Alternext passé au crible / Investir Hebdo (Securibourse)

par Bobo, dimanche 27 mai 2007, 17:31 (il y a 6384 jours)

Marché regroupant une majorité de valeurs de croissance et quelques valeurs sûres en quête d’un mode de cotation plus souple que l’Eurolist, Alternext offre des profils d’investissement diversifiés. La rédaction a passé
au crible l’ensemble des sociétés de ce nouveau marché et sélectionné 8 valeurs particulièrement prometteuses.

Un pari gagné après deux ans d’exercice

Le marché Alternext parisien (il compte des petits frères à Bruxelles, à Amsterdam et bientôt à Lisbonne), lancé le 17 mai 2005 par Euronext avec l’introduction en Bourse de la société Meilleurtaux.com, vient de fêter ses deux ans d’existence. Il s’agissait d’offrir un successeur au Nouveau Marché, créé en 1996 mais discrédité par le krach des valeurs technologiques de 2000. Alternext est donc un marché « régulé » mais non réglementé (lire ci-dessous), destiné à acclimater de petites sociétés à la cote et à leur offrir des sources de financement.
Ce pari semble en bonne voie d’être gagné. Alternext compte désormais 86 entreprises cotées à Paris (plus 7 à Bruxelles et Amsterdam), affichant des chiffres d’affaires généralement compris entre 5 et 30 millions d’euros, avec une capitalisation globale de près de 5 milliards d’euros. Ce sont au total 875 millions d’euros qui ont été levés sur ce marché afin de financer des projets innovants.

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En 2006, les introductions sur Alternext ont représenté la moitié des opérations enregistrées sur Euronext. Et ce n’est pas fini. Tandis qu’une vingtaine de projets d’introduction seraient dans les tuyaux, dont un bon nombre en provenance du Marché Libre, l’ambition serait de réaliser à terme une centaine d’introductions par an. Le second objectif, plus ambitieux, est de former un vaste marché européen de valeurs moyennes concurrent du célèbre
AIM (Alternative Investment Market) de Londres, aux procédures d’admission cependant plus souples. La lutte est encore inégale : lancé en 1995, l’AIM accueille près de 1.650 sociétés, dont plus de 400 étrangères. La clé du décollage d’Alternext résidera dans sa capacité à attirer des sociétés étrangères (elles sont seulement 5 actuellement sur Alternext Paris) et des capitaux étrangers (seuls 3% ne viennent pas d’Europe). La prise de contrôle d’Euronext par le Nyse américain pourrait au moins avoir le mérite d’accélérer l’internationalisation d’Alternext.
Dossier réalisé par Véronique Godin, Sylvain de Boissieu et la rédaction

Des règles allégées

Alternext est un marché dit « régulé », intermédiaire entre le marché « non réglementé » qu’est le Marché Libre et le marché « réglementé » qu’est l’Eurolist. Sa souplesse constitue un atout alors que les obligations sur les marchés réglementés se renforcent avec, par exemple, la directive Transparence. Selon le Financial Times, l’American Stock Exchange (Amex) songerait également à lancer un marché de petites sociétés destiné à leur éviter les contraintes de la loi Sarbannes-Oxley. Critères d’entrée :
- officiellement pas de critère de taille ;
- un flottant minimal de 2,5millions d’euros en cas d’appel public à l’épargne ;
- deux années d’historique de comptes. Les obligations des sociétés sont plus légères que sur l’Eurolist mais plus contraignantes que sur le Marché Libre :
- libre choix du référentiel comptable et pas de publication obligatoire au Balo ;
- obligation de publier des comptes annuels audités et semestriels non audités ;
- obligation d’information en cas d’événement important ;
- possibilité de garanties de cours. Il faut noter que 16 sociétés cotées sur Alternext se sont introduites par placement privé.N’ayant pas fait appel public à l’épargne ni obtenu de visa de la part de l’Autorité des marchés financiers (AMF), elles sont en théorie réservées à des investisseurs dits « forcément qualifiés » et ne peuvent donc être achetées par des particuliers. Nous les avons donc exclues de notre étude.

