Stratégie du Credit Suisse (Securibourse)
Stratégie : en quoi la crise subprime est-elle comparable à celle provoquée par l'effondrement de LTCM > 15/08/2007 11:37
Les similitudes entre la crise actuelle, engendrée par les troubles sur le marché des crédits hypothécaires subprime, et celle provoquée en 1998 par l'effondrement du fonds spéculatif LTCM (4,6 Milliards de Dollars de pertes nettes en moins d'un semestre), sont frappantes au premier abord. Mais, pour Credit Suisse, c'est ce en quoi elles diffèrent qui est intéressant.
LTCM a constitué une crise sur le crédit et la liquidité en fait propice aux achats d'actions, puisqu'à l'époque l'indice phare américain S&P500 a retracé la totalité de ses pertes en trois mois seulement. Confiant de la même façon aujourd'hui, Credit Suisse se dit donc à l'aise avec son conseil de surpondérer les actions, d'autant plus qu'aujourd'hui les entreprises sont financièrement beaucoup plus solides qu'à l'époque (rentabilité structurelle plus élevée, génération de trésorerie mesurée relativement à la croissance économique trois fois plus importante, ratio de couverture des intérêts à un plus haut historique) et que le prix des actions, relativement aux obligations, est nettement moins cher. Au plan macroéconomique, ajoute Credit Suisse, l'économie mondiale est plus flexible qu'en 1998 et la croissance mieux répartie. Enfin, les banques bénéficient d'une capitalisation améliorée et le phénomène de titrisation contribue à la diversification des risques.
Mais l'analyste souligne une différence importante. Lors de l'effondrement de LTCM, la solvabilité globale et en particulier celle de la dette souveraine russe s'est améliorée relativement rapidement sur fond de baisse des taux de la Fed, en conjonction il est vrai avec les réformes gouvernementales en Russie et l'augmentation de la demande pétrolière, ce qui n'a pas peu joué. Les inquiétudes quant à de possibles répercussions plus graves se sont apaisées et la confiance des investisseurs n'a pas été durablement affectée. Or, aujourd'hui au contraire il est peu probable que le problème de solvabilité sous-jacent, celui des ménages emprunteurs dits "à risque", s'améliore rapidement. Au contraire, attendu le poids prévisible des réévaluations hypothécaires... une nouvelle dégradation du crédit paraît probable. Le marché semble s'attendre à une réaction de la Fed comme ce fut le cas en 1998. Toutefois, contrairement à l'époque, les conditions préliminaires à une baisse (indice ISM sous les 51 et progression du taux de chômage) ne sont pas réunies, même si ces indicateurs ont sans doute touché récemment un point d'inflexion.
Deux scénarios sont donc envisagés à ce stade par le Credit Suisse. Si la banque centrale américaine maintient inchangés ses taux et que la volatilité persiste, il convient de s'en tenir aux actions à caractère défensif (PER réduit, visibilité sur la croissance, sans gros besoin d'accès au crédit). En revanche si la Fed baisse ses taux comme elle l'a fait à partir d'août 1998, l'appétit des investisseurs pourrait rapidement rebondir et notamment les actions des secteurs technologiques, des biens d'équipement, des semi-conducteurs et des matériaux de base (qui pourraient retrouver leur dynamique d'avant la crise).