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par crocroc, lundi 07 mai 2007, 15:14 (il y a 6404 jours) @ The Bull

Bourse de Paris : Elections, notre point de vue
07/05/2007 | 13:22:00

L'élection de Nicolas Sarkozy n'est pas une surprise. Les marchés financiers l'avaient anticipée et la stabilité de la Bourse de Paris au lendemain du scrutin montre assez l'absence de suspense.

Chez Investir, nous avons eu l'occasion de souligner depuis plusieurs semaines les limites de l'enjeu : la France ne se situait pas dans un choix de société, mais dans celui d'un homme ou d'une femme, et de catalogues de propositions. En matière économique, industrielle et financière, ces propositions seront cadrées par les contraintes de l'Europe et celles de la mondialisation.

C'est sur pièce et, au plus tôt après les élections législatives des 10 et 17 juin, que les investisseurs prendront réellement en compte ce qu'il y aura de nouveau dans la donne. Néanmoins, on peut tenter de fixer des idées boursières dans trois directions.

Un effet de " libération fiscale "

Le catalogue de mesures présenté par Nicolas Sarkozy est très vaste, comme l'était d'ailleurs celui de sa concurrente. On retiendra en tout état de cause des engagements en matière de fiscalité - fort allégement de la taxation sur le capital, déduction des intérêts d'emprunts immobilier, réduction d'impôts divers dont l'impôt sur les sociétés - et d'emploi - détricotage des 35 heures, refonte des mécanismes publics après la fusion Unedic-ANPE, ... - . L'ensemble, appuyé sur l'ampleur du résultat et le taux de participation record, peut permettre une dynamique propre à la France dans les six à douze premiers mois du quinquennat.

Cet effet de " libération fiscale " peut jouer sur l'économie en général. Il peut aussi avoir des effets directs sur l'immobilier et la construction et sur les acteurs spécifiques du secteur de l'emploi.

Parmi des actions qui peuvent profiter spécifiquement de cette meilleure conjoncture :
- Foncières : Foncière des Régions, Gecina, Klépierre, Silic (valeurs déjà conseillées à l'achat) ; Kaufman & Broad, Nexity (objectifs de cours qui peuvent être révisés à la hausse).
- Travail temporaire : les deux spécialistes français du secteur, Groupe Crit et Synergie sont à acheter.

Des opérations financières libérées

La période électorale a bloqué ou ralenti des opérations financières intra-européennes. La bataille judiciaire et boursière menée entre la direction d'Eiffage et l'espagnol Sacyr, le principal actionnaire du groupe de concessions, n'est qu'une exception à une trêve que se sont imposés les groupes européens en matière de croissance externe en France.

Quelles que puissent être les déclarations du candidat Sarkozy teintées de patriotisme économique concernant l'Europe, les forces de concentration vont rapidement s'extérioriser. Le futur président a d'ailleurs inclus dans son programme des réglementations européennes qui " permettent la constitution de champions nationaux ".

Parmi les sociétés qui sont des cibles potentielles et dont les actions peuvent profiter des appétits de prédateurs, européens ou même mondiaux, et le cas échéant, de répliques en attaquant elle-même ou en recourant à des chevaliers blancs :

- Services : Suez, Veolia Environnement
- Banques : Dexia, Société Générale
- Concessions : Eutelsat, Vinci,
- Cathédrales (ces sociétés françaises réputées non opéables en raison de leur caractère symbolique) : Air Liquide, Carrefour, Danone, Saint-Gobain, Schneider, ...

Les perles du portefeuille de l'Etat

Après plus de 20 années de privatisations, les blocs d'actions détenus par l'Etat ne sont plus très nombreux.

Une " droite décomplexée " ne devrait pas avoir d'hésitation pour des lignes subsistantes dans des secteurs non stratégiques : Renault (encore 15,86 % du capital), France Télécom (32,45%), Air France-KLM (18,57%), CNP Assurances (1,17%).

Dans le secteur de l'aéronautique et de la défense, une sortie d'EADS n'est pas imaginable à court terme et, d'ailleurs, le cours de Bourse ne s'y prête pas. En revanche, Safran (30,85%) et Thales (27,30%) sont des positions qui seront utilisées pour appuyer la recomposition du secteur à l'échelle française, puis européenne.

EDF (87,32%) et GDF (79,78%) sont deux magnifiques sociétés, relevant à l'évidence de la souveraineté de l'Etat, et qui seront sans doute aidées dans leur croissance externe, l'Etat visant à rester majoritaire en se faisant diluer au gré des opérations. Le rapprochement de GDF avec Suez semble largement remis en question et un adossement à un producteur de gaz (par exemple algérien) est une bonne hypothèse de travail, sans doute plus productrice de valeur pour l'actionnaire.

Aéroports de Paris est à la limite entre une société privatisable à 100% et une société que l'Etat doit conserver sous son aile, en raison du caractère stratégique des actifs pour l'économie française. En revanche, ce titre, qui va encore sans doute beaucoup s'apprécier, pourrait faire l'objet de dégagements pour la part supérieure à 51%. L'Etat détient actuellement 68,39% d'ADP.

Reste la question d'Areva. La Bourse a spéculé dès aujourd'hui sur " un arrangement entre amis " de Nicolas Sarkozy avec Martin Bouygues, qui permettrait de compléter le dispositif d'Alstom (détenu par Bouygues à hauteur de 25 %) avec le spécialiste de l'atome. L'affaire est très complexe : Areva est un dossier stratégique pour l'indépendance énergétique de la France. La société, véritablement unique au monde, est très délicate à évaluer et des enchères ouvertes feraient flamber les prix. Sa gouvernance actuelle, satisfaisante, ne demande pas un passage au privé pour améliorer les choses. Enfin, la proximité de Martin Bouygues avec le futur président semble plus susceptible de bloquer le dossier que de le favoriser.

Les actions concernées sont souvent à acheter. Nous conseillons notamment : ADP, Areva, CNP Assurances, EDF et EDF Energies Nouvelles, GDF, Safran.


Hubert Tassin


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