Les 8 valeurs sélectionnées par la rédaction d’ «Investir»

Adomos. L’immobilier sur Internet

Le métier. Adomos distribue, à travers son portail Internet, des services liés à l’immobilier d’investissement. Cela va de la recherche de biens immobiliers jusqu’à l’offre de financements correspondants, en passant par le conseil personnalisé. La société dispose également d’une activité de publication de presse immobilière gratuite et exploite par ailleurs le site Internet Acheter-louer.fr. Adomos a récemment annoncé son intention d’introduire en Bourse cette filiale.

Les enjeux. L’entrée en vigueur, à l’automne 2006, des nouveaux dispositifs d’exonération fiscale de l’épargne locative devrait encore accroître le succès rencontré par ce type de placements ces dernières années et Adomos, compte tenu de sa présence solide sur Internet, semble bien placé pour profiter de cette tendance. Les résultats 2006 attestent de son dynamisme : ses produits d’exploitation sont en hausse de 37 %, à 21,9 millions d’euros, pour une rentabilité opérationnelle en nette amélioration, avec un résultat d’exploitation qui a progressé de 45 %, à 3,7 millions. En 2007, la tendance semble toujours bien orientée et le groupe prévoit une hausse de 20 % de son résultat d’exploitation. Acheter en visant 8,50 €.

Autoescape. Cap sur l’international

Le métier. Créé en 1999, Autoescape est le premier courtier français indépendant de location de véhicules de loisirs pour les particuliers. L’activité est réalisée au travers de partenariats avec près de 210 loueurs représentant 5.000 agences et plus de 800.000 véhicules dans le monde. Les réservations sont réalisées par téléphone (85 %) et sur Internet (15 %).

Les enjeux. Au premier semestre de l’exercice 2006- 2007 (semestre clos fin mars), la société a réalisé un chiffre d’affaires de 5,68 millions d’euros, en hausse de 62 %. Pour l’ensemble de l’exercice, nous attendons un bénéfice net de 1,25 million d’euros, qui ramènerait le PER 2007 à 26,5 fois, niveau correct compte tenu des rythmes de croissance attendus. La stratégie repose sur la construction d’une offre sur le plan européen, après des acquisitions récentes réalisées en Espagne et en Italie. Cette internationalisation (déjà 68 % des recettes hors de France) devrait avoir un impact favorable sur les marges puisqu’elle permet ’amortir sur une base de clientèle plus large les partenariats réalisés avec les loueurs tout comme l’organisation commerciale (la plateforme téléphonique est déjà multilingue). Notre objectif de cours se situe à 7,60€.

Avenir Numeric’s. Pari domotique

Le métier. La société installée à Saint-Maurice-de-Beynost, près de Lyon, produit des équipements domotiques pour la maison et l’habitat collectif. Son activité est scindée en deux pôles : les systèmes de réception
pour la télévision (satellite, TNT…) et la sécurité (automatismes, vidéosurveillance, contrôle d’accès). Elle est cotée sur Alternext depuis décembre dernier.

Les enjeux. Avenir Numeric’s a réalisé un bon exercice 2006. Son chiffre d’affaires s’est inscrit en hausse de 20 %, à près de 42 millions d’euros, et son résultat opérationnel a progressé de 18 % (3,2 millions). Si le résultat net est en baisse de 29 %, cela tient à l’arrêt de certaines activités. A périmètre constant, il a progressé de 38 %. Pour 2007, Avenir Numeric’s prévoit une croissance « à deux chiffres » de ses ventes, une amélioration encore plus forte du résultat net et du résultat l’exploitation. Le président, Laurent Ulrich, pense que 2007 sera « la meilleure année » de sa société. A l’avenir, celle-ci envisage de développer des produits centrés sur les économies d’énergie, notament des dispositifs de traitement de l’eau ou de production d’électricité propre. Intéressant dans le contexte actuel. Acheter en spéculatif pour viser 8,50 €.

