Carrere en danger ? (Securibourse)

par chris, jeudi 21 février 2008, 09:42 (il y a 6116 jours)

Si certains veulent participer à ce débat (Pierre ou RV peut être ;-) ) lancé sur bourso à propos des difficultés supposées du groupe Carrere, qui serait à vendre mais ne trouverait pas preneur.

Le débat a été lancé par dupondet :

Extrait des comptes conso publiés au BALO du 18/7/2007. C'est long mais cela vaut la peine!

3.4. Test sur la valeur recouvrable du catalogue. — Carrere Group détermine annuellement la valeur d'utilité de son catalogue de droits sur la base des flux futurs de trésorerie actualisés (DCF) associés à ces actifs. Dans ce cadre Carrere Group a eu recours à un expert afin d’assister le groupe dans la définition des travaux d’évaluation du catalogue des droits audiovisuels.

La méthodologie utilisée lors de ce test est rappelée ci-dessous :

(I) Au plan méthodologique, il est procédé comme suit :

— le catalogue est réparti conformément à l'information sectorielle fournie pour le secteur distribution (c'est-à-dire en films d'animation, de fictions et flux) ;

— un large échantillon, significatif en valeur brute et nette, mais non statistique est utilisé pour l'élaboration des DCF sur 15 ans ;

— les résultats des tests portant sur les échantillons sont extrapolés à l'ensemble du catalogue, pour ce qui est des prévisions de vente de droits télévision ;

— il est retenu une valeur terminale sur les droits figurant dans l'échantillon. Cette valeur terminale a été estimée en fonction des recettes « Télévision » moyennes annuelles des cinq dernières années de prévisions. Pour le catalogue de fictions, il a été calculé une valeur terminale globale par extrapolation des résultats obtenus sur l'échantillon.


(II) L'élaboration des DCF a été menée en considération des caractères propres du catalogue :

Prévisions :

— Les prévisions de recettes futures sont établies par le management sur une période de 15 ans.

— Les recettes télévision tiennent compte des commissions de distribution et des quote-parts de RNPP (recettes nettes part producteur) revenant au Groupe. Les prévisions de recettes sont établies ligne par ligne de l'échantillon au regard de la disponibilité des droits et des prix de vente du marché. Elles sont éclatées en recettes France (diffuseurs hertziens et chaînes câblées ou satellitaires), Europe et reste du monde. Compte tenu du faible impact observé en 2006 des ventes de droits aux chaînes TNT françaises, il a été décidé par prudence de ne plus intégrer les ventes TNT dans les prévisions de ventes.

— Des recettes (nettes de commission) vidéo et merchandising ont été prévues de façon sélective sur la même durée de 15 ans. Les DCF incluent également une prévision d'encaissement de droits voisins.

— Les coûts de distribution internes estimés, nécessaires à la commercialisation du catalogue existant au 31 décembre 2006, sont déduits des recettes prévisionnelles. Il en est de même pour l'impôt sur les sociétés qui est calculé après déduction des dotations aux amortissements nettes de reprises de provisions pour amortissements dérogatoires, à comptabiliser en comptes individuels.

Taux d'actualisation : Le taux d'actualisation après impôt jugé pertinent est de 8,3%. Il résulte de calculs anticipant une prime de risque de 7% (5% marché et 2% spécifique) appliquée aux fonds propres, et à un financement normatif de 70 à 75% en fonds propres et 30% à 25% en dettes financières à court terme.


(III) Il résultait des tests menés au 31 décembre 2006 que la valeur nette comptable globale du catalogue, après provisions, était inférieure à sa valeur d'utilité globale estimée. — Au demeurant, les résultats obtenus résultaient de l’extrapolation du test réalisé sur un échantillon significatif mais non statistique, et dépendaient de la réalisation des prévisions qui présentent toujours un caractère aléatoire. En effet, les estimations de recettes futures, et notamment à l'étranger, qui représentent respectivement 67% et 81% des recettes prévisionnelles des fictions et animations sont susceptibles de varier de façon significative du fait de plusieurs aléas dont notamment l’accueil réservé par le marché aux produits cinématographiques et audiovisuels. Par ailleurs, certaines estimations et hypothèses reposent à ce stade sur un historique d’exploitation limité pour une majorité des oeuvres et sur des territoires non encore exploités.

Par ailleurs, il est signalé que la réduction ou l'augmentation du taux d'actualisation entraînerait une augmentation ou une réduction de la valeur globale d'utilité du catalogue d'un montant significatif de l'ordre de 6,5 millions d'euros par point de taux, ce qui pourrait entraîner la constitution de provisions.

Les différences entre les réalisations et les prévisions, ou des décalages dans le temps des réalisations auraient un impact matériel, positif ou négatif, sur la valeur d'utilité du catalogue.

________

Voilà ce qui est écrit et, bien évidemment, la seule réserve des CAC (heureusement un des CAC apparteient à un grand cabinet) porte sur ce point:

"Sans remettre en cause l’opinion exprimée ci-dessus, nous attirons votre attention sur la note 3.4 de l’annexe qui rappelle que l’évaluation du catalogue dépend de la réalisation des prévisions qui présentent toujours un caractère aléatoire. En effet, les estimations de recettes futures, et notamment à l’étranger qui représente respectivement 67% et 81% des recettes prévisionnelles des fictions et animations, sont susceptibles de varier de façon significative du fait de plusieurs aléas dont notamment l’accueil réservé par le marché aux produits cinématographiques et audiovisuels. Par ailleurs, certaines estimations et hypothèses reposent à ce stade sur un historique d’exploitation limité pour une majorité des oeuvres et sur des territoires non encore exploités. Les différences entre les réalisations et les prévisions, ou des décalages dans le temps des réalisations auraient un impact matériel, positif ou négatif, sur la valeur d'utilité du catalogue au 31 décembre 2006."

