Et pourtant les prévisions des gourous... (Securibourse)

par bedseb @, Saint-Omer, mercredi 16 janvier 2008, 20:41 (il y a 6151 jours)

Claude Bejet

n° 3257

paru le 09/11/2007- la VF

A l'occasion de leur grand-messe annuelle à La Nouvelle-Orléans, certains des financiers les plus réputés de la planète livrent en exclusivité à La VF leur sentiment de marché pour les mois à venir et leurs choix d'investissement.

C'est devenu un véritable rituel. Chaque année, à la fin du mois d'octobre, tout ce qui compte comme gourous - comprenez des financiers avertis, souvent transfuges de grandes banques ou de bureaux d'analyse qui ont fondé leur propre société de gestion - se réunit à La Nouvelle-Orléans, la plus grande ville de l'Etat de Louisiane. Durant cinq jours, de 7 à 22 heures sans interruption, se succèdent des conférences animées par d'anciennes ou de nouvelles gloires de Wall Street. Une grand-messe où tous les styles de gestion sont représentés. Pour le bonheur des investisseurs privés - riches pour la plupart, mais en mal d'idées d'investissement -, qui ont payé la bagatelle de 550 dollars leur ticket d'entrée.

Des pronostics contrastés

On trouve ainsi les « stock-pickers » (qui sélectionnent les valeurs selon leurs qualités propres, sans tenir compte de leur appartenance à un secteur ou à une zone géographique) ; les « global macros » (qui privilégient les titres en fonction des grands changements à venir dans les variables macroéconomiques, comme les taux d'intérêt) ; ceux qui ne jurent que par la taille, petites ou grandes capitalisations ; les partisans de la gestion value (recherche de valeurs décotées) ou growth (recherche de sociétés de croissance) ; les analystes dits fondamentaux et leurs pires ennemis, les analystes techniques. Bref, une assemblée composite qui affiche des opinions pour le moins contrastées. Ainsi, les plus optimistes voient l'indice Dow Jones des valeurs industrielles se diriger vers les 20 000 points, en progression de plus de 40 % par rapport à son précédent record, le 9 octobre (14 166,97 points en séance). Et les plus pessimistes, avec des arguments tout aussi valables, voient au contraire le principal baromètre de la Bourse de New York régresser à... 1 000 points ! Difficile, donc, de se faire une religion, fort de la masse considérable d'informations et d'analyses délivrées.

Une chose est sûre : 60 % des gourous se disent actuellement baissiers, en raison à la fois d'une possible entrée en récession des Etats-Unis, qui se propagera à l'ensemble du monde, et de la longueur jugée anormale du cycle de hausse à Wall Street. Les haussiers, minoritaires, à 40 %, balaient ces arguments en s'appuyant sur un nouveau paradigme, lié notamment à la zone Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), qui sera, selon eux, le moteur économique permettant de prolonger la hausse des marchés. Pour y voir clair, nous avons interrogé certaines des personnalités les plus célèbres de ces deux camps, qui nous avaient déjà fourni en 2006 de précieuses informations, avec de belles performances à la clé

Ralph Acampora

- Le Dow Jones devrait atteindre 20 000 points d'ici à 2011 -

Ralph Acampora est l'un des analystes techniques les plus connus aux Etats-Unis. Directeur chez Prudential Securities, il s'est rendu célèbre en juin 1995 en prédisant que le Dow Jones franchirait la barre des 7 000 points, alors que l'indice n'en valait que 4 000. Il est l'auteur d'un best-seller, The Fourth Mega-Market, dans lequel il prévoit un Dow Jones à 20 000 points d'ici à 2011. Après avoir été directeur du département d'analyse technique de Knight, il est aujourd'hui directeur des études techniques pour l'illustre école de Wall Street, The New York Institute of Finance, où il enseigne depuis trente-sept ans.

