Bigben (Securibourse)
LE JOURNAL DES FINANCES - N° 6252 - 29/09/2007- PAGE 8
Dossier
Spécial Lille
Comment Lille poursuit sa mutation économique
80 % de la population active locale travaille dans le secteur tertiaire. Ce seul chiffre suffit à balayer quelques idées préconçues que l'on pourrait avoir sur la métropole lilloise. En dix ans, le grand Lille a fait de gros efforts pour enrayer le déclin de l'industrie locale, avec la création par exemple d'Euralille, le quartier d'affaires situé près de la gare Lille Europe. La ville n'a pas encore complètement soldé son douloureux passé, mais sa reconversion économique semble sur la bonne voie. De nombreuses PME dynamiques côtoient désormais les grandes sociétés de la région qui ont su s'adapter à la crise.
Dossier réalisé par Catherine Rekik
Il est difficile de parler de reconversion économique de la région lilloise sans évoquer l'héritage du passé. Lorsque Pierre de Roubaix obtient du duc de Bourgogne Charles le Téméraire en 1469 le droit de « faire drap de toute laine », il ne se doute pas qu'il scelle le destin économique de la région pour plus de cinq siècles.
C'est l'essor du textile qui a en effet donné naissance à la plupart des grandes dynasties industrielles du Nord. Le plus récent exemple est celui de Bernard Arnault, originaire de Roubaix, qui a bâti son empire du luxe après avoir revendu les activités textiles de Willot-Boussac. Des filatures de coton à l'avènement de la machine à vapeur, l'industrie textile prospère et trouve son apogée au XIXe siècle. Parallèlement, au nord de Lille, la découverte de charbon va constituer une source de développement importante et entraîner l'implantation d'une industrie lourde dont le déclin, à partir des années 1970, aura pour conséquence une crise profonde. Mais, avant cela, le Nord et sa ville phare prospèrent.
Lille joue à fond la carte de carrefour de l'Europe
De nombreuses banques voient le jour au XIXe siècle, et trois d'entre elles, le CIC, le Crédit Mutuel et le Crédit du Nord, aujourd'hui dans le giron de la Société Générale, continuent de jouer un rôle important dans le développement économique de la région. Lille s'impose aussi comme le numéro un français de l'assurance, avec notamment le courtier Gras Savoye et la famille Verspieren.
Enfin, l'agroalimentaire va également jouer un rôle majeur dans la dynamique régionale avec le développement de la culture de betteraves et l'apparition des sucreries comme Béghin-Say, qui, après avoir longtemps été coté en Bourse, appartient aujourd'hui à la coopérative Tereos. Trois grandes familles de la région - Lesaffre, Bonduelle et Roquette - sont toujours à la tête de leaders mondiaux dans le secteur.
La fermeture progressive des mines de charbon et le déclin inexorable de l'industrie textile, accentué par la forte concurrence en provenance des pays d'Asie, vont profondément modifier le paysage économique de Lille et de ses environs.
Mais, parce que Lille a toujours été ouverte sur le monde et que sa situation géographique au coeur du nord de l'Europe en fait un pôle d'attraction, la ville parvient à enclencher sa reconversion. « La moitié du potentiel économique de la région a disparu en une génération », indique Bruno Bonduelle, président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Lille. Et d'ajouter : « La région a perdu 400.000 emplois industriels, mais en a recréé 380.000. Bien que sinistrée, elle a pu renaître de ses cendres. »
C'est sans doute parce que Lille avait une tradition marchande importante que la reconversion a été plus facile. Une tradition qui a permis le développement de nombreuses entreprises dans le secteur de la distribution, parmi lesquelles Auchan, Atac, Supermarchés Match, mais aussi dans des réseaux plus spécialisés, comme Castorama, retiré de la cote après l'OPA de Kingfisher en 2002, ou Leroy Merlin, Nocibé (cosmétiques), jadis coté sur le Second Marché, ou encore Decathlon, Norauto, etc.
La liaison Paris/Lille en une heure et l'émergence d'Euralille entre les deux gares TGV ont également contribué à donner un second souffle à l'économie locale. Conçue par des architectes de renom comme Jean Nouvel ou Christian de Porzamparc, Euralille est devenu un quartier d'affaires de 70 hectares qui a favorisé l'implantation de nombreuses sociétés attirées à la fois par la situation géographique de Lille, des baux de bureaux à des prix particulièrement attrayants (lire page 12) et par la proximité de la Belgique.
