Week-end à Wall Street (Par Oddo) (Securibourse)
Week-end à Wall Street
Les évènements du week-end aux États-Unis montrent la sévérité de la crise
financière. Le problème, cest quil est difficile de penser que lon va en
rester là. La prudence reste de mise tant en termes dallocation dactifs que
de répartition sectorielle. La montée générale de laversion au risque
constatée ces derniers temps sur les marchés de change, les marchés de
taux et les marchés boursiers des pays émergents ne peut pas ne pas avoir
dimpact sur les marchés Actions dans la conjoncture actuelle
Un nouveau tournant dans la crise financière
Les évènements du week-end marquent un tour plus dramatique pris par la
crise financière désormais avec a) labsence de sauvetage de Lehman
déclaré en faillite, b) le rachat de Merrill Lynch par Bank of America à
quasiment la book value, c) la recherche accélérée par AIG de solutions de
sauvetage (aide de la Fed, cessions dactifs) et enfin d) la mise en place de
diverses actions visant à réduire le risque systémique de court terme
(relâchement par la Fed des règles régissant les collatéraux, création dun
fonds dentraide denviron $70 bn par les principales banques actives sur les
marchés US de capitaux).
La chute de Lehman (plus de $600 bn dactifs au bilan) montre lampleur de
la crise de confiance dans les actifs des banques dinvestissement supportés
par un levier financier conséquent. Ce nest pas un problème de trésorerie
qui a précipité la faillite de la banque américaine mais la perspective dune
dégradation conséquente de sa notation en labsence de possibilité de
recapitalisation. Dans la foulée du sauvetage des agences hypothécaires et
en attendant le sauvetage inéluctable de nombre de banques commerciales
régionales, les pouvoirs publics US nont pas souhaité venir à nouveau au
secours dune banque dinvestissement, faisant probablement le calcul que la
liquidation de Lehman était gérable en létat si de surcroît Merrill Lynch était
simultanément racheté.
La crise nest pas terminée, la prudence reste de mise
Nous nous garderions dinterpréter les évènements du week-end comme le
point final de la crise financière. Il reste maintenant à voir si la liquidation de
Lehman peut se faire en bon ordre (elle est dun autre ordre de grandeur que
celle de LTCM en 1998) mais surtout il reste à connaître le sort des
institutions financières dont le marché du défaut de crédit montre une perte
de confiance équivalente à celle constatée sur Lehman et Merrill Lynch : AIG
bien sûr mais aussi Washington Mutual et Wachovia. On peut aussi penser
quen labsence avérée dacheteurs potentiels à court terme, les banques
dinvestissement prises dans la tempête et faisant encore montre dun levier
financier important ne sont pas tirées daffaires.
À cela il faut ajouter le fait que la conjoncture bancaire ne peut saméliorer
rapidement, la crise immobilière ayant saisi la majorité des pays
industrialisés étant un phénomène lourd à forte inertie et qui saccompagne
maintenant dun ralentissement économique avéré pour lensemble de
léconomie mondiale.
Ces dernières semaines ont vu une recrudescence marquée de laversion au
risque sur les marchés financiers mondiaux avec la remontée du dollar et du
yen face aux devises favorisées il y a peu par le carry trade, la remontée des
spreads de la dette souveraine des pays émergents par rapport aux
obligations du Trésor américain et enfin la poursuite dune forte correction sur
les indices boursiers des pays émergents. Il serait très surprenant que les
marchés Actions aux États-Unis et en Europe ne la reflètent pas plus
visiblement dans la situation actuelle. Nous préconisons le maintien dune
attitude défensive tant en termes dallocation dactifs que de pondérations
sectorielles.