l'économie de bulles selon J-P Petit (Securibourse)

par Graham ⌂ @, samedi 29 mars 2008, 16:56 (il y a 6079 jours)

Jean-Pierre Petit s'est plusieurs fois distingué par ses opinions originales sur l'économie nationale ou mondiale, souvent anticipatrices. Il y a quelques années, il avait en précurseur développé le concept de l'économie de bulles que depuis d'autres ont repris. Jean-Pierre Petit est directeur de la recherche économique à Exane BNP Paribas. Voici ses dernières interventions récentes. J'apprécierais vivement que L.Abadie veuille bien les éclairer de sa propre analyse.

http://www.boursorama.com/votreinvite/historique.phtml>page=1&news=5300594
http://www.agefi.fr/blogs/blogs_expert.aspx>id=20
http://www.easybourse.com/Website/interview/1000-jean-pierre-petit-exane-bnp-paribas.php

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Graham

l'économie de bulles selon J-P Petit

par Bimbo, samedi 29 mars 2008, 18:23 (il y a 6079 jours) @ Graham

» Jean-Pierre Petit s'est plusieurs fois distingué par ses opinions
» originales sur l'économie nationale ou mondiale, souvent anticipatrices.
» Il y a quelques années, il avait en précurseur développé le concept de
» l'économie de bulles que depuis d'autres ont repris. Jean-Pierre Petit est
» directeur de la recherche économique à Exane BNP Paribas. Voici ses
» dernières interventions récentes. J'apprécierais vivement que L.Abadie
» veuille bien les éclairer de sa propre analyse.
»
» http://www.boursorama.com/votreinvite/historique.phtml>page=1&news=5300594
» http://www.agefi.fr/blogs/blogs_expert.aspx>id=20
» http://www.easybourse.com/Website/interview/1000-jean-pierre-petit-exane-bnp-paribas.php

Merci d'avoir fait un travail de déblaiement et de recherches. Un point de vue moins bad que celui de labad. Voire quasiment optimistic :-D J'aime bien ça :-D

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par velise, samedi 29 mars 2008, 23:21 (il y a 6079 jours) @ Bimbo

la planète finance se prépare au rebond des marchés

yves de kerdrel

- au moment où les economistes et les investisseurs s' interrogent sur les risques de récession, le journal des finances fait un point complet sur l' etat de l' economie mondiale :

- cela fait maintenant sept mois que la planète finance est totalement désorientée. elle est sortie de son orbite. tous les mécanismes qui la faisaient tourner comme une horloge semblent subitement déréglés. et il ne s' agit pas que d' allégories. il faut bien réaliser que, depuis sept mois maintenant, des marchés entiers sont fermés. par exemple le marché de la titrisation, qui apporte bon an mal an près de 300 ou 400 milliards d' euros aux etablissements bancaires en soulageant leurs bilans. le marché du private equity, et donc de la dette l.b.o., est totalement fermé, et personne ne le voit désormais redémarrer avant au moins six mois. bref, ce phénomène est inédit. il résulte toujours de la crise des subprimes qui a éclaté au tout début de l' été 2007 et dont les conséquences ont entraîné un effet en chaîne : crise de liquidités, crise de capital sur les banques, maintenant crise du crédit. et toute la question est de savoir si tout cela va dégénérer en une vaste crise economique ou bien si les deux forces de gravitation de la planète vont suffire à la remettre dans son orbite : d' une part la baisse forte et rapide du loyer de l' argent et d' autre part la croissance soutenue des pays emergents.

- pour bien répondre à ces questions, il faut reprendre les différentes crises qui se sont succédé depuis juillet et mesurer leurs conséquences réelles.

1. la crise des subprimes. il y a un an exactement le f.m.i., le premier, tirait la sonnette d' alarme sur ces prêts immobiliers pratiqués à des taux usuraires auprès d' une clientèle peu solvable et rapidement sortis des bilans des banques par le mécanisme de la titrisation. a cette époque-là l' institution internationale estimait le montant des pertes potentielles de ceux qui détenaient ces titres à environ 100 milliards de dollars. depuis, les estimations ont largement évolué et progressé, pour atteindre 400, voire 500 milliards de dollars. ces chiffres sont " sans doute exagérés ", d' autant que les mesures annoncées par george bush et son secrétaire d' etat au trésor afin de relancer l' economie américaine vont contribuer à resolvabiliser une partie des ménages concernés. donc, logiquement, la facture finale pourrait être de 350 milliards de dollars. et si l' on estime que les banques ne détiennent pas plus de la moitié de ces pertes virtuelles, cela représente donc 175 milliards de dollars, alors qu' elles n' en ont encore révélé que 100 milliards.