Exonhit. Jouer sur l’innovation

Le métier. Entré en Bourse en 2005, Exonhit Therapeutics est une société de biotechnologie qui a développé une technologie innovante basée sur un mécanisme d’expression des gènes baptisé « épissage alternatif ». La société a mis au point des biopuces (permettant de faire des diagnostics) qui lui ont permis de nouer des accords de licence avec les deux grands fabricants de puces à ADN, Agilent et Affymetrix, ce qui lui procure quelques revenus annuels. Elle développe également son propre portefeuille de molécules.

Les enjeux. Exonhit dispose d’un partenariat avec BioMérieux (qui détient également 5,8 % de son capital) pour le développement de tests prometteurs de dépistage des cancers du sein et de la prostate, qui pourraient être commercialisés d’ici à fin 2009. L’annonce très attendue de nouvelles avancées cliniques sur ces tests de diagnostic pourrait doper l’action. Des résultats sur Alzheimer sont également prévus les 7 et juin. Exonhit compte afficher des résultats à l’équilibre à l’horizon 2010. La consommation de liquidités (environ 4 millions d’euros par an) reste bien maîtrisée et la société, qui a réalisé avec succès plusieurs levées de fonds auprès d’investisseurs institutionnels depuis son introduction en Bourse, affichait une trésorerie de 23 millions à la fin 2006. Viser 11€

Heurtey Petrochem. A plein régime

Le métier. Le monde manque de raffineries d’hydrocarbures. C’est une excellente nouvelle pour Heurtey Petrochem, qui fabrique depuis 1953 des fours pour cette industrie ainsi que pour celle de la pétrochimie. Plus e 2.000 fours de raffinage, craquage et réformage ont été réalisés par la société depuis sa création.

Les enjeux. Introduite en Bourse il y a un peu plus d’un an à 14,30 €, cette entreprise très bien gérée a su séduire les investisseurs. Les prévisions prudentes de la direction ayant été largement dépassées, l’action a déjà réalisé un beau parcours. Et ce n’est pas fini. En effet, après avoir annoncé pour l’exercice 2006 un chiffre d’affaires en progrès de 82 %, à 81,3 millions d’euros, et un bénéfice net multiplié par près de trois, à 1,4million, l’horizon paraît bien dégagé avec un carnet de commandes de 113,1 millions. Le groupe suit ses clients (Total, BP, Arkema, Sincor, Sasol, etc.) sur des projets de plus en plus grands, notamment en Asie et au Moyen-Orient. La demande est telle qu’il peut se permettre de sélectionner les projets, ce qui est de bon augure pour la rentabilité, d’autant que les coûts de production sont maîtrisés (la société a des filiales en Roumanie, en Inde et à Singapour). Nous sommes acheteurs pour viser 26 €.

Laroche. Un net redressement.

Le métier. Implanté à Chablis même, en Bourgogne, Laroche produit des vins haut de gamme venant du Chablis (55 % des recettes avec 2,5 millions de bouteilles vendues en 2005-2006), mais aussi du Languedoc (44 %) et même du Chili et d’Afrique du Sud (1 %). Les ventes sont très réparties à l’international, la France n’apportant que 16 % des recettes, derrière la Grande-Bretagne (18 %).

Les enjeux. Après des exercices 2004-2005 et 2005-2006 difficiles, marqués par le recentrage de la gamme sur les vins plus chers et la réorganisation des activités au Chili, Laroche a renoué avec la croissance au cours de l’exercice 2006-2007 (clos fin mars). Le chiffre d’affaires a progressé de 18 % sur les neuf premiers mois de l’exercice, tandis que le premier semestre était de bon augure pour les résultats que nous attendons à 1,2 million d’euros. Nous conseillons donc de jouer le redressement de la société et de ses résultats. Si la valeur est encore un peu chère sur la base de ses résultats attendus pour 2006-2007 (20,5 fois), le multiple de capitalisation tombe en revanche à 12,3 fois sur la base de nos estimations de bénéfices pour l’exercice qui vient de commencer (2 millions), dans la moyenne du secteur. Notre objectif de cours est de 15 €.

