Quelles sornettes, ces journaux financiers! (Securibourse)
Comme chaque semaine, je trouve dans ma boîte aux lettres le JDF. J'aime bien ce journal et plus particulièrement ces nouveaux articles généraux que l'on trouve depuis que le journal a changé de format (psychologie comportementale, bourses étrangères, opinions d'investisseurs avertis, etc..). Pour ce qui concerne les valeurs, je le prends comme je prends tous les journaux financiers: un moyen de me rappeller l'existence de sociétés parfois intéressantes soit que je ne connaissais pas, soit que j'avais oubliées. Les longs articles sont plus travaillés et méritent que l'on s'y intéresse. La plus part des autres, courts, ne font que formuler l'opinion du consensus, c'est à dire du cher Monsieur Le Marché. Autant dire qu'ils ne valent rien sinon apporter un peu plus à la déraison générale. Mais comme je l'ai dit, je l'aime beaucoup. Il m'intéresse souvent, me fait rire plus souvent encore. Bref, il m'est indispensable et je l'attends chaque semaine avec un zeste d'impatience.
Mais ce jour, je ne peux m'empêcher de décrier son titre majeur sur sa page de garde: "c'est le moment d'acheter". Quelle bêtise. Quelle inconscience d'annoncer cela à des millions de personnes qui risquent de suivre ce genre d'avis inconsidéré. Car, dans le fond, disons-le tout net: personne ne sait ce qui adviendra. On peut avoir une inclination, un pressentiment, une intuition mais rien qui ne soit assis sur des certitudes infaillibles. D'abord que veut dire "c'est le moment d'acheter". D'acheter quoi> le marché. Personne ne sait où va le marché parce que personne ne sait mesurer les risques actuels et personne ne sait anticiper avec justesse et précision les conséquences que ces risques éventuellement occasionneront. On peut penser que certaines valeurs, bien identifiées, sont dévalorisées mais on ne peut pas dire que le marché est dévalorisé globalement. D'ailleurs, c'est faux même dans les faits. Parce que même en imaginant que les risques sont faibles et peu fondés et si on exclut la prépondérance de Total et des valeurs financières (banques, assureurs) dans l'indice parisien, le marché est toujours, et ce malgré la correction importante, valorisé sur la base d'un PER supérieur à 15. Ce n'est pas encore être dévalorisé. On ne peut pas dire que le marché soit à acheter.
Par contre, on peut dire plus que jamais que certaines valeurs commencent seulement à se trouver à des cours d'achats attractifs. Mais cela présuppose que l'investisseur, à part soi, aura procédé à un fort travail de sélection. Sans quoi, par l'effet d'une importante diversification, on se retrouverait dans le cas de celui qui achèterait le marché. Or de cela, nous avons convenu: on ne sait où le marché va! Il fallait déjà faire preuve d'inventivité pour décrypter les bilans des sociétés, on en fera de même désormais pour décrypter l'inconsistance des opinions de quelques journalistes et de quelques analystes pleins d'eux-mêmes, c'est à dire plein de vide.
Bon W-E
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Graham