Sur la crise des cartes de crédit (Securibourse)

par chris, lundi 12 novembre 2007, 10:08 (il y a 6216 jours)

Pour alimenter le moulin des "bear" :-(

A propos, si Loïc Labadie passe par là, je suis preneur d'un avis sur CBO territoria et l'état du marché immobilier à la Réunion. Je n'ai pas la chance d'y être tous les jours. :-D


Article de "Fortune" du 12/11/2007
pp 9 & 10
Résumé

"La bombe au fond de votre portefeuille."

Les consommateurs américains doivent le chiffre record de 915 milliards de dettes tirées sur leurs cartes de crédit. Les banques commencent à se sentir mal en observant une montée des retards de remboursements. Voici pourquoi certains estiment qu'il s'agit là de la prochaine crise des 'subprime'.

L'été dernier, l'épisode des 'subprime' a impliqué 900 milliards de Dollars de dettes gagées sur des actifs. Sont apparues au grand jour l'anarchie lors de l'octroi des crédits ansi que la fragilité des emprunteurs qui ploient sous le poids d'emprunts auxquels ils n'avaient en fait pas les moyens de souscrire.

Aujourd'hui un nouveau maillon de la chaîne que constitue l'endettement des ménages - les cartes de crédit - montre des signes de faiblesses. Et la crainte que les 915 milliards ne se volatilisent font trembler les principales institutions bancaires comme Citygroup, Amex, Bank of America

Le mois dernier, alors que les banques annonçaient leurs pires résultats depuis 2001, les craintes concernant les retards de remboursement des facilités de payement accordées par les cartes de crédit on été timidement énoncées en même temps que les informations portant sur les affres des 'subprime'.

Citigroup, qui a fait état d'une baisse de 57% de ses profits, a révélé des coûts liés à son unité de crédits à la consommation en hausse, et qu'elle doterait une réserve de 2,24 milliards d'USD pour couvrir les défaillances à venir. En décrivant la situation aux analystes, l'un des responsables de la division des cartes de Citigroup a avoué que les clients commençaient à tirer sur leurs lignes de crédit, ou à demander, pour la première fois, des avances en espèces. Ce comportement est caractéristique d'un futur douloureux.

American Express a de son côté également avoué des tensions perceptibles, et a décidé en conséquence d'accroître son fonds destiné à couvrir les pertes de son marché cartes de crédit de 44%. Capital One, Bank of America, et Washington Mutual vont augmenter leurs provisions pour risques dans ce domaine de 20%.

Ces cartes vont-elle devenir le catalyseur de la prochaine crise financière> La Deutsche Bank se dit en état d'alerte pour prévenir un éventuel effet de domino. D'autres estiment que quoi qu'il en soit, le taux de défaillances ne pourra qu'augmenter ; lorsque le prix des maisons montait, il était facile d'obtenir des facilités de paiement. Maintenant que le marché pointe vers le bas, les ménages auront plus de difficultés à rembourser.

Les dettes contractées via les cartes bancaires, à l'instar des CDO et autres créances gagées sur des actifs -immobiliers ou non- qui ont enclanché la crise des 'subprimes', sont elles aussi découpées en tranches, en dés, puis revendues par paquets. De cette manière, une hausse des défaillances en terme de remboursements des emprunteurs affacterait à la fois les banques émettrices mais aussi les investisseurs. A mesure que les emprunteurs se trouveraient dans l'impossibilité d'assurer leurs remboursements, la valeur de ces paquets chuterait. Ce qui affecterait les banques, les fonds de pensions, les gérants de portefeuilles, les particuliers, ... La portée du mal serait similaire à la crise des 'subprime' actuelle, dont nous ne connaissons pas la portée.

Il y a évidemment des différences importantes entre les problèmes des 'supbrime' et ce qui infuse actuellement au niveau des cartes de crédit.

Alors que la crise actuelle pouvait se deviner des mois avant son arrivée, les impayés concernant les cartes bancaires sont toujours à un niveau très bas. De plus, les établissement ont un long historique du comportement des utilisateurs, ce qui permet de anticiper les défaillance.

Les agences de notation chargées de revendre les "paquets" de créances revendues par les banques émettrices partagent cet optimisme. Elles s'attendent certes à une détérioration, mais pas de la même ampleur que pour les 'subprime'.

Mais contrairement aux dettes hypothécaires, les dettes issues des cartes de crédit ne reposent sur aucun actif tangible, ce qui signifie qu'une créance irrécouvrable entraîne UNE PERTE TOTALE pour la banque. Et si les retards de payement sont historiquement bas, ils augmentent indéniablement. Leur hausse a même atteint 13% chez JP Morgan, Bank of America, contre 2% au trimestre précédent.

Les Européens en séjour aux Etats-Unis sont frappés par l'agressivité des publicités vantant la facilité d'octroi d'un crédit via une carte de crédit. Ainsi la perception du risque ne semble pas aussi claire aux Etats-Unis qu'en Europe. La concurrence que se livrent les établissements en la matière les rend parfois aveugles quant aux capacités de remboursement du souscripteur.
Il existe un précédent à l'étranger pour essayer de dessiner le contour de ce que pourrait devenir la situation aux Etats-Unis.

Les consommateurs britanniques sont tout aussi endettés que leurs compagnons d'infortune américains, mais puisque le marché de l'immobilier est monté au Royaume Uni plus vite, plus haut et a commencé à se dégonfler avant, ce dernier a environ 18 mois d'avance sur les USA.

Depuis le dernier trimestre de 2005, les défauts de payement ont crû de 50% au UK, ce qui contraint les banques à passer au fil des trimestres de lourdes provisions

Signe des temps, une étude parue le mois dernier indiquait que 6% des propriétaires Anglais utilisent les réserves financières proposées par leurs cartes de crédit afin de REMBOURSER LES ECHEANCES DE LEUR CREDIT IMMOBILIER.

Croisons les doigts pour que l'Atlantique nous protège de tout ceci.


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