Octo Technology. Une pépite du conseil informatique

Le métier. Filiale de la société de services informatiques Aubay Technology, ce cabinet est spécialisé dans le conseil en architecture des systèmes informatiques. Il réalise près de 60 % de son chiffre d’affaires dans le très dynamique secteur financier.

Les enjeux. Présenté lors de son entrée sur Alternext comme « une pépite », et considéré comme tel par la profession, Octo Technology n’a pas – encore – réussi à convaincre les investisseurs : le titre perd 3,5 % depuis son introduction en décembre. Un parcours décevant au regard des qualités intrinsèques de la société, et surtout de son potentiel. Octo Technology tient, en effet, plus du cabinet de conseil haut de gamme que de la banale société de services informatiques et affiche, en conséquence, de très bons niveaux de rentabilité : 13 % de marge opérationnelle et 7% de marge nette en 2006. Sa croissance annuelle moyenne, de l’ordre de 30 % depuis 1998, devrait même s’accélérer grâce à la visibilité nouvelle et aux capitaux levés lors de l’entrée en Bourse. De plus, dans un secteur perturbé par une rotation trop rapide du personnel, la fidélité des effectifs d’Octo Technology est une qualité appréciable. D’autant plus que ses consultants sont facturés près de 900 € la journée, dans le haut de la moyenne du secteur. Viser 6 €.

1000mercis. Bon élève de l’Internet

Le métier. Fondé en 2000 par deux anciens étudiants en marketing de l’université Paris-Dauphine, 1000mercis est spécialisé dans la publicité et dans le marketing interactifs, chacune de ces deux activités ayant un poids à peu près équivalent dans le chiffre d’affaires. Dans le domaine publicitaire, 1000mercis exploite la base de données Elisa, qui possède les adresses Internet et une masse d’informations sur plus de 9millions d’individus en Europe. Cette base permet d’envoyer des messages publicitaires ciblés aux internautes. Dans le marketing, la société développe des opérations de fidélisation, de promotion, de marketing viral… à partir, cette fois, des bases de données des sociétés clientes.

Les enjeux. Depuis son introduction sur Alternext en février 2006, 1000mercis a accompli un parcours sans faute aussi bien sur le plan des résultats qu’au niveau boursier. Pour l’exercice 2005- 2006 (clos le 30 juin dernier), les estimations présentées lors de l’introduction ont été largement dépassées avec un doublement de l’activité et du résultat par rapport à l’exercice précédent. Au premier semestre 2006-2007, la croissance de l’activité et des résultats a encore dépassé 50 %. Même si le rythme de croissance se ralentit, il reste très soutenu et nous anticipons une progression du même ordre pour l’ensemble de l’exercice et une hausse des facturations de 30 % en 2007-2008. En Bourse, l’action a vu son cours multiplié par 2,4 depuis son arrivée sur le marché. Parmi la nouvelle génération de valeurs Internet, 1000mercis nous semble être une des plus fiables : elle est bénéficiaire depuis 2003, sa croissance est forte est assez régulière et les plans de développement ne reposent pas sur des opérations de croissance externe qui pourraient accélérer son développement et que la société a pourtant les moyens de réaliser avec une trésorerie nette de 9millions d’euros à la fin du dernier exercice. La valorisation reste raisonnable compte tenu de la croissance attendue : nos prévisions de résultats pour l’exercice 2007-2008 (qui s’entendent après impôt, ce qui n’est pas le cas pour de nombreuses sociétés Internet qui bénéficient de reports déficitaires) sont capitalisées un peu plus de 18 fois. La valeur figure dans notre sélection « Investir 10 Valeurs Moyennes ». Viser 33 €.

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