valeurs défensives (Securibourse)
bonsoir
pour revenir sur un sujet fondamental dans cette période de grande incertitude
Air liquide évoquée récemment
Les dirigenat lisent-ils ce forum >
AFP le 21/08/2007 19h04
Eurazeo est monté de 2,1% à 5,5% du capital d'Air Liquide
La société française d'investissement Eurazeo a augmenté sa participation de 2,1% à 5,5% dans le capital du groupe de gaz industriels et médicaux Air Liquide, renforçant ainsi sa position de premier actionnaire, selon un communiqué publié mardi.
la société oui, le titre non
Air liquide est une belle société à la croissance rentable régulière. Mais que l'on s'entende bien. C'est un investissement de type "père de famille", qui est correctement valorisé, voire chèrement valorisé, et qui ne peut être rentable avec quasi certitude qu'à horizon long (càd au moins 8-10ans). En deça, par exemple 5ans, il y a des chances importantes pour qu'Air Liquide ne soit qu'un placement médiocre. Cela surviendrait, si les taux des obligations à LT s'exhaussaient et que les multiples de capitalisation s'ajustaient à la baisse en raison d'un fléchissement de la croissance mondiale. Investir dans Air Liquide n'est raisonnable au cours actuel que si l'on ne mise que sur les qualités fondamentales de la société et que l'on est prêt à rester investi très longtemps. En deça, il faut bien avoir conscience que malgré les qualités défensives de la société, des risques existent quant à son titre qui est loin de présenter les mêmes qualités, malgré son actionnariat pour la seule raison qu'il est déjà bien valorisé aujourd'hui et qu'il anticipe largement les très bons résultats futurs.
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Graham
la société oui, le titre non
» Air liquide est une belle société à la croissance rentable régulière. Mais
» que l'on s'entende bien. C'est un investissement de type "père de
» famille", qui est correctement valorisé, voire chèrement valorisé...
... chèrement valorisé >>>
A développer Je vois un titre qui réplique quasiment le cac depuis 5 ans (sorte de LVMH). A croire que ...
la société oui, le titre non
Bonsoir Graham, bonsoir tout le monde.
Air Liquide (j'en ai depuis 2004) représente 21% de mon portefeuille actions global avec une plus value actuelle de 23% (prix de revient unitaire de l'action à 74,24). En effet il s'agit d'un investissement long terme, à risque, mais qui correspond à mon tempérament. Je trouve aussi que la valeur est bien valorisée, j'aurais renforcé justement si la chute récente l'avait entrainée sous 75 euros. Je compte la vendre au-dessus de 135.
Ce qui m'a séduit est la part importante donnée à la communication, la sincérité -du moins je le crois- des propos tenus par différents dirigeants de cette société dont le capital est détenu à 38% par des particuliers.
Mais tu l'as justement rappelé on comprend surtout ce que l'on veut bien entendre. En tout cas le but est d'avoir un revenu régulier fourni par les dividendes relativement généreux et les distributions d'actions (il n'y a rien de gratuit) tous les deux ans. Il s'agit d'une action, c'est un pari plus risqué que les autres produits tel que l'assurance vie ou, mieux, le livret A mais le risque en vaut la chandelle sur du moyen-long terme comme tu le dis.
Cordialement pour continuer la discussion.
Doc
exemple
Je propose un petit exemple qui ne vaut pas pour preuve mais pour démonstration de la prudente défiance quil faut garder à lentour de tout titre affecté dun important multiple de capitalisation. Ce multiple peut être justifié fondamentalement en raison des perspectives à LT mais il comporte intrinsèquement un risque fort de correction à échéance courte ou moyenne dès la moindre déception sur les projections anticipées.
Cet exemple sera tempéré par la considération que les activités dAir Liquide ont un caractère intrinsèquement très défensif.
Données approximatives prises en compte :
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-Le passif circulant et lactif circulant dAir liquide séquilibrent approximativement. En conséquence, on nen tiendra pas compte.
-On négligera les provisions inscrites au bilan
-Lendettement net au 30/06 correspond à environ 4800m
-La capitalisation Boursière au cours de 91 sélève environ à 22.000m
-La valeur dentreprise au même cours sélève à environ : 26.800m
-La croissance du CA à LT est en moyenne de 8% à 9%. Celui de 2006 sélevait à environ 10.950m
-La croissance à LT du résultat dexploitation est en moyenne identique à celle du CA et correspond à 14%-15% du CA.
-Le dividende représente environ 50% du résultat net et croît à LT dans des proportions identiques. Dernièrement celui-ci était de 2 par action.
-La réduction du nombre dactions en circulation est estimée à 2,5% par an.
-Le taux des OAT à 10ans est denviron : 4,3%
-La capitalisation Boursière au cours de 91 sélève environ à 22.000m
-La valeur dentreprise au même cours sélève à environ : 26.800m
le dernier résultat dexploitation est de 1.661m. La valorisation du dernier résultat dexploitation par rapport à la valeur dentreprise sélève à un taux approximatif de 6,2% (multiple de capitalisation de 16 fois le rex rapporté à la VE), soit à peine 1,9% de plus que le taux des obligations à LT.