Pour ce vétéran des marchés, le cycle qui a débuté en octobre 2002 reste intact puisque nombre d'indicateurs importants enregistrent régulièrement des plus-hauts. Bien que les marchés haussiers ne durent en moyenne que trois à quatre ans, il considère que celui-ci connaît une nouvelle jeunesse. « Ce qui permet à un marché de poursuivre son mouvement de hausse, c'est une saine rotation sectorielle. Jusqu'à présent, la hausse était dominée par les petites capitalisations et les valeurs de transport. Désormais, de nouveaux thèmes apparaissent, avec le retour en force des sociétés industrielles et des grandes valeurs de croissance, sans oublier la technologie », explique-t-il, graphiques à l'appui. Ajoutant, à l'adresse des incrédules : « Ce mouvement est très puissant car, malgré l'avalanche de mauvaises nouvelles concernant l'immobilier et les banques, la Bourse progresse toujours. » Mais, à ses yeux, ce qui impressionne le plus, « c'est la durée très longue de la formation de base » (la phase d'accumulation). « Plus une base est longue, plus forte est la hausse, c'est pourquoi j'estime que les cours de nombre de sociétés du Dow Jones et de grandes valeurs technologiques peuvent doubler, voire tripler. » Selon lui, ce n'est pas un hasard si Microsoft, qui n'a pas fait des merveilles depuis 2001, vient de se retourner à la hausse début novembre. « C'est grâce à ce phénomène de rotation que ma prédiction - le Dow Jones à 20 000 points - pourrait se réaliser d'ici à 2011. D'autant que la faiblesse du dollar, qui ne présente pas encore de formation de retournement, devrait être un soutien important. » Pour Ralph Acampora, les blue chips qui devraient tirer le marché sont Microsoft, Intel, Cisco, Oracle, AT&T, General Electric, Coca-Cola, Procter & Gamble, Verizon et Altria. Néanmoins, après les hausses récentes, il recommande d'accumuler ces valeurs sur repli en profitant des corrections qui ne manqueront pas de survenir.

Alexander Farman-Farmaian

- Privilégiez les valeurs à l'abri des balles ! -

Ancien gestionnaire, durant dix-neuf ans, de l'un des meilleurs fonds américains de valeurs de croissance chez WP Stewart, Alexander Farman-Farmaian a rejoint en janvier 2006 Edgewood Management LLC. Cette société américaine gère depuis mars 2007, pour HSBC Private Bank à Paris, la sicav US Select Growth, qui affichait, fin octobre, une plus-value de 20,65 %. L'an dernier, dans La VF, il avait recommandé les grandes capitalisations américaines. Et force est de constater que sa sélection est au rendez-vous : Apple Computers, + 128 % ; Google, + 49 % ; Gilead Sciences, + 37 % ; Opsware INC, + 59 %. Seule (petite) ombre au tableau : Marriott Hotels, en recul de 6 %.

Pour les mois à venir, en dépit des turbulences actuelles, Alexander Farman-Farmaian reste confiant : « Les mauvaises nouvelles vont continuer à faire la une des journaux, mais ce phénomène sera paradoxalement positif pour la Bourse. Moins d'argent sera absorbé par l'économie réelle, et les liquidités se dirigeront vers les actions. La politique de la Réserve fédérale restera accommodante, avec des taux d'intérêt faibles. » Certes, il convient, selon lui, d'éviter encore les valeurs financières et les cycliques pour se concentrer sur les valeurs exportatrices américaines qui profitent de la baisse du dollar. Mais, en tout état de cause, « il faut se positionner sur les titres bulletproof, c'est-à-dire, littéralement, "à l'abri des balles", dont les bénéfices augmenteront quoi qu'il arrive ».

Selon lui, quatre valeurs répondent à cette caractéristique :

Thermo Fisher Scientific (TMO) vend ses produits (instruments scientifiques et tests) aux laboratoires de recherche et profite ainsi de l'explosion des biotechnologies.

L-3 Communications (LLL). Cette société, présente dans le secteur très porteur de la défense américaine (systèmes de communication et de défense électroniques), se paie 17 fois les résultats 2008, ce qui est raisonnable, pour des bénéfices en hausse de 15 % par an.

CME Group (CME). Plus connue sous son ancienne appellation - Chicago Mercantile Exchange -, cette entreprise est tout simplement leader sur le marché américain des futures et des options. Ses résultats sont liés à l'activité des Bourses et profitent directement de l'augmentation des volumes qui se nourrissent de la forte volatilité des marchés (due aux incertitudes géopolitiques), ainsi qu'à l'augmentation de la taille des hedge funds. Son PER peut paraître élevé (30), mais sa croissance l'est aussi : 30 % cette année et entre 20 et 25 % par an pour les cinq prochaines années.

McGraw-Hill (MHP). Ce groupe de médias, qui possède des magazines comme Business Week et Aviation Week, a racheté l'agence Standard & Poor's. Les scandales ont fortement affecté la réputation de ces entreprises de notation. Mais le titre est bon marché et ses revenus réguliers ne manqueront pas d'attirer de nouveau les investisseurs.

