Les canards boîteux se multiplient 10/03/2008 16:04 (Securibourse)

par kisscool, lundi 10 mars 2008, 16:09 (il y a 6098 jours)

Spencer Jakab
DOW JONES NEWSWIRES


NEW YORK (Dow Jones)--Wall Street a vu tant de sursauts de valeurs moribondes l'an dernier que les rebonds des marchés d'actions semblent de plus en plus suspects.
Le rebond observé récemment depuis les plus-bas de janvier s'est avéré aussi éphémère que tout le reste, les inquiétudes liées au crédit ayant repris de plus belle et la lueur d'espoir suscitée par les indicateurs économiques au début de la semaine ayant été balayée par des statistiques très décevantes sur l'emploi.
"Les canards boîteux dont il faut se délester sont de plus en plus nombreux, et c'est justement quand on pense sa tâche accomplie, qu'ils font des petits," observe Georges Yared, directeur de la stratégie d'investissement de Yared Investment Research. "En ce moment, rien ne sert de se hâter à retourner sur les marchés d'actions."
Il est bien évidemment impossible de distinguer le sursaut d'un marché à tendance baissière, d'une véritable reprise, sauf a posteriori.
Selon Chris Watling de Longview Economic Research, le rebond d'un marché baissier dure en moyenne 30 séances, la fourchette normale allant de 15 à 45 jours de bourse, avec un regain de 9,7%, rendant la dernière reprise et les trois précédentes - celles commençant mi-mars, mi-août et fin novembre 2007 - plutôt ordinaires.
Les pessimistes ont d'innombrables excuses pour ne pas changer d'avis et anticiper de nouvelles pertes, la dernière en date venant des statistiques sur l'emploi non agricole, en baisse de 63.000 postes, alors qu'on attendait une croissance modérée.
Ian Shepherdson, chef économiste au cabinet High Frequency Economics, a écrit que "les tendances sous-jacentes sont horribles, et le pire à venir", faisant remarquer que de nouvelles baisses des taux d'intérêt par la Fed sont désormais à prévoir.
La recette d'une reprise des actions réside généralement dans un regain de pessimisme, suivi d'une nouvelle libératrice, qui permet aux actions d'"escalader un mur d'inquiétudes".
Mais la crise actuelle dictée par un marché du crédit très opaque fait craindre des pertes en cascades, les problèmes ne se cantonnant pas à une poignée d'institutions et ne pouvant se résoudre au moyen du seul sauvetage de l'une d'entre elles en particulier, à la différence de la crise de gestion des capitaux à long terme des années 1990.
"Elle dure bien plus longtemps que la crise de gestion des capitaux à long terme et semble plus étendue," a précisé Georges Yared. "Je déteste dire ça, mais, il semble que cette crise doive déboucher sur le naufrage d'une grande institution et appelle un cataclysme, pour que l'on puisse en voir le bout."
Il pourrait s'agir d'un événement aussi grave que le démantèlement de Citigroup Inc. (C), ou peut-être de quelque chose de moins extrême. Les résultats de Lehman Brothers Holdings Inc. (LEH), Goldman Sachs Group Inc. (GS) et Morgan Stanley (MS), attendus pour la fin du mois, pourraient toutefois apporter une lueur d'espoir, même si ceux parus récemment ne sont guère satisfaisants.
En règle générale, les actions chutent fortement avant la parution de statistiques aussi mauvaises sur l'emploi, accusant une perte de 7,8% en moyenne dans les trois mois précédents, contre 9,7% vendredi avant l'ouverture.
Les analystes ont examiné les cas précédents, où se sont succédées des statistiques négatives sur l'emploi après une période d'au mois une année de création d'emplois.
Ils ont découvert à l'issue de leurs recherches que trois mois et six mois plus tard, l'indice S&P 500 évoluait en territoire positif cinq fois sur sept, pour une hausse moyenne de 3,7% et 9,4% respectivement. Un an plus tard, dans six cas sur sept, les titres prenaient en moyenne 15,5%.
Même si le S&P 500 a désormais enfoncé son plus-bas du 22 janvier, ce n'est pas le cas de l'indice Dow Jones des valeurs industrielles.
Le stratège Georges Yared a d'ailleurs fait observer que le plus-bas en séance à 11.508 points, qui se situe à environ 4% du niveau actuel, pourrait servir de seuil décisif pour les institutions financières en leur fournissant un signal d'achat fort, qui fait tant défaut à ce jour.
Avant cela, les inquiétudes pourraient gravir au moins un échelon supplémentaire.
"Ce n'est qu'une fois que tout semble plongé dans les ténèbres que l'aube commence à poindre à l'horizon", a précisé M. Yared.
-Spencer Jakab, Dow Jones Newswires


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