C quoi les fonds souverains ? (Securibourse)
Titre d'1 article sur le forum d'en face :
Les fonds souverains bientôt rois de l'investissement mondial.
J'ai lu et même relu, mais pas compris, suis (un peu) neuneu !
Merci.
C quoi les fonds souverains ?
Des fonds d'investissement non privés appartenants a des etats (Russie, chine, pays producteurs,...).
Ils ont un poids considérable.
Les fonds étatiques, nouveaux géants de l'investiss.
Investir - Numéro 1755 - Page 18 - 25/08/2007
http://www.investir.fr/Batch/ImportRosebud2/sauv/1755/pdf/1755018.pdf
Les fonds étatiques, ces nouveaux géants de l'investissement
Encore peu connus du grand public, les fonds d'Etat ont pourtant connu un essor fulgurant ces dernières années, portés par la hausse des cours des matières premières, qui ont permis à certains pays d'accumuler rapidement des fonds considérables en devises. De plus en plus actifs, ils sont appelés à jouer un rôle croissant sur les marchés financiers internationaux.
De l'accumulation de devises à la gestion d'actifs
L'entrée remarquée, fin juillet, du fonds d'investissement singapourien Temasek Holdings aux côtés de la China Development Bank dans le capital de la banque d'origine britannique Barclays (respectivement 2,1 % et 9 % du capital) a mis sur le devant de la scène le rôle croissant des fonds étatiques ou fonds souverains (traduction du terme adopté en anglais : sovereign wealth fund) dans la finance internationale. Mais elle soulève aussi plusieurs questions : qui sont-ils > Que veulent-ils > Quels sont leurs moyens > A cela, on ne peut malheureusement souvent répondre que par des estimations voire des guesstimations (du verbe guess, deviner, en anglais), comme le souligne Stephen Jen, directeur exécutif de la recherche chez Morgan Stanley et familier du sujet. Leur activisme inquiète pourtant de plus en plus. La Commission européenne s'est ainsi faite l'écho, lors d'une conférence de presse, en juillet, d'interrogations concernant les activités de ces fonds et leur conformité aux principes du marché intérieur européen.
De manière générale, on peut dire qu'un fonds étatique est une « structure » d'investissement liée au gouvernement d'un pays et financée par ses réserves de change mais dont la gestion a été séparée de celle des réserves de change officielles.
Accumulation de réserves de change
A l'origine de leur essor récent, l'envolée des cours des matières premières (notamment le pétrole, le cuivre et certains métaux précieux) à partir des années 2003 et 2004 et l'accroissement des excédents commerciaux de certains pays, provoqués par l'accélération de la croissance asiatique. Ces deux phénomènes ont permis aux pays producteurs des matières premières et des biens exportés d'accumuler en quelques années un trésor de guerre considérable, dans leurs réserves de change. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que les réserves de change sont passées de 2.163 milliards de dollars en 1999 à 5.624 milliards fin 2006 (or inclus). Une aubaine que de nombreux pays, déjà pourvus en réserves de change suffisantes, mais en prévision de vaches plus maigres, ont voulu pérenniser, suivant en cela les modèles créés à l'époque des chocs pétroliers des années 70 par certains pays arabes. C'est ainsi qu'entre 1997 et 2007 sont apparus une dizaine de ces fonds étatiques. L'idée de départ est simple : utiliser les excédents d'aujourd'hui, en prévision de leur extinction, pour accaparer des revenus futurs. L'horizon de tels investisseurs est donc très particulier, puisqu'ils se projettent souvent à plus de vingt ans. Une éternité en finance.
Entre 1.500 et 2.500 milliards de dollars d'actifs
Aujourd'hui on recense plus d'une vingtaine de ces fonds à travers le monde, même si seul une petite douzaine a réellement atteint une taille significative. Les analystes de Morgan Stanley estiment à environ 2.500 milliards de dollars le montant des actifs qu'ils gèrent actuellement, à comparer par exemple aux 1.600 milliards que représentent les fonds d'arbitrage (hedge funds, en anglais). Mais cela ne reste bien sûr que des estimations réalisées à partir du croisement d'informations partielles et de projections. Un représentant du Trésor états-unien évoquait, lui, une fourchette entre 1.500 et 2.500 milliards de dollars lors d'une allocution sur ce sujet en juin dernier.
La question de leur taille réelle est pourtant cruciale car, outre l'inquiétude de certains dirigeants politiques européens, ces fonds étatiques ont également attiré l'attention des autorités financières internationales telles que le FMI ou la Banque Mondiale. Dans son rapport sur la stabilité financière internationale (« Global financial stability report ») du mois d'avril dernier, le FMI consacre à ces acteurs, pas si nouveaux mais de plus en plus présents, un chapitre important et leur accorde un rôle prépondérant dans les mouvements de capitaux internationaux.
Ce qui a clairement évolué, c'est l'opportunisme et surtout la taille de certains de ces fonds, ce qui pose la question du danger qu'ils peuvent représenter.