Frank Holmes

- Profitez des besoinsde nouvelles infrastructures -

Frank Holmes est président de US Global Investors, l'une des sociétés de gestion les plus performantes des Etats-Unis, qui gère 4 milliards de dollars avec treize fonds spécialisés dans les ressources naturelles, les métaux précieux et les marchés émergents. Son site www.usfunds.com est une source d'information gratuite et de qualité !

Selon Frank Holmes, gagner de l'argent est simple : il suffit de se laisser porter par des grandes tendances de fond. Ces dernières années, il fallait jouer la hausse des matières premières, tirée notamment par la demande chinoise. Aujourd'hui, il positionne ses portefeuilles sur deux thèmes majeurs : les infrastructures et les marchés émergents. En effet, « les besoins de nouvelles infrastructures dans le monde sont estimés d'ici à 2030 à 30 000 milliards de dollars ! La population mondiale atteindra 8,3 milliards d'individus en 2030, dont 5 milliards vivront dans des grandes agglomérations. Or cette urbanisation crée des demandes en matière de routes, de voies ferrées, de systèmes de distribution d'eau, de production énergétique, d'hôpitaux, d'écoles... ».

Dans cette perspective, deux axes se dessinent : la réhabilitation des infrastructures américaines et la création d'économies modernes en Chine, en Inde et dans d'autres pays émergents. Il en veut pour preuve le plan de dépenses annoncé, le 18 juillet 2006 par le président mexicain, Felipe Calderon : 234 milliards de dollars d'ici à 2012, soit 4 % du PNB en infrastructures. L'empire du Milieu n'est pas non plus en reste, puisque le plan quinquennal chinois prévoit, d'ici à 2010, 175 milliards de dollars pour les chemins de fer (l'équivalent de trois fois l'enveloppe des Jeux olympiques de Pékin), 200 milliards pour les aéroports et le métro et 80 milliards pour les routes. Les marchés émergents restent donc pour lui un terrain de prédilection. Leur croissance va continuer d'être soutenue, leurs réserves sont maintenant supérieures à leurs dettes, leurs monnaies s'apprécient mais ne sont pas surévaluées et leurs marchés présentent des évaluations raisonnables.

Pour jouer le thème des infrastructures, trois valeurs se distinguent :

Aeropuertos del Sureste (ASR). Cette société gère neuf aéroports régionaux au Mexique. Sa valorisation est bien moins élevée que celle d'Aéroports de Paris (ADP), alors que sa croissance est plus forte.

Aecom (ACM). Spécialisée dans l'ingénierie américaine, l'entreprise réalise 39 % de son chiffre d'affaires en dehors des Etats-Unis et profitera de grands projets en Asie, au Moyen-Orient, etc.

Mittal Steel South Africa (ACI-J). Ce producteur d'acier, filiale du groupe qui a absorbé Arcelor, est beaucoup moins cher que ses homologues dans d'autres pays et bénéficiera du boom des infrastructures sud-africaines.

Tim Guinness

- Je favorise les grands groupes pétroliers intégrés -

Depuis près de dix ans, Tim Guinness gère Investec Global Energy. Ce fonds de 2 milliards de dollars est l'un des meilleurs de sa catégorie avec un gain de 36 % sur un an, de 142 % sur trois ans et de 333 % sur cinq ans. Précédemment, ce gestionnaire hors pair dirigeait Guinness Asset Management, qui a fusionné avec Investec AM en 1998. Il nous livre sa vision du marché pétrolier et les opportunités qui en découlent.

Vous aviez prévu la flambée des prix du baril. Mais n'y aurait-il pas aujourd'hui une bulle >

Cette augmentation a été plus rapide que je ne le pensais. La hausse du pétrole à 50 dollars, puis à 90 dollars, a eu curieusement peu de répercussions sur la demande. Mais les fondamentaux restent bons. La demande a progressé de 8,2 millions de barils par jour depuis cinq ans, mais l'offre hors Opep a déçu, car elle n'a augmenté que de 3,9 millions de barils par jour. Les champs pétrolifères de nombreux pays, comme les Etats-Unis, le Mexique, la Grande-Bretagne, la Norvège, l'Argentine, la Colombie, l'Egypte, la Syrie, Oman, sont arrivés à maturité et beaucoup apparaissent déjà en déclin. Les nouvelles régions productrices, comme la mer Caspienne et le Brésil, ont connu une hausse de production décevante.

