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... et pour provoquer la verve intempestive de Bimbo.
Traders : quand la testostérone s'en mêle
Des chercheurs de l'université de Cambridge viennent de montrer que les résultats boursiers des traders sont meilleurs lorsque ceux-ci ont des taux élevésde testostérone.
L'exubérance irrationnelle des marchés ou la grosse déprime des krachs boursiers pourraient bien avoir une origine hormonale. C'est avec cette idée en tête que John Coates, l'un des auteurs de l'étude et trader expérimenté sur le marché de New York, est revenu dans le monde académique à Cambridge en Grande-Bretagne, son université d'origine en Angleterre, pour mener une enquête sur l'importance des fluctuations hormonales sur les résultats boursiers.
Les résultats publiés dans les comptes-rendus de l'Académie nationale des sciences américaine (Pnas) (*) ont mis en évidence notamment que les traders avaient un fort taux de testostérone les jours où ils réalisaient le plus de bénéfice. Il avait observé les passeurs d'ordre pendant la crise des marchés asiatiques et lors de la bulle des valeurs technologiques à la fin des années 1990 : «Au-delà de tous les paramètres qui avaient pu être étudiés pour expliquer ces comportements, confie John Coates au Figaro, il y en avait un qui m'a paru essentiel mais complètement oublié, les hormones stéroïdiennes.» En effet, le cortisol est produit sous l'effet du stress par nos glandes surrénales, tandis que la testostérone, une autre hormone stéroïdienne produite par les testicules chez l'homme et dans une moindre mesure par les ovaires chez la femme, favorise la prise de risque.
L'ancien trader de Goldman Sachs et de la Deutsche Bank s'est alors lancé, avec le concours des facultés de neurosciences et de la Judge Business School de l'université de Cambridge, dans l'étude de ces deux hormones aux effets bien distincts. Il a demandé à dix-sept traders de la City de leur donner un échantillon de leur salive le matin à 11 heures et l'autre l'après-midi à 16 heures, sur une période de huit jours de travail consécutifs où tombaient d'importantes statistiques de l'économie américaine. Parallèlement, il avait accès aux performances boursières quotidiennes des traders volontaires.
Il apparaît que les jours où les traders avaient la concentration de testostérone la plus élevée étaient ceux où ils obtenaient les meilleurs résultats boursiers. Leur concentration en cortisol pouvait aussi connaître d'énormes variations dans une journée ou une semaine : elle grimpait en flèche lorsque le degré d'incertitude, dû à la volatilité des marchés, était le plus élevé. C'est-à-dire au moment où le stress était le plus intense.
Troubles du comportement
«Ces résultats nous intéressent beaucoup, car ils rejoignent ceux que nous avons obtenus chez des sportifs, commente Édith Filaire, chercheuse au laboratoire des activités motrices et adaptations physiques de l'université d'Orléans. Les judokas qui, juste avant les compétitions, ont une concentration salivaire en testostérone plus élevée que d'habitude vont plus loin dans les éliminatoires. Ce sont les moins stressés et ils ont développé une stratégie attentionnelle pour répondre au défi posé. Le taux de cortisol, lui, varie fortement dans le stress anticipatoire destiné à mobiliser l'énergie.»
Une injection de testostérone pourrait-elle doper les performances des traders > Non, s'empressent de dire les deux chercheurs, car le lien de cause à effet n'est pas établi et les équilibres hormonaux sont bien trop subtils pour être manipulés de la sorte. En revanche, de telles tempêtes hormonales, si elles persistent, peuvent conduire à des troubles du comportement.
Chez nombre d'animaux, la testostérone favorise l'agressivité. Mais son augmentation répétée lors d'une forte spéculation à la hausse pourrait induire, indiquent les chercheurs, une dépendance à la prise de risque et une impulsivité échappant à tout contrôle. De même, la présence persistante de cortisol, lors de fortes incertitudes boursières à la baisse par exemple, peut induire l'anxiété avec une tendance à exagérer les risques et à se rappeler uniquement les précédents négatifs : elle accentuerait alors les attitudes de repli excessif.
«Je ne sais pas pourquoi, précise John Coates, les traders sont dans la plupart des cas des hommes jeunes. Au vu de nos résultats, nous pensons que les emballements boursiers seraient probablement réduits si le profil endocrinien des traders était plus diversifié : des hommes d'âge mûr et des femmes, moins soumis à de forts écarts en testostérone, pourraient aussi faire ce métier.»
Ces travaux innovants doivent être reproduits et les conditions boursières actuelles semblent s'y prêter : «Maintenant, ce serait fantastique, assure John Coates.
(*) Pnas, 104, 6 167, publication du 14 avril 2008.
http://www.lefigaro.fr/sciences/2008/05/03/01008-20080503ARTFIG00023-tradersquand-la-te...
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Graham