attention les Bears attaquent .......... (Securibourse)

par malfougasse, dimanche 02 mars 2008, 13:02 (il y a 6106 jours) @ malfougasse

Petit rappel pour ceux qui ne sont toujours pas convaincu .....


Perspectives économiques américaines : Apocalypse Now
Alors que le dollar bat des records de faiblesse face à l'euro, les analyses de certains observateurs sont de plus en plus sombres. Dans une présentation à la Commission de Finances de la Chambre des représentants, le professeur Nouriel Roubini a décrit un tableau apocalyptique de la situation.

Nouriel Roubini est professeur d'économie à la Stern School of Business de la New York University.
Alors que le dollar bat des records de faiblesse face à l'euro, les analyses de certains observateurs sont de plus en plus sombres. Dans une présentation à la Commission de Finances de la Chambre des représentants, le professeur Nouriel Roubini a décrit un tableau apocalyptique de la situation.

Nouriel Roubini est professeur d'économie à la Stern School of Business de la New York University. C'est un homme respecté qui a eu le bonheur de prévoir les difficultés économiques américaines, notamment l'éclatement de la bulle immobilière et ses conséquences sur la sphère financière américaine.

Mardi, il a été invité par la Commission des Finances de la Chambre des Représentants à donner son avis sur la situation actuelle. Il a décrit en douze points la possibilité d'un effondrement systémique du système financier. En premier lieu, Nouriel Roubini remarque que la récession de l'immobilier est la pire de l'histoire américaine. Il envisage une baisse des prix des logements comprise entre 20% et 30% par rapport au niveau précédent l'éclatement de la bulle. Cela se traduirait par une évaporation de 4000 à 6000 milliards de dollars du patrimoine des ménages américains.

Dans l'hypothèse d'une baisse de 30% de la valeur des logements, 10 millions de ménages seraient dans une situation de "negative equity" : ils devraient à leur banque plus, voire beaucoup plus, que la valeur de leur maison. D'où des perspectives de faillites personnelles et de faillites de promoteurs immobiliers.

Deuxième point, l'estimation des pertes liées au crédit "subprime" sont comprises entre 250 et 300 millions de dollars. Toutefois, il y a un effet de contagion sur l'ensemble des crédits hypothécaires, surtout sur la partie titrisation. Comme ce marché est fermé, les banques ne peuvent pas distribuer du crédit, même aux bons emprunteurs. La crise n'est pas limitée aux Etats-Unis : elle s'est répandue mondialement.

Troisième point, la récession va provoquer des problèmes de défaut sur d'autres formes de crédit à la consommation : carte de crédit, prêt automobile, prêt étudiant, tous étant titrisés. Selon le sondage organisé par la FED auprès des directeurs de crédit des établissements bancaires, la raréfaction du crédit ("credit crunch") se répand sur les prêts à l'habitat, puis sur les crédits à la consommation, puis sur les grandes banques et enfin sur les petits établissements (même s'ils sont bien gérés).

Quatrième point, on ne peut pas exactement connaître les pertes que devront supporter les rehausseurs de crédit ("Monoline"). Elles sont certainement supérieures au package de recapitalisation (10 à 15 milliards de dollars) que les régulateurs tentent de mettre sur pied. D'après Nouriel Roubini, le rating AAA accordé aux "Monoline" n'est pas justifié. Cela peut se traduire par de nouvelles provisions bancaires de 150 milliards de dollars.

Cinquième point, l'immobilier commercial et d'entreprise va lui aussi s'effondrer. Les pratiques bancaires dans ce domaine étaient aussi insouciantes et dangereuses que dans l'immobilier résidentiel. Bientôt, plus personne ne va vouloir construire de surfaces commerciales, de bureaux et de magasins dans des villes devenues fantômes.