Hypothèses :
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On se fixe une échéance de 5 ans.
On supposera :
-que le dividende versé sera augmenté de 10% chaque année. Au bout des 5 ans, 13 auront été versés à lactionnaire
-que la croissance du CA et du résultat dexploitation continue à croître denviron 9% par an.
-que la marge dexploitation reste à un niveau de 15% du CA
-que le nombre dactions annulées sélèvent à 12% : il resterait environ 213.000 titres en circulation.
-que lendettement net aura reflué vers 3000
On supposera la réalisation dun mauvais scénario macroéconomique :
-le rehaussement des taux à LT à 6% (ce qui est envisageable sil ny a pas de récession et que la croissance mondiale reste soutenue avec une montée de linflation)
-une augmentation de la prime de risque sur le titre de 1,9% à 3%
Résultats
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A lissue des 5 ans on obtient :
-CA : 16.850m (hypothèse de croissance du CA de 9% annuel)
-REX : 2.530m (hypothèse de marge de 15%)
-multiple de capitalisation : (prime de risque affectée à laction+taux des obligations à LT)^-1=(0,03+0,06)^-1=11,1
-valeur dentreprise : ((multiple * REX)-endettement net subsistant)/nombre de titres à léchéance=((11,1*2.530)-3.000)/213.000=118
Au 118 de valorisation de laction, on rajoute les 13 euros de dividende et on rapporte lensemble à 91. On obtient une rentabilité brute de 7,6% annuelle.
Commentaires :
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Cette rentabilité nest pas négligeable mais elle nest pas exceptionnelle. Elle semble presque être garantie tant les résultats dAir Liquide sont habituellement stables et prévisibles. Cette projection, bien sûr, comporte des éléments négatifs qui peuvent ne pas survenir. Cependant, elle me semble assez raisonnable dans un contexte de hausse des taux à MT et daugmentation des primes de risques en raison des incertitudes économiques. On peut aussi envisager bien pire. Mais ce serait par trop alarmiste et injustifié. Cet essai ne vaut pas pour preuve. Il ne vise quà montrer que quelques soient les caractéristiques économiques dune société, des phénomènes exogènes (hausse des taux à LT, changement de la façon de rémunérer les actifs risqués) peuvent influencer la valeur des titres qui représentent ces sociétés. A terme court ou moyen, mêmes les meilleures sociétés risquent de nêtre que des placements ordinaires. LOréal, ces 8 dernières années, en a été un parfait exemple.
Ceci dit, cela nenlève rien à lintérêt dêtre placé dans Air Liquide. En effet, à plus LT, ces phénomènes exogènes ont tendance à être complètement lissés. Il reste alors pour lessentiel la performance capitalistique, c'est-à-dire la rentabilité des fonds propres. Il est à parier que à horizon long (10 ans) Air Liquide offre une rentabilité annualisée au moins égale à 12% (rentabilité des capitaux propres moins une légère décote due à la bassesse actuelle des taux à LT qui ne devraient pas rester durablement aussi bas en létat). Dautre part Air Liquide est une société dune merveilleuse régularité économique. Linvestissement dans ce titre à LT ne présente quasiment aucun risque de perte pour une bonne rentabilité quasi assurée. Je ne cherchai par là quà bien insister sur un point fondamental : linvestissement boursier ne doit sentendre quà très long terme. En deçà, trop de choses influent qui nont rien à voir avec la performance réelle des sociétés pour en faire des placements éminemment risqués. On le voit par ce rapide exemple. On limagine mieux pour des sociétés aux performances plus instables et moins assurées.
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Graham
belle analyse !!
»impressionnant
tu es prof deconomie , analyste financier >
combien de temps pour tous ces calculs >
»
exemple
Merci et félicitation Graham pour cette démonstration : il s'agit, en effet et pour l'instant, d'une valeur aux risques maitrisés mais qui autorise parfois des prises de profit dans le cadre de tempête boursière comme celle qui vient de souffler sur les marchés (sous 88 la semaine dernière, allant dépasser les 92-93 cette semaine !!) sans aucun rapport, comme tu le dis, avec les fondamentaux de la société.
Encore bravo et c'est sincèrement pour moi une richesse que de lire ce type de message que l'on peut en effet assimiler à un cours certe compréhensible par le néophyte que je suis mais néanmoins magistral
Du pur Vernimmen!
Je l'ai lu mais je dois dire que ça ne m'a jamais inspiré. Tout est raisonnable et calculable dans le Vernimmen. Le problème, c'est que la bourse ne l'est pas. Comme livre de chevet, j'aime mieux Mandelbrot.
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jean-marie
compléments
Vos remarques sont gentilles. Il faut relativiser cependant. Cela reste du bla-bla.
