2007 comme 1997 ou 1998 ? (Securibourse)

par JF @, mercredi 21 mars 2007, 07:53 (il y a 6451 jours)

Par l'excellent JB de Oddo

2007 comme 1997 ou 1998 >

2007 ressemblera-t-elle à 1997 ou 1998 > On pourrait imaginer, à 10 ans d’intervalle, deux années secouées par de forts mouvements de baisse comme le furent, sur des bases comparables, 1997 et 1998. L’exercice 1997 avait été le premier de la période de retournement du cycle précédent basé sur les marges des sociétés américaines.
L’accident monétaire sur le bath thaïlandais, qui avait mis en cause toutes les monnaies asiatiques y compris le yuan, avait déclenché un brutal mouvement de baisse des marchés. Après une embellie au premier semestre 1998, les marchés avaient connu une nouvelle crise à l’automne, beaucoup plus dure car amplifiée par la faillite du "hedge fund" LTCM.

Sommes-nous aujourd’hui dans une situation similaire >

On peut en éluder que la situation actuelle présente quelques similitudes avec la période 1997/1998.
L’optimisme est au maximum après 5 années de croissance économique aux États-Unis, les rééquilibrages de bilans des entreprises, et la recherche permanente de la rentabilité maximale grâce aux investissements en technologie, aux restructurations et aux délocalisations. La rentabilité des entreprises est au sommet et les opérateurs ne connaissaient, il y a encore peu de temps, qu’un seul sens, la hausse. Mais le cycle en cours est largement avancé et les premiers signes de freinage sont apparus dans les régions du monde les plus actives, l'Asie et les États-Unis. Il manquait seulement les détonateurs. La chute du marché chinois, il y a quelques jours, a montré que les détonateurs existaient et qu’ils étaient, comme d’habitude, là où on ne les attendait pas. Nouveau détonateur apparu ces dernières semaines, la crise des sociétés de crédit sur biens immobiliers aux États-Unis.

Les scénarios optimistes ont-ils encore de l’avenir >

Le scénario optimiste de base a soutenu les marchés au cours du second semestre 2006. Il s’appuie sur les freinages monétaires déjà engagés en Asie et surtout aux États-Unis qui devraient suffire à éviter toute surchauffe économique et à calmer la spéculation. Les mouvements récents des marchés seraient en quelque sorte d’ordre technique. Ce scénario est crédibilisé par M. Ben Bernanke lui-même, qui estime que la croissance américaine entre dans une phase plus modérée, mais plus facilement soutenable. Dans ce scénario, les taux directeurs restent stables et les taux du marché obligataire oscillent autour des niveaux actuels au gré des informations sur l’inflation et sur l’intensité de la croissance. Les bénéfices 2007 progressent plus modérément qu’en 2006 de 8 à 10%, mais permettent aux indices d’avancer dans les mêmes proportions, les P/E restant à peu près constants en raison de la stabilité relative des taux longs et de la prime de risque.

Une reprise modérée intervient en 2008, produisant une réaccélération de la croissance des résultats. Les taux directeurs ne baissent pas afin d’éviter de nouvelles tensions sur un marché de l’emploi toujours tendu, et une course au stockage des matières premières dont la hausse des prix finirait, inévitablement, par avoir un impact sur les prix pratiqués par les entreprises. Mais les marchés progressent avec les résultats 2008. Ce scénario, celui de M. B. Bernanke, ou de l’atterrissage en douceur est toujours le scénario privilégié à l’approche des fins de cycles. Politiquement, il est une fois encore, privilégié par la FED.
Le scénario alternatif est le scénario pessimiste de la fin de cycle. Contrairement à l’atterrissage en douceur, dans un scénario pessimiste, la fin du cycle s’accélère, et comme tous ses prédécesseurs dans les mêmes circonstances, M. B. Bernanke ne peut empêcher un profond ralentissement, voire une récession. Dans ce second scénario, le président de la FED, pris entre les risques inflationnistes liés à la hausse des matières premières et ceux générés par la tension sur le marché de l’emploi, ne peut engager la baisse des taux que le ralentissement économique, déjà en cours, exigerait. La courbe des taux reste inversée et se creuse, les arbitrages des opérateurs se faisant en faveur des obligations.