- la conclusion de ces calculs, c' est que les annonces de pertes sur subprime vont désormais avoir tendance à diminuer et à s' espacer. surtout le risque d' une faillite bancaire est écarté. et l' ensemble du système bancaire international devrait se reconstituer. certes avec des plaies et des cicatrices. mais le pire est terminé de ce côté-là.

2. la crise de liquidités semble d' ailleurs se résoudre. d' abord, parce que les banques centrales ont injecté lorsqu' il l' a fallu l' argent nécessaire dans le circuit monétaire. ensuite, parce que la disparition progressive des boîtes noires dans les différents etablissements bancaires de la planète redonne confiance aux prêteurs, qui remettent eux aussi des liquidités dans le circuit.

3. la crise de capital est apparue plus tardivement, c' est-à-dire à l' automne 2007, lorsque les banques se sont rendu compte que les pertes subies allaient réduire leurs fonds propres, et donc leur capacité à prêter de l' argent. puisque les règles prudentielles internationales prévoient que lorsqu' une banque veut prêter 100 dollars, elle doit avoir 8 dollars en fonds propres dans son bilan. c' est pour résoudre cette crise de capital que les fonds souverains du golfe persique ou du sud-est asiatique ( voir le planisphère ) ont injecté des capitaux dans merrill lynch ou citigroup. c' est pour cette même raison que la societe generale procède aussi vite à une augmentation de capital de 5,5 milliards d' euros.

4. la crise de crédit. elle a déjà commencé. naturellement les banques ont tout de suite resserré le robinet du crédit, tant auprès des entreprises que des particuliers, en dépit des injonctions des pouvoirs publics. et c' est là où aujourd' hui réside l' interrogation principale. va-t-on assister ou non à un credit crunch, notamment aux etats-unis, qui verrait l' argent ne plus irriguer les circuits économiques traditionnels. c' est la principale question qui peut faire basculer le monde dans la crise économique.

5. la crise economique, disons-le tout de suite, " nous n' y croyons pas ". peut-être l' avenir nous donnera-t-il tort. mais après avoir rencontré de multiples experts français et etrangers, notamment américains, nous pensons que la f.e.d. fera tout ce qu 'il faut pour éviter que l' amérique ne tombe dans la récession. si bien que seul un ralentissement frappera la première puissance mondiale cette année. voilà les raisons pour lesquelles " l' issue " de la crise financière qui a ébranlé le monde est " proche ".

i. la réserve fédérale va continuer à desserrer sa politique monétaire en diminuant ses taux sans doute jusqu' à 2,00 %, peut-être même jusqu' à 1,00 % si la situation se révèle plus tendue que nous le croyons. ce geste aura trois conséquences. d' abord, il va redonner confiance aux américains et resolvabiliser les débiteurs. ensuite, cela va permettre au dollar de rester faible, et donc les exportations vont rester dopées. enfin, et surtout, cela va permettre aux banques de reconstituer leurs marges de crédit. elles pourront donc une fois de plus irriguer l' economie en crédits nouveaux à taux décents, tout en refaisant rapidement des profits.

ii. cette mécanique du crédit est essentielle pour les etats-unis qui ne fonctionnent que sur le crédit, c' est-à-dire sur la conviction que demain sera meilleur qu' aujourd'hui. il s' agit notamment de soutenir non pas le bâtiment qui repartira tout seul, une fois que le bas de son cycle aura été atteint, mais le crédit à la consommation. car cette consommation représente à elle seule plus des trois quarts de la création de richesse aux etats-unis. par ailleurs, c' est en partie d'elle que dépend aussi le taux de croissance exponentiel de la chine.

iii. a partir du moment où le tapis de la consommation ne disparaît pas sous les pieds des américains, l'économie américaine peut afficher en 2008 un taux de croissance de 1,5 %, comme l' anticipe le f.m.i. dans ses prévisions les plus récentes. et cela fait disparaître les scénarios catastrophes qui créent un climat anxiogène et qui justifient la décote de 10 à 15 % des actions sur leur valeur théorique.