L'avis de dupondet

par chris, jeudi 21 février 2008, 09:43 (il y a 6116 jours) @ chris

Ce catalogue est donc évalué sur des anticipations de 15 ans ... qui sont essentiellement financières.

Comment la valeur du taux d'actualisation ne pourrait pas évaluer dans un sens défavorable en cette période de crise financière>>!! 1 point de différence et poum le bénéfice du S1 est évaporé (6,5ME)... A CAUSE DES PROVISIONS qui vont être passées. Et le 1er gros remboursement de dette (31ME contractés en 2006) tombe en décembre 2007.
Le bilan sera donc dégradé de manière quasiment certaine sur cette valeur... quasiment financière!

Si quelqu'un pouvait poursuivre l'analyse du taux d'actualisation...

L'avis de p.maufro

par chris, jeudi 21 février 2008, 09:45 (il y a 6116 jours) @ chris

Vous faites une interprétation bien sombre de ce texte abscon.
Il faut bien une méthode de valorisation et je pense que [Carrere] a du s'inspirer de celle de ses concurrents.
Il est donc difficile d'avoir une idée juste sur la question.
Comme tout bien marchand leur catalogue est soumis aux aléas du marché et c'est ce que signalent les CAC. Point n'est besoin de noircir le tableau plus que de raison !
Ce qu'il faut savoir, c'est que la valeur nette globale comptable figurant dans les rapports est inférieure à sa valeur recouvrable c'est à dire celle déterminée après expertise annuelle.
Chaque année des provisions sont passées pour dépréciation.

L'avis de p.maufro

par tristus dolor, jeudi 21 février 2008, 11:31 (il y a 6116 jours) @ chris

tout à fait d'accord. la méthode des dcf me semble normale pour établir la valeur actualisée d'un portefeuille de droits.

l'important est moins de savoir quelle est la valeur actuelle de ce portefeuille que d'estimer si carrère peut faire face à ses engagements compte tenu de ses flux de recettes. la prime de risque sur les valeurs du compartiment B et C est actuellement de 5 %, elle a grimpé de 1.3 % a peu près depuis un mois. mécaniquement, la valeur actuelle du portefeuille est amoindrie et si cela devait perdurer, cette valeur peut passer en dessous de la valeur comptable et justifier des provisions qui amputeraient les fonds propres. cela peut être embêtant si la société s'est engagée à respecter des ratios financiers vis à vis de ses créanciers, néanmoins cela ne change strictement rien en matière de flux de trésorerie.

la véritable question est de savoir quelle fiabilité accorder aux prévisions de recettes faites par carrère sachant que tout décalage à un impact immédiat sur le résultat. fiabilité n'est pas l'adjectif qui me vient à l'esprit quant je pense à carrère, je n'ai jamais acheté la valeur, sans me réjouir pour autant du malheur de ceux qui sont dans cette galère.

» Vous faites une interprétation bien sombre de ce texte abscon.
» Il faut bien une méthode de valorisation et je pense que [Carrere] a du
» s'inspirer de celle de ses concurrents.
» Il est donc difficile d'avoir une idée juste sur la question.
» Comme tout bien marchand leur catalogue est soumis aux aléas du marché et
» c'est ce que signalent les CAC. Point n'est besoin de noircir le tableau
» plus que de raison !
» Ce qu'il faut savoir, c'est que la valeur nette globale comptable figurant
» dans les rapports est inférieure à sa valeur recouvrable c'est à dire celle
» déterminée après expertise annuelle.
» Chaque année des provisions sont passées pour dépréciation.

Mon avis

par chris, jeudi 21 février 2008, 09:46 (il y a 6116 jours) @ chris
édité par chris, jeudi 21 février 2008, 10:40

Tu soulignes effectivement un problème clef avec la valorisation du catalogue, qui donne lieu systématiquement à réserve des CAC. Cette réserve est avant tout due au fait qu'ils sont bien incapables de vérifier cette évaluation !

Le taux d'actualisation me semblait assez prudent, mais la crise financière justifie aujourd'hui la prime de risque.

Le problème se situe peut être plus au niveau des recettes futures (sur 15 ans !) actualisées par ce taux. Sont-elles encore réalistes alors que le CA du groupe est en baisse à périmètre constant et que les prévisions sont loin d'être tenues > Les efforts d'économies des chaînes privées (surtout TF1) et de France Télévisions sont-ils intégrés > Et quid des prévisions de recettes à l'étranger, souvent majoritaires >
On peut quand même observer la prudence de ne pas intégrer les recettes TNT.

Une révision de ces flux voire du taux aurait pour effet une forte perte comptable exceptionnelle, qui réduirait les capitaux propres et rendrait le taux d'endettement excessif.
Voire même insurportable si les emprunts prévoient des clauses de remboursement immédiat si certains ratios financiers ne sont plus tenus...
A noter quand même que la majorité des emprunts restent des crédits de production en grande partie couverts par la précommercialisation des programmes.

Voir file plus bas

par chris, jeudi 21 février 2008, 16:31 (il y a 6116 jours) @ chris

Je n'avais pas vu que le débat se déroulait quelques files plus bas :-D

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