Sixième point, Nouriel Roubini n'écarte pas la faillite d'une grande banque américaine exposée au risque immobilier (déjà 200 préteurs "subprime" ont fait faillite). Et de craindre une évolution similaire à Northern Rock, en Grande Bretagne, avec une panique des déposants. La FED devra donc confirmer que la doctrine "too big to fail", (trop grosse pour faire faillite) sera respectée. Et de noter que Countrywide a reçu pour 55 milliards de dollars de financement de la Federal Home Loan Bank (FHLB), un organisme semi-public.

Septième point, les pertes des banques liées aux activités de financement des LBO ("leveraged buyout") sont déjà conséquentes et augmentent. Les établissements bancaires portent sur leur bilan des prêts qui, au mieux, valent 90% de leur valeur nominale et souvent moins. Les LBO réalisés avec un endettement représentant sept à huit fois le cash flow de l'entreprise pourraient être les premiers touchés.

Huitième point, avec la récession, le taux de défaut des entreprises (celles qui ne peuvent plus honorer leurs dettes) va augmenter. De 1971 à 2007, le taux moyen était de 3,8% mais entre 2006 et 2007, il est tombé à 0,6% (sans doute un effet de l'abondance de crédit pendant ces deux années). Or, généralement, le taux de défaut remonte à 10% pendant une récession classique. Aujourd'hui, Nouriel Roubini envisage un taux nettement supérieur avec un impact important sur le marché des dérivés de crédit (CDS, Credit Default Swap). L'encours des CDS est proche de 50.000 milliards de dollars ; les pertes potentielles seraient de 20 à 250 milliards de dollars.

Neuvième point, le système financier fantôme ("shadow financial system"), composé par les établissements ou organismes non-bancaires (donc non réglementés par la FED) va avoir des problèmes. Son principe ayant été d'emprunter des ressources à court terme pour financer des emplois (investissements) à long terme, il est maintenant acculé au mur. A la différence des banques, il n'a pas accès aux facilités de financement de la Réserve Fédérale, notamment le guichet de l'escompte. Son sauvetage en sera d'autant plus difficile et Nouriel Roubini n'écarte pas la faillite de plusieurs Hedge Funds, de plusieurs Sicav Monétaires (dites dynamiques), voire d'une ou deux banques d'affaires.

Dixième point, les marchés boursiers mondiaux vont s'ajuster aux perspectives d'une sévère récession américaine. Et de prévoir un marché baissier persistant (baisse de 28% de l'indice Standard and Poor's des 500 valeurs), la faillite de quelques Hedge Funds et une contagion globale sur les autres places boursières.

Onzième point, la raréfaction du crédit va s'amplifier et aura des conséquences néfastes sur la liquidité de plusieurs marchés financiers. Cela se traduira par une vive remontée du prix du risque (manque de confiance entre contrepartie, hausse des spreads interbancaires).

Douzième point, un cercle vicieux de pertes, réduction de capital, contraction du crédit, ventes forcées d'actifs provoquera d'autres phénomènes de contraction du crédit. Et de craindre que les prix des actifs financiers descendront à un niveau inférieur à leur valeur fondamentale. Le catalyseur d'un tel événement > La baisse de rating des assureurs "monoline" et l'effondrement des bourses.

Nouriel Roubini cite les estimations de Goldman Sachs pour qui une perte globale de 200 milliards de dollars des institutions financières se traduit par une contraction de crédit de 2000 milliards de dollars. La recapitalisation des banques par les fonds souverains (80 milliards de dollars) ne va pas endiguer le phénomène.

Une fois ce tableau dressé, Nouriel Roubini émet au moins une note optimiste. Il remarque que la FED, qui n'avait pas pris conscience de l'ampleur des problèmes, est maintenant alerte. Cependant, il doute qu'elle puisse endiguer le tsunami qui se prépare. Et il conclu par une dernière crainte : les ménages qui sont très endettés et qui subissent le phénomène de "negative equity) pourraient décider d'abandonner leur logement et le remboursement de leurs emprunts. Combien sont concernés > 10 à 15 millions selon Nouriel Roubini. Ce qui fait froid dans le dos.;-)


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