iv. - dans la mesure où apparaît la certitude que le pire est écarté, le mouvement des fusions- acquisitions va reprendre très vite, en commençant naturellement par le secteur bancaire. c' est la raison pour laquelle une cellule de crise a d' ores et déjà été installée au siège du < groupe b.n.p. paribas > pour examiner toutes les opportunités, à commencer par b.n.p. paribas. c' est aussi la raison pour laquelle les fonds souverains sont entrés avec autant d' empressement au capital des banques américaines, de manière à être aux premières loges lorsque les hostilités débuteront.

v. même si la croissance mondiale est atteinte, et c' est normal qu' elle le soit compte tenu des pertes reconnues, des destructions de valeurs réalisées ou de la diminution de près de 4.000 milliards de dollars de la valeur des bourses mondiales, les marchés financiers devraient vite prendre conscience qu' ils sont en situation de « survente ». un phénomène dû notamment aux opérations réalisées par les hedge funds, et qui disparaîtra très vite. et comme nous l' annonçons depuis le début de l' année, le potentiel de rebond des principaux marchés est de l' ordre de 10 à 15 %.

vi. ce potentiel est d' autant plus fort que les principales entreprises industrielles et commerciales n' ont été affectées en rien par cette crise purement financière. d' abord, parce qu' elles n' avaient pas besoin de liquidités. ensuite, parce que leurs activités sont largement réparties dans le monde et parfaitement équilibrées entre les pays matures et les pays émergents. cela s' observe partout dans le monde. jamais, jusqu' à ce jour, la déconnexion entre l' économie réelle et l' économie financière n' a été aussi flagrante. et si tel est le cas, c' est parce que cette crise intervient à un moment où les entreprises affichent dans l' ensemble des bilans très sains et peu de dépendance à l' égard des banques.

- voilà les raisons qui justifient un optimisme relatif, et surtout le conseil de revenir sur le marché lorsqu' il flirte avec les 4.700 points, pour viser les 5.200 points. en tout cas dans un premier temps.

- revenir progressivement sur le marché en profitant des mouvements de volatilité à la baisse, de manière à jouer un rebond qui pourrait être " rapide ", autour des 5.200 points à court terme. en privilégiant les valeurs sans dettes et bénéficiant d' un fort autofinancement.

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par labadie ⌂ @, Chaloupe St-Leu, La Réunion, dimanche 30 mars 2008, 05:48 (il y a 6078 jours) @ velise

Bonjour, j'ai déjà donné mon point de vue...
Ces deux articles reflètent bien la psychologie actuelle des analystes :
Après avoir nié en 2007 l'existence d'une crise qu'ils n'ont pas vu venir, à présent qu'ils l'ont sous leur nez, ils passent à une autre étape de leur aveuglement :
Pendant cette étape (j'en avais aussi parlé), ils vont la qualifier de "mild-short recession" cad de petite crise temporaire, que la FED et les pouvoirs publics pourront inverser. Ils n'avancent aucun argument précis et sérieux pour nous montrer que la FED a un quelconque pouvoir sur ce qui se passe, ils se contentent d'affirmer que c'est une crise courte, et en déduisent des tas de choses merveilleuses pour la suite.

Toute l'histoire économique sur les bulles de crédit passées est là pour démontrer le contraire, à chaque fois tout a été essayé, taux 0 + interventions publiques massives...échec total.
La dette publique du Japon en 1991 était à environ 60% du PIB (très proche de celle des US aujourd'hui), elle est passée à plus de 135% ajd à la suite de n plans de sauvetages et de relance. Voilà le résultat de ces interventions massives :

http://www.chartsrus.com/chart.php>image=http://www.sharelynx.com/chartstemp/free/ch...

Le pb est pourtant simple, ce sont les 4000 milliards de $ annuels d'expansion de la dette. Ils vont manquer à l'appel prochainement, et personne ne peut rien y faire :
En face de cela, le bilan de la FED est de 900 milliards de $. Elle en a déjà utilisé 1/3 et 60% de sa marge en baisses de taux...pour un résultat bien maigre et que chacun connaît.
Si les pouvoirs publics US laissent filer le déficit public à 5-6%/an pour prendre le relais d'une FED à court de munitions, ça amènera qq centaines de milliards de $ en plus dans le système, très insuffisant également pour régler le pb à 4000 milliards. Et c'est la marge de manoeuvre maxi dont ils disposent...au delà il y aura perte de confiance totale et panique sur le $ et l'état US ne pourra plus rien emprunter et sa marge de manoeuvre deviendra nulle.