Ce dernier point n'est pas négligeable tant pour les débouchés commerciaux que sur le plan de la fiscalité, puisque nombre de patrons de PME locales sont domiciliés de l'autre côté de la frontière ! « C'est grâce à cette proximité que la métropole lilloise a pu garder la plupart de ses centres d'intérêts », souligne non sans ironie le président de la chambre de commerce.
C'est grâce aussi à la mise en place de plusieurs pôles de compétitivité particulièrement attrayants. La présence dans la région des trois plus grands acteurs mondiaux du ferroviaire, Alstom, Bombardier et Siemens, et d'une centaine de sous-traitants justifie naturellement la création d'un pôle dédié au secteur. Le grand Lille concentre en effet 40 % de l'activité de construction ferroviaire nationale. Le textile reste également à l'honneur, puisque cette activité génère encore plus de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans cette zone.
Face à la concurrence asiatique, les acteurs du secteur jouent plutôt la carte du textile technique. Mais c'est sans aucun doute, comme le souligne Bruno Bonduelle, le pôle industries du commerce qui sera « le fer de lance de l'économie lilloise de demain », avec 100 millions de consommateurs potentiels dans un rayon de 300 kilomètres autour de Lille. Ce pôle regroupe à la fois les acteurs de la grande distribution et des sociétés de services, spécialisées dans la vente à distance, la logistique ou les centres d'appels.
Un deuxième Euralille à l'horizon 2015
Dans un avenir proche, la région devrait également profiter du développement des métiers liés à l'environnement, notamment dans le traitement des déchets et des friches industrielles. Le Centre de valorisation organique (CVO) local est déjà le plus gros d'Europe. Il alimente en méthane le réseau de bus urbains.
Enfin, l'émergence d'un pôle image et audiovisuel à Tourcoing devrait attirer de nombreuses sociétés de production audiovisuelle. Le grand Lille compte aujourd'hui plus de 82.000 entreprises, dont 26 sièges de sociétés réalisant plus de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires. Selon les chiffres de l'Apim (Agence pour la promotion internationale de Lille Métropole), les créations d'emplois ont progressé de 13 % en 2004 et de 12 % en 2005. Mais, paradoxalement, malgré ce dynamisme, Lille continue d'afficher un taux de chômage de trois points supérieur à la moyenne nationale.
Pour continuer à développer la métropole lilloise et faire face aux enjeux de demain, le président de la chambre de commerce préconise désormais un autre mode de gouvernance, une réorganisation administrative qui gommerait les frontières entre les 87 communes, certaines existant parfois depuis l'Ancien Régime. « Puisqu'il existe déjà une communauté urbaine (Ndlr : dont la présidence actuelle est assurée par Pierre Mauroy), qu'attend on pour fusionner les 85 communes et créer la deuxième ville de France », plaide-t-on à la chambre de commerce. En préalable à ce projet, quatre CCI (Armentières-Hazebrouck, Douai, Lille Métropole et Saint-Omer/Saint-Pol) ont d'ailleurs obtenu le feu vert des pouvoirs publics pour fusionner et donner naissance, début 2008, à la CCI Grand Lille, qui représentera alors la moitié des entreprises de la région. Un autre grand projet pourrait voir le jour et accélérer la reconversion économique : la création d'un deuxième Euralille à l'horizon 2015/2020.
Ce projet comprend la construction d'une gare à Seclin, à 10 kilomètres au sud de Lille, pour capter un flux de plusieurs millions de personnes lorsque les trajets du Thalys et de l'Eurostar se prolongeront jusqu'à Amsterdam et Cologne. Les terrains situés à proximité de la gare seraient aménagés pour attirer encore plus de sociétés du tertiaire. Ce projet est aujourd'hui soutenu par la région et la CCI Grand Lille.
La Redoute : une capacité d'adaptation permanente
C'est à Roubaix que le spécialiste de la vente à distance a vu le jour, à la fin du XIXe siècle : Charles Pollet installe alors sa filature de laine rue La Redoute. L'industriel textile se lancera dans la vente par correspondance dès 1922 et l'entreprise restera indépendante jusqu'en 1994, date de son entrée dans le giron du groupe de François Pinault, rebaptisé à l'occasion Pinault-Printemps-Redoute.
La Redoute est restée fidèle à sa région d'origine - elle est toujours implantée à Roubaix -, mais son profil a fortement évolué au fil du temps. L'entreprise rayonne aujourd'hui bien au-delà des frontières de l'Hexagone : présente dans 22 pays, elle a réalisé un quart de son chiffre d'affaires à l'international l'an dernier.