Vous voulez dire que l'Opep serait toute-puissante...

Le monde dépend plus que jamais des pays de l'Opep, et leur but est de maximiser l'équation prix/production ! L'Arabie saoudite, qui domine ce cartel, a constaté que la demande mondiale reste très soutenue et n'a plus peur de maintenir des prix élevés. L'Opep, qui avait réduit sa production de 2 millions de barils par jour, vient de l'augmenter de 0,5 million.

Comment en profiter >

Comme les actions ont beaucoup monté, notamment parmi les sociétés parapétrolières et chez les producteurs indépendants, je favorise les grands groupes intégrés, car ils ont été délaissés depuis huit ans, leur rapport cours sur bénéfices tournant autour de 12. A l'image de Chevron, ConocoPhillips, BP et Total. Ce dernier reste un groupe de qualité, avec un PER particulièrement intéressant (10 pour 2007).

D'autres actions à potentiel >

Dans les blue chips, j'aime toujours Petrobras, un quasi-monopole au Brésil, région à fort potentiel de développement. Dans le domaine du charbon, Peabody verra certainement son cours multiplié par 10 dans les vingt prochaines années. A plus court terme, Il faut profiter de la correction de Nexen et d'Opti Canada pour leur potentiel important dans les sables bitumineux. Leur baisse récente est due à un relèvement des taxes décidé par l'Etat d'Alberta. Enfin, de plus petites sociétés plus spéculatives comme Afren ou Dragon Oil, cotées à Londres, pourraient connaître des parcours assez spectaculaires.

Jean-Marie Eveillard

- Restez sur les grandes valeurs défensives -

Jean-Marie Eveillard est le seul Français aux Etats-Unis à avoir un statut de gourou. Après avoir été le gérant vedette du fonds Socgen International, du groupe Société générale, il est aujourd'hui dirigeant du fonds Arnhold and S. Bleichroeder Advisers.

Vous investissez sur tous les continents. Quel regard portez-vous sur les marchés >

Les marchés sont plus chers qu'ils n'apparaissent, car les bénéfices des sociétés ont grimpé. Les marges atteignent des niveaux record et ne peuvent plus guère augmenter. Elles pourraient même baisser car, dans nos démocraties, le capital a été avantagé par rapport au travail depuis des lustres. Aussi, un retour de bâton ne serait pas surprenant.

La crise du mois d'août était-elle un signe précurseur >

Les marchés des pays développés ont baissé d'environ 10 % et certains marchés émergents, bien plus. Deux mois plus tard, tout est rentré dans l'ordre. Il existe un véritable réflexe de Pavlov chez les investisseurs.

Vous voulez dire que les crises n'effraient plus...

Exactement, la planète a connu une demi-douzaine de crises financières depuis vingt ans : le krach d'octobre 1987, la correction de 1990, la crise mexicaine de 1994 et, en 1998, la crise asiatique, russe et la débâcle du fonds LTCM, sans oublier l'éclatement de la bulle Internet en 2000. Chaque fois, il fallait acheter dans le creux et tout repartait immédiatement.

Merci aux banques centrales !

Méfiez-vous ! Il y a une croyance quasi religieuse dans l'infaillibilité des banques centrales. Tout le monde se croit protégé aujourd'hui par Ben Bernanke, comme autrefois par Alan Greenspan. Personnellement, je le considère comme le plus mauvais des présidents de la Fed depuis 1913. Dans chaque crise, il a choisi la voie de la facilité : celle de la création monétaire, empêchant ainsi toute correction, même partielle, des excès antérieurs. Bref, du socialisme pour les riches...

Comment cela >

Les investisseurs créent des bulles spéculatives, comme celle de l'immobilier, et s'en mettent plein les poches. Mais, dès qu'ils commencent à perdre à cause de leurs imprudences, ils demandent à la banque centrale de les sauver... avec l'argent des contribuables. Cela a marché lors des six crises précédentes. Il est probable que cela marchera encore cette fois-ci, mais c'est moins sûr. Les excès de l'époque « Ninja » sont importants. « Ninja », pour « No Income, No Jobs and no Assets », désigne certaines personnes sans revenus, sans travail et sans actifs à qui les banquiers ont prêté de l'argent pour s'acheter des maisons ! Face à ces excès, il faut rester sur des grandes valeurs défensives comme Air liquide (revenus réguliers profitant d'un oligopole), American Express, 3M et Nestlé. Mais attention, la décote de ces sociétés n'est guère que de 15 %.