Rien ne pourra empêcher ama la crise systémique de s'installer, et la "mild-recession" actuelle de devenir une dépression sévère dans les années à venir, il faut arrêter de croire qu'on peut vivre pendant 20 ans au dessus de ses moyens, avec une dette qui grossit 3 ou 4 fois plus vite que le PIB, et qu'ensuite l'ardoise va être effacée par une récession gentillette de qq mois...Sur quelle planète ces analystes vivent-ils >

Sur le rebond du CAC à 5000 ou 5200 enfin, pourquoi pas, les conditions éco actuelles sont encore peu dégradées hors immo et finances : la consommation US résiste, le crédit global est encore en expansion, les anti-douleurs made in fed peuvent soulager temporairement (les spreads de crédit sur le marché hypothécaire ont d'ailleurs diminué un peu depuis la mi-mars), donc il y a de la place pour un rebond technique, et on pourrait voir se généraliser le consensus sur la "mild-short recession"...jusqu'à ce que les faits réels rattrapent les optimistes !
Si ce rebond se produit (je l'espère), je me ferai un plaisir de le shorter massivement, dès que j'entendrai suffisamment d'analystes nous expliquer que "le pire est passé", que "Les interventions de la FED ont réussi à écarter tout risque de crise systémique" et que "les marchés ont retrouvé le chemin de la hausse"...pour l'instant j'ai soldé mes BX et suis surtout liquide, parce qu'il y a effectivement des chances sérieuses que le rebond technique en cours aille plus loin.

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Vous êtes d'accord sur un point!

par jmp ⌂ @, Boulogne/Mer, dimanche 30 mars 2008, 09:00 (il y a 6078 jours) @ labadie

Yves de Kerdrel:
- voilà les raisons qui justifient un optimisme relatif, et surtout le conseil de revenir sur le marché lorsqu' il flirte avec les 4.700 points, pour viser les 5.200 points. en tout cas dans un premier temps.
Loïc:
Sur le rebond du CAC à 5000 ou 5200 enfin, pourquoi pas, [...]donc il y a de la place pour un rebond technique

Est-ce que ce n'est justement pas ça qui est inquiétant> Parce que si les analystes de tous bords sont d'accord qu'à court terme, ça va remonter, là je me méfie.
:-D

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jean-marie

Merci pour cet Avis, Loïc.

par Graham ⌂ @, dimanche 30 mars 2008, 13:00 (il y a 6078 jours) @ labadie
édité par Graham, dimanche 30 mars 2008, 13:03

Je n'accorde aucun crédit à Yves de Kerdrel. Depuis plusieurs mois, il ne cesse de prodiguer une suite de lieux communs qui ont tous été superbement déjoués. Je crois bien qu'il ne comprend rien à la crise actuelle. Je m'étais, il y a quelques mois, soulevé contre les conseils qu'il diffusait avec beaucoup de force comme éditorialiste du JDF (il est à l'achat fort depuis juillet sur quasiment tout).
J'accorde, par opposé, beaucoup de crédit à J-P Petit. Ses vues sont souvent pertinentes. Souvent, il nomme conceptuellement, parmi les premiers, ce que d'autres ne comprennent que confusément. Je crois retrouver dans ses avis les mêmes conclusions auxquelles je parviens. Je suis convaincu comme vous que toutes les conditions techniques d'une terrible dépression préexistent et sont là en puissance. A la différence et contrairement à vous que je ne crois pas que les conditions techniques suffisent à la réalisation de cette dépression. Le ressort d'une telle dépression me parait devoir être d'abord psychologique: les agents économiques doivent en être persuadés et paniqués. Or, ce n'est premièrement point le cas. Ensuite, personne ne veut s'en convaincre parce que cela nuirait à tous. L'économie obéit à des principes assez semblables à la guerre. Il n'importe pas d'être le plus puissant globalement. Il importe de disposer d'une concentration de forces aux points les plus sensibles pour vaincre. Or, encore une fois, c'est ce que j'observe. Tous les grands agents concentrent leurs moyens vers un même point: la préservation du système financier mondial. Je crois qu'il le sera. D'ailleurs, il me semble que vous-mêmes concéder volontiers qu'il peut être sauvé sans trop de difficultés. Reste la possibilité ou non de consommer et d'investir des agents. Ce qui revient à envisager la possibilité ou non d'au moins entretenir la production de biens et services américaine et plus globalement mondiale actuelle. J'observe assez peu de dépendance des entreprises envers le système financier. Je n'observe pas comme vous au niveau des individus une si grande précarisation qui induirait un fléchissement fort de la consommation. Pareillement, pour qu'il y ait baisse sensible de la consommation, il faudrait que les individus y soient contraints. On ne change pas des habitudes acquises sur une vie sauf nécessité. Je n'observe pas une telle nécessité, sauf pour quelques agents trop imprudents les dernières années. Le crédit hypothécaire préservé aux USA, ce qu'il semble pouvoir être, le système financier sauvé, les marges des banques restaurées, des intérêts de prêts à la consommation abaissés, tout cela me parait pouvoir conduire à au moins la stabilisation de la consommation des agents et donc à la préservation du fonctionnement du système globalement. J-P Petit a défini le fonctionnement du capitalisme patrimonial mondial comme reposant sur le principe d'économies de bulles. Je le rejoins dans sa conclusion provisoire. Par opposition, je suis persuadé que force fait inéluctablement nécessité à la fin et donc que la crise actuelle est prémisse d'une plus grande qui surviendra plus tard: celle que vous concevez. Notre différence tient en ce que vous la pensez inévitable actuellement quand je pense plutôt que cette économie de bulles peut-être perpétuée quelques nombreuses années. Je finis sur un point qui tempérera votre réaction à l'égard de l'analyse de J-P Petit: il a malgré tout admis la possibilité importante d'une crise systémique dès aujourd'hui, même si ce n'est pas son scénario principal.

