• Chronique du Lundi Matin ( 16-6-2008)

Bonjour à toutes et à tous

Après une rude période, voilà que les marchés ont initié un rebond en fin de semaine dernière, particulièrement marqué sur Wall Sreet, avec un Nasdaq qui a gagné plus de 2% sur la séance de vendredi.
Simple rebond technique> A ce stade, sans doute... Mais ce rebond montre simplement, une fois de plus, que les marchés n'arrivent pas à enfoncer certains seuils cruciaux, dans la zone des seuils du mois de mars dernier.

Actuellement, les entreprises ont annoncé leurs trimestriels, et dans l'ensemble ils ont été bons. Certes, nous ne sommes pas sur le rythme de croissance qu'était celui des années précédentes, mais les profits croissent encore et continuent souvent, de battre des records historiques. C'est le cas de Total par exemple, dont le titre pourtant, plombé par la lourdeur du marché, ne bouge pas.
Dans les semaines à venir, peu de résultats. Les marchés vont donc être réceptifs aux statistiques macro-économiques, et aux déclarations des uns et des autres, en particulier les gouverneurs des banques centrales. C'est pour cette raison que je n'envisage pas un vrai rebond à ce stade, mais à la rentrée.
On risque de rester tout l'été durant, entre 4400 (au pire des cas) et 5000 sur le CAC, avec une plus grande probabilité de fluctuer entre 4600 et 4900, pour aller vraiment rebondir en septembre, voire peut-être fin août, soit un an après le début du déclenchement des hostilités de la part des baissiers.

J'ai eu l'occasion d'échanger des points de vue avec différentes personnes, des professionnels des salles de marché, aux traders passionnés, en passant par des clients chevronnés. J'entends dire que les marchés ne rebondiront qu'en 2014, j'entends dire que ce sera en 2010 et pas avant, j'entends dire que le CAC redescendra à 2400 points, comme en 2003, j'entends dire que le rebond est pour la rentrée mais je n'entends pas dire que le CAC ira battre des records avant la fin de la décennie.
Cela reste pourtant mon point de vue, conforté par les récentes analyses du célèbre prévisionniste américain Harry Dent, qui avait prévu depuis 1994 le krach des années 2000, et qui dès 2004, prévoyait un grand marché haussier de plusieurs années. Il avait alors prédit un Dow Jones à 40.000 points pour la fin de la décennie. Devant réviser, comme tout le monde, à la baisse ses prévisions à la suite des subprimes, il se borne désormais à envisager le Dow Jones à 20.000 points. Une opinion que je partage. Non sans arguments ni sans fondements.
Transposée à notre CAC national, cette vision nous conduirait quelque part entre 8000 et 9000 points. Certes, on ne peut plus viser 10.000 après la crise récente qui a fait prendre beaucoup de retard mais je pense qu'à 8000 points, beaucoup de gens seraient déjà heureux!

Pourquoi donc demeure-je optimiste malgré la présence de tant de pessimistes sur le marché>

Pour plusieurs raisons :

1/Les entreprises françaises vont bien. Leur situation n'a rien à voir avec celle des années 2000, où elles étaient très endettées et déficitaires. D'ailleurs à cette époque elles ne donnaient pas de rendement. Pendant ce que j'appelle les 3 glorieuses, 2004, 2005, 2006, elles ont su tirer les fruits de la croissance et investir pour conquérir de nouveaux marchés. D'ailleurs l'investissement des entreprises reste aujourd'hui en Europe un moteur de la croissance, alors que la consommation va mal à cause de la baisse du pouvoir d'achat, dont nous avons parlé.
Une entreprise comme Renault est à citer en exemple : voilà une société qui a su en quelques années, multiplier par 2 ses capitaux propres, et donc réduire son gearing (dettes/fonds propres), conquérir de nouveaux marchés, et investir dans des outils de production modernes et économiques... Le Technocentre Renault créé il y a 10 ans va ainsi permettre une économie de 150 millions d'euros sur les véhicules. Cela ne peut que conforter les prévisions de 4.5€ de coupon l'an prochain, faisant de Renault, valeur phare du CAC40, un titre de très haut rendement (plus de 7%, soit 2 fois le livret A avec un risque très faible).
Total, Accor, et bien d'autres seraient aussi à citer dans ces lignes. Accor a su vendre ses murs au plus haut du cycle immobilier. N'est-ce pas là un signe de bonne gestion>
Les PME ne sont pas en reste. Alternext, qui a eu le vent en poupe en 2006 et 2007, est actuellement un champ de ruines où d'incroyables bonnes affaires subsistent. Bien sûr je pense à O2I, qui ne fait qu'accumuler les bonnes nouvelles et la croissance, alors que le marché reste aveugle à son égard... Mais je pense à de nombreux autres titres, étudiés en détail dans nos lettres la QF et la lettre PEPITES régulièrement.