On aurait pu tout aussi bien poser comme hypothèses :
-croissance du CA sur 5 ans de 10%
-marge dexploitation à lissue : 15,5%
-les autres termes (réduction de capital, dividendes, taux à LT, prime de risque, endettement net) inchangés
On aurait eu pour résultat un retour sur investissement de 206, soit une rentabilité brute annualisée de 17,7%
Ou bien encore comme autres hypothèses :
-croissance du CA sur 5ans de 8%
-marge dexploitation à lissue de 14%
-endettement net, dividendes, réduction de capital inchangés
-taux des obligations à LT : 6,0%
-prime de risque : 3,5%
Ceci afin de prendre en compte, les risques de ralentissement de lactivité en raison des incertitudes actuelles. Le résultat est bien différent : 110 par action soit une rentabilité brute annualisée denviron 4%.
Or, il est impossible danticiper avec exactitude à cette échéance, le taux de croissance du CA ainsi que la marge dexploitation et moins encore le taux des obligations à LT à cette échéance et le niveau de prime que voudra bien mettre le marché alors. La plage de résultats prévisionnels est large, dun gain de 110 par action à un gain de 206 par action. Il y a fort à parier que nous nous siturons à lintérieur avec une probabilité plus élevée vers le haut de cette plage. On dira quavec de tels écarts, on ne peut pas prendre de décision fiable. Cest vrai si lon raisonne à court ou moyen terme (en deçà de cinq ans) parce quà des échéances si réduites les influences exogènes à la société (comportement du marché : prime de risque attribuée aux actions comparativement aux obligations, déception/satisfaction particulières sur tel titre précis) produisent des effets au moins aussi importants sinon plus que ceux issus des résultats. A plus LT, ces influences exogènes ont tendance à être lissées. Bien évidemment, il est encore plus malaisé dessayer de projeter ce que sera létat de la société à une échéance plus éloignée. La plage de résultats devra être élargie. A contrario, la marge deffets exogènes sera réduite, on pourra lestimer autour de 30% de part et dautres des estimations que nous auront faites (prenant bien en compte quà LT, il est plus fortement possible que les taux longs et les primes soient augmentés, donc que nous soyons dans le bas de cette plage). De cette façon, à très long terme, la rentabilité du placement tendra vers celle des capitaux propres de la société avec une marge derreur de +/-20%. Dans le cas dAir Liquide à horizon de 10 ans, en supposant la perpétuation dune rentabilité des fonds propres de 15%, on peut estimer sans grand risque derreurs que la rentabilité de son placement à 10 ans oscillera entre 12% et 17% par an à cette échéance. Ce qui est appréciable. On saisit, pour linvestisseur prudent, lintérêt du placement dans Air Liquide :
-lactivité est en croissance régulière et est peu sensible aux aléas macroéconomiques
-la valorisation de la société est élevée mais offre de bonnes garanties à échéance courte (5ans) pour des perspectives de rentabilité à LT (10ans et plus) appréciables (12% à 17% par an)
On pourra rajouter toutes les autres qualités propres à la société (actionnariat stable et fidèle, respect des minoritaires, bilan sain, marges importantes, communication excellente, etc.).
Le risque sur Air Liquide nest quasiment quun risque de marché consécutif aux comportements imprévisibles des acteurs de ce marché (investisseurs, banques centrales). Ce risque peut avoir des effets maximaux à échéance courte (en deçà de cinq ans) mais se trouve résorbé à plus LT.
Jai voulu illustrer par cet exemple combien le risque action sur des échéances courtes (inférieures à 10 ans) pouvait être considérable. Il dépend essentiellement de phénomènes exogènes imprévisibles (niveau de prime de risque, niveau des obligations à LT). Plus les multiples de capitalisation sont élevés et plus le risque est grand sur de telles échéances. Ce qui ne signifie pas quil ne faut pas payer cher ce qui est de qualité. Il est concevable de payer à un fort multiple des sociétés présentant des qualités exceptionnelles (se souvenir de Microsoft, Google, etc. il y a quelques années). Cela signifie seulement quà horizon de cinq ans, en raison du contexte (risque de ralentissement mondial, risque de hausse des taux, risque daugmentation des primes de risque), il convient d'être très circonspect envers les sociétés affectées de forts multiples dont les résultats et les prévisions ne sont quhypothétiques. De très fortes corrections sur certains titres, dont quelques uns souvent cités sur les forums boursiers, sont encore à attendre. Jai tendance à croire que le marché à court et moyen terme tendra de plus en plus encore vers la qualité et effectuera des arbitrages abrupts. Il est également envisageable à échéance moyenne que lensemble du marché voit ses primes de valorisation abaissées. Ce qui peut avoir une légère incidence sur la catégorie action à moyen terme , compensée par les effets de la croissance, mais naura aucune incidence à LT. Volontairement, dans tout ces commentaires, jai omis dévoquer la possibilité dun fort ralentissement, voire même dune récession. Il faut garder à lesprit que ces possibilités sont envisageables et, quelles se réalisent ou non, elles continueront daffecter à échéances courtes et moyennes lensemble du marché.
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Graham