La récession approche. Fin 2007 > 2008 >

La date importe peu pour les marchés. Ce qui compte c’est le risque.
Dans ce scénario, les marchés reconstituent une prime de risque plus appropriée, ramenant les indices 10 à 15% en dessous des niveaux récents. Les effets de ce scénario peuvent même s’amplifier brutalement avant même que les bénéfices des sociétés soient touchés. Dans ce cas, la faible capacité de prédiction des bénéfices des analystes et des sociétés elles-mêmes lors des retournements de conjoncture, ne permet pas aux marchés de s’adapter progressivement à la récession.
Celle-ci est jouée par à-coups, uniquement dans sa composante risque. Les estimations de bénéfices suivent. Rappelons ce qui s’était passé à cet égard lors de la récession de 2001. En décembre 2000, les bénéfices 2001 du S&P étaient estimés, selon le consensus, en progression de 10% par rapport aux bénéfices 2000. À la fin de l’exercice 2001, ils étaient révisés en baisse de 18% pour terminer, après leur publication en 2002, en baisse près de 30%. Pour le CAC, les estimations de l’exercice 2001, d’abord en progression de 15% sur 2000, avaient fini en repli de 15%.
En conclusion, l’avancement du cycle est toujours sous-estimé.

Dans la première partie du cycle, c’est le potentiel de hausse des bénéfices et des marchés qui est sous valorisé par des opérateurs timorés à la sortie de la récession. Dans la deuxième partie, c’est le risque de baisse qui est sous-estimé à son tour, les opérateurs nageant dans l’euphorie des années de hausse.
Comme l’a rappelé M. Greenspan il y a quinze jours, plus la dernière récession s’éloigne, plus la prochaine se rapproche !
Jusqu’à présent, à l’exception de la période maijuin 2006, les marchés ont superbement ignoré ce principe. Le scénario de l’atterrissage en douceur est resté le scénario privilégié, d’autant que sa crédibilité a été entretenue par les Banques Centrales elles-mêmes. Mais l’atterrissage en douceur peut être détraqué par les impondérables. Or, ceux-ci ne manquent jamais. Les risques sont en effet accumulés lors des périodes euphoriques.
Cette fois encore, plusieurs types de risques, déjà évoqués à plusieurs reprises, ont été accumulés au cours de la phase haussière du cycle.

Le premier est la bulle des marchés asiatiques dont la mise ne cause par les autorités chinoises et indiennes a déclenché le premier avertissement fin février.
Le deuxième est matérialisé par les crédits fragiles sur patrimoine immobilier aux États-Unis. Souvent évoqué, mais oublié dans l’euphorie des derniers mois, il vient de se rappeler au bon souvenir des investisseurs.
Le troisième est constitué par les échafaudages de crédits leviers sur les opérations engagées par les fonds d’investissement. Ces systèmes de leviers(quelque 450 milliards de dollars en 2006) supposent la poursuite durable de la hausse des marchés.
Seront-ils les prochains "catalyseurs" de baisse >
Le risque vaut la peine d’être pris en considération.

a lire ,et méditer

par J-C.V, mercredi 21 mars 2007, 08:48 (il y a 6451 jours) @ JF

merci.
trés bon appel à la vigilence et à la prudence........ surtout quand on est sénior avancé à la retraite et ......qu'il sera dificle d'attendre le début du prochain cycle pour reconstituer son patrimoine.

2007 comme 1997 ou 1998 ?

par Mesto, mercredi 21 mars 2007, 09:02 (il y a 6451 jours) @ JF

Merci JF pour cet article de Borges. Je l"ai cherché sur le site, pas trouvé mais pas grave. Par contre j'ai trouvé une analyse sur Au.feminin.com. As-tu étudié cette valeur > ça fait des années que je veux l'acheter, encore jamais fait. C'est peut-être justement pas le moment ! :-D

Execellent....

par The Bull @, Guinée, mercredi 21 mars 2007, 10:52 (il y a 6451 jours) @ JF

» Par l'excellent JB de Oddo

Je suis perso. très sous-investi et sous-exposé aux marchés. Ceux-ci ne se maintiendront qu'avec la perennité bénéficiaire des entreprises. Mais, pour relativiser les choses, même si les bénéfices devaient baisser dans un avenir proche, il ne faut pas oublier que les PER sont globalement raisonnables, voire tres raisonnables pour certains secteurs.

