cycle
haussier. En particulier, nous navons pas dappétit à ce stade pour les
secteurs de la cote les plus exposés au cycle économique.
Sur la base de ladoption du plan Paulson et de signes plus tangibles de
baisses des taux à venir en Europe et aux États-Unis, lon ne peut exclure à
court terme le scénario dun rebond technique et ce dautant plus que la fin
de lannée approche : nous pensons quil faut mettre à profit une telle
opportunité si elle se présente pour sortir plus complètement des
Financières, des Cycliques industrielles et des valeurs de consommation
discrétionnaire.