Bob Prechter

- Wall Street est historiquement surévalué -

Bob Prechter est président et fondateur d'Elliott Wave International. Forte d'une équipe de vingt analystes, cette société est l'une des plus importantes dans l'analyse technique offrant en temps réel, via Internet, Reuters et Bloomberg, des prévisions sur tous les grands marchés mondiaux à toute heure du jour et de la nuit. Auteur à succès, le spécialiste des vagues d'Elliott a déjà écrit plus d'une douzaine de livres.

Quand Bob Prechter sort de l'immense salle de conférences de l'hôtel Marriott où il vient de s'exprimer, on s'attend à une bousculade en règle pour l'approcher. Mais non, une personne seulement l'attend à la sortie... Cette ancienne vedette des marchés n'attire plus vraiment les foules. Peut-être pour avoir trop souvent crié « au loup ! » Il avoue lui-même pourquoi il a prédit trop souvent la fin de ce grand cycle de hausse : « Non seulement ce marché est de loin le plus surévalué de l'histoire de Wall Street, car il est valorisé 4 fois sa valeur nette d'actifs contre 1,73 fois au sommet de 1929, mais, en plus, les investisseurs sont majoritairement haussiers depuis 468 semaines, contre 156 en 1929. Du jamais-vu ! » « D'après notre analyse, le marché semble terminer sa cinquième vague de hausse [autrement dit, la dernière, Ndlr]. En fait, la baisse est peut-être déjà enclenchée car, si le Dow Jones est mesuré en tenant compte de la dépréciation du dollar, le marché est déjà en repli en termes réels », explique le théoricien des vagues d'Elliott.

Autre phénomène inhabituel, selon lui, le pétrole a connu une ascension parallèle à celle de la Bourse. « Le prix du baril est proche de la fin de sa cinquième vague de hausses à un point particulièrement vulnérable, car il est à la limite supérieure du canal haussier défini à partir de son point bas de 1998. » (voir graphique) Pour cet éternel pessimiste, toutes les classes d'actifs sont montées en même temps à cause de l'augmentation massive de liquidités et, aujourd'hui, tout devrait également baisser en même temps. Heureusement, le pire n'est jamais sûr !

Marc Faber

- Le dollar pourrait prendre toutle monde à contre-pied -

Marc Faber est né à Zurich, mais habite Hongkong depuis 1973. De 1978 à 1990, il fut le directeur général de Drexel Burnham Lambert. Indépendant depuis 1990, il est gestionnaire, agent de change et conseil en investissement. Il publie la célèbre lettre GloomBoomDoom (qu'on peut traduire par « L'euphorie, les ténèbres et la ruine ») et est l'auteur du best-seller Tomorrow's Gold, Asia's Age of Discovery.

Surnommé Dr. Doom, Marc Faber est bien à la hauteur de sa réputation. « Si vous croyez aux contes de fées, il vaut mieux relire Le Petit Chaperon rouge. L'histoire se termine mal si l'on ne prend pas garde au loup ! » Selon lui, les experts veulent nous faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. L'économie ralentit juste comme il faut, les taux se détendent et la Bourse va continuer de monter. Pour Marc Faber, l'économie américaine entre en récession. Les preuves, il les voit dans la contraction de la balance commerciale américaine due essentiellement à la baisse des importations, et aussi dans les chiffres de TVA en recul sur un an. Son credo : « Le consommateur américain n'a plus les moyens d'acheter autant. » Ce globe-trotter pense que, cette fois-ci, une augmentation de la masse monétaire ne pourra pas relancer l'économie américaine, trop endettée. Il précise : « En 1950, il fallait créer 0,80 dollar de dette pour produire 1 dollar supplémentaire de PNB. Aujourd'hui, il en faut près de 5 ! De plus, les problèmes dans l'immobilier font que les banques prêtent moins. » A ses yeux, la plupart des marchés sont inintéressants. Mais, comme tout le monde voit le billet vert continuer à baisser, il pourrait prendre tout le monde à contre-pied et repartir à la hausse. Son raisonnement est simple : si les Bourses baissent, les marchés émergents qui ont monté le plus baisseront le plus, et les monnaies des pays émergents seront vendues au profit du dollar


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