Son succès s'explique en grande partie par sa capacité à s'adapter aux contraintes de son environnement de marché. Le catalogue reste bien sûr un pilier de son modèle économique, avec 13 millions d'exemplaires diffusés chaque année (dont 8 millions en France). Mais la société a dû faire face à l'explosion du commerce électronique, au détriment des canaux de vente à distance traditionnels. Une transformation à marche forcée qui semble réussie : l'an dernier, Internet a représenté 40 % du chiffre d'affaires de La Redoute, contre seulement 3 % cinq ans plus tôt.
Fortement concurrencée par les chaînes spécialisées dans l'habillement comme Zara et H&M, l'entreprise a également revu sa stratégie en matière de magasins (dont le poids dans le chiffre d'affaires reste néanmoins peu significatif). Ses 21 points de vente ont été fermés et une nouvelle enseigne, So Redoute, est en cours de déploiement. Elle ne compte pour l'heure que quatre points de vente, mais de nouvelles ouvertures sont programmées d'ici à la fin de l'année. M.D.M.
Sylis devrait participer à la concentration du secteur
Ce n'est que deux ans après la création de la société, en 1987, que Jacques Tricot et Rémy Mellentin rejoignent Sylis. Ils décident de créer une activité d'ingénierie informatique dans le nord de la France. Depuis cette date, Sylis a poursuivi son développement à un bon rythme et s'est diversifié dans l'infogérance et l'intégration de systèmes d'information. Présent de manière prépondérante dans l'Hexagone, Sylis dispose de filiales au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas. Après une période difficile, le groupe s'est bien repris. Ses performances financières au premier semestre ont été favorablement accueillies en Bourse. Sur la période, Sylis a enregistré un chiffre d'affaires de 71,1 millions d'euros, en hausse de 3,2 % et le bénéfice net a bondi de 175 %, à 1,2 million.
En septembre, Sylis a confirmé ses objectifs annuels. L'objectif de rentabilité avait été relevé en juillet dernier. Le groupe attend un chiffre d'affaires compris entre 138 et 142 millions d'euros, pour un résultat opérationnel courant en hausse de plus de 20 %.
Le dossier peut aussi être joué pour miser sur des opérations de fusion-acquisition. « Une fusion avec un acteur de même taille est envisageable. Nous avons été approchés », reconnaît-on chez Sylis, mais le directeur financier, Christophe Geenens, n'a pas souhaité répondre à la question du Journal des Finances sur l'éventualité d'un rapprochement avec une autre société cotée. Par ailleurs, Sylis étudie la possibilité de réaliser des acquisitions de moindre envergure, en numéraire. Le groupe est à l'affût d'une cible valant de 10 à 30 millions d'euros, positionnée sur les mêmes métiers. Idéalement, les effectifs se situeraient dans la région parisienne ou lyonnaise. O.A.
La biotech Genfit possède un beau portefeuille de médicaments
Lille a développé un pôle de nutrition/santé qui réunit les compétences des acteurs de la région dans le domaine de l'agroalimentaire et de la recherche médicale. La présence du CHRU de Lille, l'un des plus grands complexes hospitaliers d'Europe, en fait un atout supplémentaire.
La ville s'est aussi dotée d'un parc d'activités dédié à la biologie et à la santé, Eurasanté, qui a attiré de nombreuses sociétés biotechnologiques, parmi lesquelles Genfit. Cette société, créée en 1999, est spécialisée dans le traitement des maladies cardio-vasculaires.
Introduite sur Alternext en décembre 2006, via un placement privé qui lui a permis de lever 15 millions d'euros, la valeur, désormais accessible aux particuliers, a connu un parcours boursier chaotique. Le titre cède plus de 20 % depuis le début de l'année. Cette sanction boursière semble excessive pour une société qui, contrairement à la plupart des biotechs, a enregistré sept exercices bénéficiaires consécutifs.
En 2006, le profit net est ressorti à 0,3 million d'euros, pour un chiffre d'affaires de 10 millions. Mais il est difficile de spéculer sur les profits futurs tant le poids des investissements nécessaires au financement des étapes de développement et de commercialisation peut affecter les résultats d'une année sur l'autre. Le groupe présente toutefois un profil solide avec une quinzaine de molécules à l'étude, dont trois en phase d'étude clinique avancée, dont une détenue en propre.
Genfit a également conclu des alliances industrielles avec des grands groupes pharmaceutiques tels que Merck, Sanofi-Aventis, Pierre Fabre et Servier. Dans le cadre de ces partenariats, si un médicament est mis sur le marché, la biotech touche des royalties sur les ventes (le pourcentage varie entre 15 et 20 %). C.R.
