TF1 et M6 lancent la chasse au gaspi (Securibourse)
Face à la faiblesse du marché publicitaire, les chaînes de télé privées sont contraintes à des économies
LA RENTRÉE audiovisuelle 2007 des chaînes de télévisions privées TF1 et M6 marque un véritable changement d'ère. TF1, la chaîne leader avec 31 % de part d'audience et 54 % de part de marché publicitaire est, pour la première fois en vingt ans, devant la nécessité de réduire ses coûts de programmes pour faire face à un marché publicitaire en stagnation. Elle devrait le préciser lors de sa conférence mercredi matin. Le coup de semonce a été donné lors de la présentation des résultats semestriels du groupe, le 31 juillet dernier, lorsque celui-ci a dû réviser à zéro la croissance attendue de ses recettes publicitaires pour 2007. Une annonce immédiatement sanctionnée par une chute de 15 % de l'action ! Depuis la passation de pouvoir entre le duo Patrick Le Lay-Étienne Mougeotte et le nouveau directeur général Nonce Paolini, le mot d'ordre dans les services du groupe est : tous les coûts doivent être réduits d'environ 20 %. C'est une révolution. Car depuis vingt ans, pour asseoir chaque soir sa suprématie, TF1 achetait les meilleurs animateurs, les meilleurs droits sportifs, les meilleures fictions à tous prix, contribuant ainsi à l'inflation régulière des prix de programmes. Une situation intenable au moment où le marché publicitaire est moins florissant. Deux signes ont annoncé ce revirement stratégique majeur. Tout d'abord, TF1 a laissé filer les droits du magazine Téléfoot au profit de France 2, ce qui lui a permis d'économiser 15 millions d'euros. Ensuite, elle a mis fin à l'émission de l'animatrice Laurence Boccolini. Ce faisant, elle a clairement signalé aux animateurs producteurs que le mercato - qu'elle avait elle-même déclenché l'an passé et qui avait alimenté l'inflation salariale - est terminé. La hausse des droits sportifs aussi. En cela, elle rejoint Canal + qui a dit à la Ligue de football professionnel qu'elle ne voulait plus payer 600 millions d'euros par an pour les droits du foot. Par ailleurs, si TF1 a toujours été bien gérée, le groupe a fait un « peu de gras » en vingt ans. Aujourd'hui, il est pressé de faire une cure d'amaigrissement.
Faire mieux pour moins cher
Ce revirement décidé par le leader profitera par ricochet à ses concurrentes. Dont M6. La chaîne présentait hier sa nouvelle saison. Elle a donc décidé d'investir encore plus pour gagner de l'audience et des parts de marché publicitaire. Ainsi, elle réinvestit les 27 millions d'euros payés pour la Coupe du monde de foot dans la reconquête de l'avant-soirée (de 18 heures à 20 heures), horaire où les nouvelles chaînes de la TNT sont devenues de véritables concurrentes. En 2008, M6 va même verser 50 millions d'euros supplémentaires dans les droits de l'Euro 2008. Mais pour le reste, pas question d'augmenter les budgets des émissions existantes, ni d'accroître la masse salariale ou les coûts techniques. Les équipes sont même priées de faire mieux pour moins cher.
Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, reconnaît que le prix des droits augmente plus vite que les recettes publicitaires. « Pour faire face à cela, M6 recherche depuis longtemps des recettes ailleurs que dans la publicité. Ainsi, si nous faisons des télécommunications mobiles ou du téléachat c'est parce que cela apporte les recettes nécessaires au financement des programmes de qualité qui nous permettent d'augmenter la part de marché de M6. »
lefigaro.fr 28/8/2007
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