Lettres de bassan ! (Securibourse)
Pour moi le statu quo de la FED et son communiqué ne signifient rien d'autre que son impuissance à maîtriser des phénomènes antagonistes et sa volonté d'attendre que les évènements précisent le sens de l'évolution à court et moyen terme de ces tendances opposées. De toute façon, baisser les taux n'aurait rien provoqué sur l'économie. Les spreads, quelques soient les taux de base, étant voués à s'accroître pour palier l'insuffisance de qualité des créanciers; par ricochet l'augmentationdes spreads se répercuteront sur de meilleurs émetteurs. Il n'y a que les marchés actions qui tout provisoirement auraient été soulagés. Hausserles taux, par opposition, aurait accru les risques de défaillance d'un plus grand nombre d'établissements bancaires.
La cherté des matières premières, de l'énergie, etc. exige une hausse des taux.
La crise de crédit n'a pas de solution, hormis la capacité des institutions financières à pouvoir amortir le choc, et hormis la capacité de tous les agents économiques à supporter l'idée du risque sans céder à la panique.
La Fed ne peut tout simplement rien faire. Les marchés fonctionnent en roue libre, et éventuellement s'autoréguleront tout seuls.
Ce qui me parait grave, c'est le constat suivant concernant les pays occidentaux:
-Les PIB croissent faiblement, les revenus individuels ne croissent presque pas.
-Pendant ce temps, matières premières et énergie coutent bien plus chers.
Qui achète> Combien de temps cette situation peut tenir>
-Le bon sens indique que l'on ne peut pas dépenser longtemps plus que l'on gagne sauf à emprunter.
-Or les taux d'endettement des pays et des individus ont grandement cru ces dernières années.
-Or nous sommes en situation de crise de crédit. Les marges de sécurité des institutions bancaires vont s'accroître pour assurer leur intégrité et leur sûreté, d'où hausse des taux aux particuliers et à LT pour les Etats et les collectivités. Les conditions d'octroi des prêts vont être durcis pour les mêmes raisons (diminution de la durée de prêt, obligation d'un apport conséquent, garanties financières durcies, etc).
Je ne vois pas comment la consommation ne pourrait pas dans ces conditions au moins ralentir sensiblement les prochains mois, voire même se stabiliser ou encore fléchir.
Il en découle:
-que les marges des entreprises baisseront
-que les sociétés aux lourds passifs auront de grosses difficultés.
De toute façon et quoiqu'on dise, quand les actifs, les matières premières, l'énergie sont élevés et que les revenus sont bas, on se trouve dans une situation récessive parce que de moins en moins de personne sont en mesure de consommer. Et cela se voit déjà dans les couches pauvres et moyennes de la société. Car ce qui part dans la hausse des prix du logement (location ou accession à la propriété), dans la hausse de l'énergie (essence, gaz, etc), dans la hausse de la nourriture (fruits, légumes, blé, pain), dans la hausse des dépenses de santé ne va pas ailleurs. Et l'on sait bien que ces postes énumérés représentent l'essentiel des budgets des familles.
La déflation est déjà là. Elle ne touche que les pauvres et les couches moyennes pour l'instant. Elle risque de plus encore s'étendre. Et avec cela à n'en pas douter, ces fameux bilans sains des entreprises, que l'on n'arrête pas de nous rabâcher pour nous prouver la bonne santé globale de l'économie, se détérioreront comme le reste. Seules les entreprises indispensables et satisfaisant des besoins fondamentaux pourront continuer à prospérer dans la tempête qui s'annonce et qui touchent déjà les plus pauvres d'entre nous.
--
Graham
Fil complet:
- Lettres du moulin de Labadie .... - Graham, 07/08/2007, 21:03
- Lettres de bassan ! - Graham, 07/08/2007, 23:50