Bon W-E.

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Graham

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JP Petit versus Y de Kerdrel

par jmp ⌂ @, Boulogne/Mer, lundi 31 mars 2008, 09:55 (il y a 6077 jours) @ Graham

Je suis d'accord avec toi, Graham, qu'on ne peut pas mettre dans le même panier les deux analystes (comme le fait Loïc). J'ai lu le bouquin que JP Petit a publié en 2003 ("La bourse - Rupture et renouveau" publié chez Odile Jacob) et la conclusion générale sur les impressions et espoirs trois ans après l'éclatement de la bulle est toujours pertinente même si la décrue immobilière qu'il prévoyait imminente n'arrive que maintenant.

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jean-marie

décrue immobilière ?

par Graham ⌂ @, dimanche 06 avril 2008, 19:57 (il y a 6071 jours) @ jmp

» même si la décrue immobilière qu'il prévoyait imminente n'arrive que maintenant.

Non JMP.
Son scénario principal intégrait une baisse de la valorisation immobilière de 50% principalement par le biais de l'inflation sous-jacente.
Ainsi s'il y avait, disons 3% d'inflation par an pendant 15 ans, avec stabilisation des prix immobiliers, la destruction de valeur réelle correspondrait à -35%. Pour lors, il ne peut pas être envisagé de baisses fortes en valeur nominale de l'immobilier d'habitation. Pour cela, il faudrait ensemble stagnation ou quasi stagnation des salaires, augmentation des stocks, hausse nette des taux d'emprunts, réunis. Ce n'est pas le cas, et il ne semble pas que cela le sera à court ou moyen terme. Nous nous orientons, donc, plutôt vers le scénario de destruction de valeur à long terme par l'inflation. Ce qui va à l'encontre de l'opinion reçue que l'immobilier est un bon rempart contre l'inflation. Cette idée est juste mais seulement à très long terme. Aujourd'hui la période d'inflation a été précédée par la constitution de la bulle. L'immobilier ne remplira donc pas, à partir des prix actuels, son rôle de refuge contre l'inflation pour au moins les dix prochaines années.

Cordialement

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Graham

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Il doit être trop tard pour moi

par jmp ⌂ @, Boulogne/Mer, dimanche 06 avril 2008, 22:23 (il y a 6071 jours) @ Graham

» Non JMP.

Je ne comprends pas en quoi tu n'es pas d'accord sur la baisse de l'immobilier que JP Petit attendait en 2004 et qui ne commence que maintenant...