Le second souffle de Bigben Interactive
La région lilloise n'est pas réputée pour son industrie des jeux vidéo. Paris et Lyon le sont davantage. Basé à Lesquin, près de l'aéroport de Lille, Bigben Interactive, spécialiste des accessoires pour consoles de jeux vidéo, fait donc figure d'exception dans son secteur. Il n'en est pas moins un acteur important, présent sur les principaux marchés d'Europe occidentale (France, Allemagne et Benelux).
Créée en 1981 par Alain Falc, la société avait pour activité initiale l'édition et la vente de montres-cadeaux et d'objets promotionnels. En 1993, son président et fondateur décide de se lancer dans la distribution de jeux vidéo et dans la conception d'accessoires pour consoles (cartes mémoires, manettes, câbles...).
Victime de son succès, l'entreprise ne parvient malheureusement pas à maîtriser l'« hypercroissance » de ses ventes et de ses bénéfices au début des années 2000.
Par la suite, de 2001 à 2006, le chiffre d'affaires est divisé par cinq, les pertes s'accumulent et une lourde restructuration s'impose. Les filiales déficitaires sont fermées, et de nouveaux soutiens financiers sont appelés en renfort afin d'alléger le poids de la dette. A la suite d'une levée de fonds de 20 millions d'euros, la Deutsche Bank et un fonds d'investissement français détiennent alors 57 % du capital.
En parallèle, la société met l'accent sur son activité accessoires, plus rentable. Dès lors, le redressement est engagé. A l'issue de l'exercice 2006/2007, clos le 31 mars dernier, Bigben Interactive renoue avec les bénéfices, avec un résultat net de 2,2 millions d'euros (contre 17 millions de pertes l'année précédente). La société profite de l'essor du marché des jeux vidéo (+ 36 % au premier trimestre 2007), dopé par le succès des consoles de nouvelle génération.
A l'occasion de la publication des résultats semestriels, fin novembre, les objectifs annuels de rentabilité seront d'ailleurs revus à la hausse. Le groupe visait, à l'origine, une marge opérationnelle supérieure à 7 %.
Ces bonnes perspectives sont rassurantes. Mais la Bourse a déjà intégré le redressement du groupe. Le titre se paie environ 0,6 fois nos estimations de chiffre d'affaires 2007/2008. En outre, la solidité du bilan pose encore problème : les dettes nettes (21 millions d'euros) restent largement supérieures aux fonds propres (6 millions).
NOTRE CONSEIL
La Redoute
Nous restons à l'achat sur PPR, la maison mère de La Redoute, avec un objectif de cours fixé à 150 euros (code : PP ; Comp. A, SRD).
Sylis
Rester à l'achat avec un objectif de 4,75 euros pour miser sur l'amélioration des fondamentaux et sur le côté spéculatif de l'affaire (code : LYSP ; Comp. C).
Genfit
Acheter à titre spéculatif (code : ALGFT ; Alternext) avec un objectif de cours ramené de 18 à 15 euros.
Bigben Interactive
Nous attendrons un repli du titre à 4 euros avant d'acheter, avec un objectif de cours de 5 euros (code : BIG ; Comp. C).
AP LYSP ALGFT BIG 1299
--------------------------------------------------------------------------------
--
mareva
Fil complet:
- sommaire JDF - mareva, 29/09/2007, 13:42
- Medicrea, Bigben et Celeos - pasca711, 29/09/2007, 14:09
- Medicrea, - mareva, 29/09/2007, 19:17
- Bigben - mareva, 29/09/2007, 19:19
- Celeos - mareva, 29/09/2007, 19:20
- Merci beaucoup - pasca711, 29/09/2007, 23:11
- AF-KLM? - MEN, 29/09/2007, 19:11
- AF-KLM - mareva, 29/09/2007, 19:21
- sommaire JDF - Bobo, 29/09/2007, 22:09
- je ne trouve pas - mareva, 30/09/2007, 15:39
- je ne trouve pas - Bobo, 30/09/2007, 16:49
- non c'est à la une - mareva, 30/09/2007, 17:41
- je ne trouve pas l'article mais - mareva, 30/09/2007, 18:20
- je ne trouve pas l'article mais - Bobo, 30/09/2007, 20:33
- je ne trouve pas - Bobo, 30/09/2007, 16:49
- je ne trouve pas - mareva, 30/09/2007, 15:39
- Notrefamille - chris, 30/09/2007, 10:22
- Notrefamille - mareva, 30/09/2007, 15:33
- Medicrea, Bigben et Celeos - pasca711, 29/09/2007, 14:09