2/La croissance des pays émergents ne va pas cesser. On a parlé de la Chine et l'Inde ces dernières années. Bien que la bourse chinoise ait baissé de 50%, comme je l'avais annoncé l'an dernier à Actionaria, ce pays continue de générer une masse colossale de liquidités, qui vont finir par affluer sur les bourse européennes et américaines à un moment donné, qui se rapproche. Les autres pays émergents comme le Brésil et la Russie vont bien sûr poursuivre leur croissance. On va aussi entendre parler de plus en plus du Vietnam et du continent Africain. Tous ces pays constituent autant de débouchés de choix pour les entreprises françaises. Regardez une société comme Air Liquide, qui tire tous azimuts sur ces marchés... Voilà autant de relais de croissance géographique pour les entreprises des grands pays occidentaux.

3/La hausse du pétrole déprime bien sûr les ménages, et leur consommation. C'est pour cela qu'il faut aujourd'hui éviter le secteur de la grande consommation au sens large. Mais cette hausse du pétrole génère des profits gigantesques qui sont réinvestis dans l'économie. Total a tout de même dépassé les 13 milliards de résultat net en 2007 et ce sera peut-être plus de 15 cette année! Les parapétrolières en profiteront, je l'ai déjà indiqué, mais au delà de cela, des recompositions sectorielles importantes se profilent, de vrais mouvements de concentration. Sur le transport aérien par exemple. On a longtemps dit que Air France était concurrencée par les compagnies low cost. Avec la hausse du baril, de nombreuses low cost, qui ont forcément des marges réduites, et visent la qualité, vont disparaître... A moins d'augmenter leur ticket de transport... Ce qui décrédibiliserait leur modèle. Air France va donc profiter de ce mouvement. Et pourtant quand on voit le parcours du titre Air France, on réalise que le marché ne voit pas plus loin. Et qu'il corrigera ses erreurs.
Renault, et les autres, vont pour leur part sortir de nouveaux modèles écologiques. Avec les incitations gouvernementales, les ménages finiront bien par acheter, par conséquent s'installeront de beaux relais de croissance pour les constructeurs automobiles.

4/La baisse du dollar ne peut pas durer éternellement. C'est elle qui a plombé les marchés, entre autres, depuis plusieurs mois. Les variations récentes des devises abondent dans mon sens. En effet, vous avez pu constater il y a 10 jours que l'effet M.Trichet, suite aux déclarations du gouverneur de la BCE, aura été de courte durée. L'euro a replongé la semaine dernière pour valoir moins de 1.54$ ce matin. Cette cassure va enfin pouvoir mener la devise européenne à 1.5$. Et plus bas par la suite. Je vise 1.4$ pour la fin 2008 et un retour à la parité dans 2 à 3 ans. Ce qui sera une très bonne nouvelle pour les entreprises françaises qui facturent en dollar.

Voilà donc 4 bonnes raisons de ne pas céder au pessimisme... Mes 4 raisons!
Le marché s'est focalisé sur une crise financière comme il y en a régulièrement. Celle-ci a porté le nom de subprimes. Même si un certain nombre de banques ont dispersé leurs provisions sur dépréciations d'actifs sur 2007 et 2008 pour ne pas accabler 2007.
S'étant focalisé sur une crise, certes sérieuse, mais pas très importante à l'échelle de l'histoire économique, le marché ne voit plus la réalité aujourd'hui. Le réveil baissier a été dur pour les haussiers... Le réveil haussier sera dur pour les baissiers! Un jour, on regardera la période actuelle, qui offre, en bourse, des rendements de 7 ou 8%, comme une période anormale de l'histoire et on dira que ceux qui ont su investir en 2008 ont pu vraiment s'enrichir. Mais quand tout le monde investira en même temps, il sera trop tard... C'est comme ça! Il vaut mieux avoir raison avant les autres que tort après les autres!

Voilà pourquoi je reste confiant. Vous êtes nombreux à vous interroger sur cet optimisme, vous avez donc mes réponses.

Partagez-vous mon optimisme pour les années à venir> OUI/NON
Ce sera l'objet du sondage de la semaine...
Très bonne semaine!
JDH