Je regarderai ça demain à tête reposée

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jean-marie

résolution de crise selon J-P Petit

par Graham ⌂ @, jeudi 09 octobre 2008, 10:38 (il y a 5885 jours) @ Graham

http://www.boursorama.com/votreinvite/interview.phtml>news=5946352

Jean-Pierre Petit (Exane BNP-Paribas) : « Le temps presse »
Les autorités politiques ont trop tardé à agir et nous sommes toujours en présence d'un risque global. Cette crise est d'abord la conséquence de la folie immobilière des années 2000 selon Jean-Pierre Petit, directeur de la recherche économique et de la stratégie d’investissement d'Exane BNP-Paribas.

Après la chute historique du Cac 40 lundi (-9,04%), la timide reprise mardi (+0,55%) n’a convaincu personne alors que les marchés repartaient à nouveau en forte baisse mercredi matin. L’inquiétude domine toujours, notamment à propos des banques européennes. La crise a t-elle franchi un nouveau palier >

Jean-Pierre Petit : Incontestablement, nous assistons à un perte générale de repères. Avec le « lâchage » de Lehman Brothers le 15 septembre, les autorités publiques américaines ont joué avec le feu et semblent depuis continuellement en retard sur les évènements. Remarque identique pour les autorités européennes, malgré les timides avancées obtenues lors du sommet du G4 le week-end dernier à Paris. Le "deleveraging" et les ventes de détresse expliquent l’essentiel de la baisse.

Doit-on redouter une crise bancaire majeure en Europe >

J-P.P : Certaines banques sont plus exposées que d’autres mais nous sommes en présence d’un risque global, potentiellement systémique. Le risque systémique concerne autant les établissements américains qu’européens. Il est particulièrement renforcé par les vecteurs d’accélération du stress que sont les dérivés de crédit, le "mark to market" et le fait que cette crise est multiforme, touchant une multitude d’acteurs et d’actifs.

Pourquoi le vote du plan Paulson n’a t-il pas réussi à rassurer les marchés >

J-P.P : Parce qu’il y a eu trop de précipitations, d’où notamment l’échec du premier vote et de nombreuses contestations. Même des experts avisés comme Bernanke (le gouverneur de la FED) et Paulson (le secrétaire d’Etat au Trésor) ont été pris de court. Maintenant, il faut attendre que la structure de défaisance se mette en place. Or, l’histoire montre que le temps perdu coûte très cher dans la résolution des crises bancaires. Plus on attend et plus l’addition sera salée. La crise bancaire japonaise a coûté 25% du PIB de l’archipel nippon car aucune solution globale n’avait été mise en place avant 1997/1998.

Faut-il également que la BCE baisse ses taux pour ramener la confiance en Europe >

J-P.P : La BCE aurait du baisser ses taux il y a un an. Aujourd’hui, les marchés demandent surtout une baisse coordonnée des taux entre les banques centrales des grands pays riches et, pourquoi pas, des pays émergents. Si cela ne suffit pas, d’autres mesures sont à prendre comme une nouvelle augmentation du bilan des banques centrales, un nouveau plan de relance budgétaire aux Etats-Unis ou d’autres mesures plus techniques (allègement des normes comptables par exemple).

Quelle stratégie adopter sur les marchés >

J-P.P : Je ne conseillerais pas aux particuliers d’intervenir dans cette conjoncture boursière. Ce sont des marchés de « panic selling ». Et la résolution de la crise sera laborieuse et lente. Sans compter que les semaines folles que nous avons vécues ne resteront pas sans dommages collatéraux sur l’économie réelle. Outre l’assèchement des marchés monétaire et du crédit, la confiance des entreprises et des ménages restera gravement détériorée par cette crise, ce qui va amplifier les comportements précautionneux de leur part.

Vous écriviez en septembre 2005 que la bulle immobilière constituait « une bombe à retardement » pour l’économie mondiale. La baisse du marché immobilier en Europe ne fait-elle que commencer selon vous >

J-P.P : A l’origine de toute cette crise figure bien sûr la bulle immobilière (Etats-Unis et de nombreux pays européens) qui n’aura abouti qu’à favoriser la rente, creuser les inégalités intergénérationnelles, fabriquer de la dette des ménages (et maintenant de la dette publique pour renflouer les pertes), du déficit extérieur tout en menaçant de faire imploser le système financier international. Avant de s’attaquer aux hedge funds, aux agences de notation ou aux parachutes dorés, la volonté de prohiber les bulles immobilières devrait constituer un objectif public prioritaire, ce qui impliquerait notamment que les banques centrales intègrent les prix immobiliers résidentiels dans leurs objectifs.

Propos recueillis par Julien Gautier

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