On pense bien sûr aux récentes prises de participation russes et arabes dans le capital d'EADS, de respectivement 5 % et 3 %. On pense aussi à la présence du fonds d'investissement koweïtien dans le capital du groupe pétrolier BP, à hauteur de 1,7 %, ou du holding DaimlerChrysler, à hauteur de 7 %.
Moins remarquées depuis la France mais tout aussi importantes, les incursions du singapourien Temasek dans le secteur des banques, marqué notamment en mars 2006 par la prise de contrôle de plus de 13 % du capital de Standard Chartered Bank, banque d'origine britannique mais dont la forte implantation en Asie en fait l'un des principaux groupes bancaires du continent. L'aventure se poursuit avec Barclays cette année.
Des investisseurs de plus en plus présents... et embarrassants
A l'occasion de l'annonce des résultats de l'année 2006, le 2 août dernier, les dirigeants du holding de Singapour Temasek ont quelque peu surpris en faisant ouvertement part de leurs inquiétudes concernant l'avenir. La très forte revalorisation des actifs financiers ces dernières années et surtout un regain protectionniste dans les pays occidentaux, face aux investisseurs contrôlés par des gouvernements étrangers, devraient en effet handicaper leur développement à moyen terme.
Il est vrai que de nombreuses voix se sont élevées récemment en faveur d'un contrôle plus strict des activités de tels investisseurs. La réaction de la Commission européenne, évoquée ci-contre, venait en réponse à une intervention, mi-juillet, de la chancelière allemande Angela Merkel en faveur d'un droit de veto pour les acquisitions de sociétés réalisées par des structures contrôlées par des Etats étrangers.
Car la taille et l'influence de ces investisseurs inquiètent de plus en plus. S'il évalue aujourd'hui le montant total des actifs gérés à 2.500 milliards de dollars, Stephen Jen, de Morgan Stanley, estimait, dans une note datée d'avril dernier, qu'il pourrait atteindre 12.000 milliards d'ici à 2015, avec la montée en puissance des fonds non issus des rentes pétrolières.
Se posent alors des interrogations concernant les véritables objectifs et la stratégie de tels investisseurs (voir l'encadré ci-contre). Dans la plupart des cas, ces éléments ne sont pas clairement définis, voire pas du tout. Andrew Rosanov, analyste chez le prestataire de services financiers State Street, l'explique par le fait que les fonds souverains sont en général créés selon un processus inverse à celui des fonds courants, pour lesquels sont d'abord définis précisément la stratégie et les critères d'investissement avant la levée des fonds. Or, l'accumulation de liquidités précède souvent la définition de toute stratégie, dans le cas des fonds étatiques, ce qui rend les choses plus délicates. Et ce d'autant plus que l'explosion des réserves de change ces dernières années a conduit les investisseurs à une audace accrue, et à se tourner vers des actifs plus risqués pour des montants plus significatifs.
D'où l'extrême défiance aux Etats-Unis lors du rachat de P & O, concessionnaire, entre autres, de l'exploitation de cinq des principaux terminaux maritimes aux Etats-Unis, par l'autorité des ports de Dubaï, l'an passé, et les bâtons mis dans les roues du chinois CNOOC lors de sa tentative de rachat frustrée de la compagnie pétrolière californienne Unocal en 2005.
Autre problème, le manque cruel de transparence des investisseurs. Pour certains d'entre eux c'est même une chose ouvertement assumée. La loi koweïtienne interdit ainsi formellement la publication de quelque information que ce soit concernant les activités de la Kuweit Investment Authority, l'agence en charge de la gestion des ressources financières publiques du pays. De manière générale, les fonds d'origine arabe font preuve d'une opacité déconcertante, la plupart d'entre eux ne disposant même pas d'un site Internet.
A l'opposé, le modèle norvégien fait figure d'exemple en termes de transparence comptable et stratégique. A un degré moindre, les fonds australiens ou d'Alaska font aussi partie de ceux qui publient les informations les plus fiables et les plus pertinentes. Mais attention : régime démocratique ne rime pas toujours avec transparence. La Corée du Sud et sa très discrète Korea Investment Corporation en sont l'illustration.
Source : Investir
Des modes de gestion hétéroclites
Les approches en termes de gestion varient radicalement d'un fonds souverain à un autre. Ainsi, tandis que certains fonds sont astreints à des critères précis d'éthique, de diversification et de publication d'informations, d'autres acteurs ne sont soumis à aucune règle formelle. Cela explique les profils radicalement différents des investisseurs entre eux. Tandis que certains se montrent particulièrement mesurés, d'autres font preuve de beaucoup plus d'agressivité et sont à l'origine des inquiétudes exprimées en Europe. C'est ainsi que l'on retrouve des acteurs comme les fonds de Norvège, d'Australie ou d'Alaska, qui présentent des profils prudents et relativement passifs, et d'autres comme les fonds arabes ou de Singapour, qui n'hésitent pas à entrer de façon parfois spectaculaire au capital de grandes sociétés américaines ou européennes (voir notre article consacré aux opérateurs de Bourses de valeurs en page 7). Ils agissent en cela de manière analogue aux fonds d'arbitrage, sauf que les montants en jeu sont souvent bien plus élevés.
