Opportunités d'achat sur les marchés d'actions (Securibourse)
Opportunités d'achat sur les marchés d'actions
La crise des subprime devait avoir lieu. Mais elle ne mettra pas à genoux nos économies selon Han de Jong (ABN Amro)
(l'écho) - Depuis quelques mois déjà l'économie globale est bousculée par une crise financière qui trouve son origine aux Etats-Unis dans l'octroi de trop nombreux crédits à un prix qui ne refléte absolument pas les risques encourus. C'est la fameuse crise du subprime qui déchaine l'actualié.
Pour Han de Jong, le chief economist d'ABN Amro, cette crise financière ne se résume cependant pas aussi facilement.
Elle n'est pas, dit-il, que le simple fait de ménages américains trop gourmands qui ont acheté une habitation bien au-dessus de leurs moyens. Selon lui, le déséquilibre global des balances de paiement constitue aussi l'un des éléments qui ont abouti à la création d'un nombre élevé de crédits.
Par ailleurs, l'appétit pour le risque des banques, qui ont octroyé des crédits au-delà du raisonnable, a été attisé par des taux d'intérêt beaucoup trop bas. Enfin, la complexité des montages financiers dans lesquels sont venus s'insérer une proportion élevée des crédits a rendu toute mesure des risques encourus très hasardeuse.
«Cette situation de crise découle entre autre d'un mauvaise estimation de la croissance aux Etats-Unis. En terme nominal, la croissance US est montée jusqu'à 6% l'année dernière alors que les taux d'intérêt de la Fed étaient nettement inférieurs à ce niveau. La Fed a beaucoup trop tardé à relever ses taux d'intérêt», explique le chief economist d'ABN Amro. «Mais peu importe à qui incombe la faute de cette crise du subprime; aux politiques qui n'ont pas réagi assez rapidement, aux agences de rating qui ont sous-estimé le risque de défaut de certaines entreprises, aux banques qui ont agressivement vendu des crédits hypothécaires, ou aux investisseurs qui ont acheté des produits financiers beaucoup trop risqués. Cette situation ne pouvait perdurer», ajoute-t-il.
Maintenant que l'abcès est crevé, le risque majeur, selon Han de Jong, est d'entrer dans une spirale négative de laquelle nos économies auront le plus grand mal à sortir.
Afin d'éviter ce scénario catastrophe les banques centrales doivent agir vite et fort, prévient-il. Ce que la Fed a d'ailleurs déjà commencé à faire. Mais si cette crise est loin d'être anodine, elle ne doit pas non plus masquer tout une série d'éléments positifs, qui font dire au chief economist d'ABN Amro que la «fin du monde» financier n'est pas pour demain.
Nos économies sont plus solides que par le passé. Et si «le dégonflement de la bulle internet en 2000, ou encore les craintes de déflation en 2003, n'ont pas mis nos économies K.O., cette nouvelle crise ne devrait pas le faire non plus», ironise Han de Jong.
Les devises émergentes commencent doucement à s'apprécier, ce qui joue en faveur d'un rééquilibrage économique global.
Les bilans des entreprises et des banques étaient relativement sains au début de la crise ce qui laisse espérer que les dégâts seront limités.
La croissance économique en dehors des Etats-Unis est relativement forte.
L'inflation est sous contrôle.
Les finances publiques sont généralement au beau fixe, ce qui laisse une marge de manouvre fiscale aux autorités en place.
Les fonds souverains détiennent des liquidités en masse et sont à la recherche de bonnes affaires. Ils prennent le relais de banques désormais assises sur leurs finances.
Et enfin, les autorités monétaires sont à pied d'oeuvre.
«Si nous devions résumer la situation, nous pourrions dire qu'après plusieurs années de fêtes, où l'argent facile était monnaie courante, la musique s'est arrêtée et la lumière a été rallumée. Maintenant qu'on y voit plus clair sur l'état de nos économies, il est sûr qu'il est difficile de rester enjoué. Heureusement, Bernanke a déjà commencé à distribuer les cartons d'invitation pour la prochaine fête», résume Han de Jong.
Que faire de ses économies >
Dans ce contexte pour le moins chahuté, qui devrait se solder par une récession US (avec trois trimestres de croissance négative) et un net ralentissement économique européen, le chief Investment advisor de ABN Amro, Peter De Keyzer, préconise de se constituer une solide position en liquidité (jusqu'à 20% du portefeuille) afin de revenir sur les marchés dès que l'orage sera passé. «Une crise se déroule généralement en quatre phases. La première est celle de la complaisance, où tant que tout va bien le marché ferme les yeux sur certaines anomalies. Ensuite vient la phase de l'inquiétude, durant laquelle le marché a découvert la crise du subprime. Durant la troisième phase, le marché capitule et interprète chaque information de manière négative. Nous nous situons actuellement dans cette phase mais nous approchons à grands pas de la suivante qui consiste à saisir des opportunités», analyse Peter De Keyzer.
La grande question est désormais de déterminer à quel moment il sera judicieux de revenir sur les marchés d'actions, car comme le souligne justement le stratégiste d'ABN Amro personne n'agitera une cloche le jour où les marchés auront touché leurs planchers.
Des opportunités d'investissement existent déjà, d'après Peter De Keyzer. Dans un portefeuille orienté à long terme, l'agriculture est notamment l'un des thèmes appréciés par ABN Amro.
«Le niveau de vie a nettement progressé dans les pays émergents, et devrait encore croître. Du coup, les habitudes alimentaires changent, ce qui laisse présager une nette augmentation de la demande en produits alimentaires comme la viande. Or la production de viande passe par une consommation accrue de produits agricoles. L'agriculture est par ailleurs fortement sollicitée pour la mise au point de bio-carburants», argumente Peter De Keyzer. «Bientôt il faudra choisir entre s'alimenter et remplir son réservoir», ironise-t-il.
Les autres thèmes d'investissement actuellement favorisés par ABN Amro sont les secteurs de l'infrastructure et de l'industrie dans les pays émergents, qui continuent de croître à un rythme soutenu qu'il estime à +5,8%. Enfin, les valeurs défensives et celles offrant un dividende élevés sont évidemment à préférer aux valeurs plus cycliques.
Karine Huet
09:20 - 05/02/2008
Copyright © L'Echo