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Les fonds dEtat (Investir)
Samedi 10 novembre 2007 / Investir n° 1766
PROTECTIONNISME. Les fonds dEtat, contrôlés notamment par des économistes et certains pays asiatiques et arabes, ont récemment suscité beaucoup dattention de la part des responsables politiques. Ils posent, en effet, un certain nombre de questions réglementaires.
Les fonds dEtat ou les limites de la doctrine libérale
Ils sont de plus en plus nombreux depuis quelques mois à se préoccuper de limportance croissante des fonds dEtat (également appelés fonds souverains) dans la finance internationale. Après les déclarations, cet été, de la chancelière allemande, appelant à plus dencadrement de ces fonds, cest le G7 qui, fin octobre, sest à son tour penché sur le problème lors de sa dernière réunion. Même si les discussions nont abouti à aucune avancée concrète, les représentants des sept pays sont au moins tombés daccord sur la nécessité de plus de transparence de leur part. Le secrétaire dEtat au Trésor étatsunien, Henry Paulson, a de son côté préconisé la définition de standards de comportement par le Fonds monétaire international (FMI). Car, bien que la plupart des pays contrôlant de telles structures dinvestissement se soient jusquici défendus de toute arrière-pensée politique dans leurs choix, les Occidentaux restent sceptiques.
En pointe sur le sujet, Berlin na dailleurs pas attendu dinitiative internationale pour dévoiler, fin octobre, un projet de loi prévoyant, entre autres, la possibilité dinterdire aux investisseurs étrangers à lUnion européenne dacquérir plus de 25 % du capital dune société cotée. Outre-Atlantique, le Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (Cifus), qui veille déjà au grain depuis 1975, a lui aussi vu ses pouvoirs renforcés ces dernières années.
Il peut ainsi faire échec, même de manière rétroactive, à une acquisition étrangère mettant en péril la « sécurité » du pays, le concept sécurité ayant été laissé volontairement indéfini, à sa discrétion.
Une tendance difficile à inverser
Les fonds dEtat, qui, selon les estimations des économistes de grandes banques dinvestissement comme Goldman Sachs, Merrill Lynch, Morgan Stanley ou Deutsche Bank, accumuleraient entre 1.500 et 3.500 milliards de dollars davoirs et pourraient atteindre 8.000 milliards de dollars dici à 2011, voire 12.000 milliards de dollars dici à 2015, fascinent et font de plus en plus peur.
« Les fonds souverains et les sociétés publiques cotées remettent en question notre modèle réglementaire [des marchés financiers] », reconnaissait publiquement il y a deux semaines Christopher Cox, président de la SEC, lautorité de régulation des marchés financiers aux Etats- Unis. Mais le mouvement, entamé il y a plus de dix ans, selon lequel les pays émergents exportateurs et les pays pétroliers ont financé nos déficits budgétaires (publics ou privés) avec leurs excédents commerciaux sera difficile à inverser et lavenir semble devoir encore sourire aux fonds dEtat.
Les sénateurs français se sont également intéressés au sujet. De retour dun voyage en Arabie saoudite, à Bahreïn et aux Emirats arabes unis, les membres de la Commission des finances évoquaient, dans un rapport rendu public il y a quelques semaines, limportance de la manne pétrolière accumulée ces dernières années et surtout la volonté des autorités de ces pays dinvestir ces fonds à létranger, nhésitant pas à recourir à la compétence de grands spécialistes occidentaux de la finance. Jean Arthuis, président de la commission, a aussi souligné le manque dintérêt porté par les différents responsables rencontrés pour le concept de transparence.
Des approches divergentes
On touche donc là à lune des limites de la doctrine libérale transposée à léchelle mondiale. Comment accepter que des pans de léconomie de certains pays développés, qui jusquici ont joué plutôt un rôle dominateur dans la mondialisation, tombent aux mains de fonds directement contrôlés par dautres Etats pas toujours démocratiques > Il serait paradoxal que les pays occidentaux à économie libérale, face à la menace des fonds dEtat, se lancent dans des politiques protectionnistes pour contrer leurs desseins.
En attendant, les approches divergent selon les pays cibles. LAllemagne cherche à se protéger plus efficacement et, en 2006, les Etats-Unis nont pas hésité à peser de tout leur poids, lors du rachat de P & O par lautorité du port de Dubaï, pour forcer la cession des ports étatsuniens que le britannique opérait jusque-là. Au Royaume-Uni, en revanche, peu de responsables politiques ou économiques se sont émus de la prise de contrôle de plus de 35 % du capital de la Bourse de Londres (London Stock Exchange) par la Qatar Investment Authority (14,93 %) et par la Bourse de Dubaï (20,39 %).
En France, nos sénateur reconnaissent que léconomie du pays est demandeuse de ces fonds mais ils estiment quil serait bon que puisse exister une certaine réciprocité. Ce qui est loin dêtre toujours le cas.
Yann Morell y Alcover
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