Le principal motif d'inquiétude provient effectivement des crédits levés dans les inombrables LBO déclenchés ou en cours actuellement. Si les bénéfices retombent, les valorisations baissent et ces participations vont devoir trouver preneur, et là ça va être courage fuyons... d'autant plus que seuls les cash-flows permettent de rembourser les fonds empruntés...

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Execellent....

par labadie ⌂ @, Chaloupe St-Leu, La Réunion, jeudi 22 mars 2007, 10:55 (il y a 6450 jours) @ The Bull

Merci pour ce post intéressant. Le point le plus important est l'incapacité des analystes à anticiper un retournement de cycle.
Dire que les PER actuels sont modérés n'a que peu de sens en cas de retournement :
en 1929 on était à des PER de 20 sur le DOW. Prédire une division des cours par 9 était donc "absurde" (PER de 2,2)...c'est pourtant ce qui s'est produit avec la dégringolade des bénéfices qui a suivi celle des cours et l'a entretenue.

Actuellement au niveau PER aux US (je ne m'occupe que des US, les gros mouvements sont lancés par eux, on ne fait que suivre), on est tout en haut de la fourchette (sans être au dessus comme en 2000).
Au niveau des rendements (qui restent ridiculement bas), on est loin au dessus du maxi de la fourchette historique.

http://www.decisionpoint.com/tac/Swenlin.html

Maintenant sur le début de la crise, j'ai mis en ligne des indicateurs qui donnent des échéances précises (pour répondre à un point essentiel soulevé par exemple par Graham : la bulle va-t-elle continuer à gonfler et peut-on prévoir jusqu'à quand >)
http://tropicalbear.over-blog.com/article-6112133.html

Ces indicateurs se sont toujours montrés fiables au cours des 50 dernières années, donc je maintiens ce que j'ai dit ici en 2006 : poursuite du ralentissement aux USA au S1 2006 et entrée en récession fin 2007.
Pour l'Europe : idem avec un décalage de 3 trimestres.
Il existe une possibilité que ces échéances soient décalées de 6 mois, mais je n'y crois pas trop vu le bon démarrage baissier sur l'immo.

Par contre en 2006, j'ai fait une erreur : surestimer les capacités d'anticipation des marchés. Je pensais à tort qu'ils seraient les premiers à anticiper le retournement du cycle, mais après pas mal de recherches sur le net on s'aperçoit que cette anticipation est très réduite, les marchés se retournant en général 3 à 4 mois seulement avant l'économie elle-même.

Conséquences pour nous : si la récession intervient fin 2007 aux US, soit la baisse actuelle représente le début du retournement sur les marchés, soit il y aura une dernière phase de hausse cet été avant que ce soit "game over" (il reste une petite fenêtre de quelques mois pour ça).
J'ai tenté des positions baissières avec le BX4, mais comme il y a un risque pour que ce soit quelques mois trop tôt, il faudra des stops stricts (si on passe franchement 5600 je coupe)...Dans ce cas, même si la vague en cours avorte, la prochaine aura toutes les chances d'être le vrai retournement !

--
[image]

Bonjour Labadie.

par The Bull @, Guinée, jeudi 22 mars 2007, 13:52 (il y a 6450 jours) @ labadie

» J'ai tenté des positions baissières avec le BX4, mais comme il y a un
» risque pour que ce soit quelques mois trop tôt, il faudra des stops
» stricts (si on passe franchement 5600 je coupe)...Dans ce cas, même si la
» vague en cours avorte, la prochaine aura toutes les chances d'être le vrai
» retournement !

Le CAC nous fait un coup de chaud à +1.75% au moment ou j'écris. On augmente la volatilité du CAC, ce qui revient à payer assez cher des prositions haussières ou baissières.

Je m'interdis depuis des années les dérivés (quels qu'ils soient) et les positions non couvertes. En revanche, nous disposons aujourd'hui de trackers indiciels que l'on peut vendre sans valeur temps, ça c'est un vrai plus par rapport aux "vielles" options des années 80...

Il n'est donc pas impossible que je joue ponctuellement le CAC à la baisse au cours de 2007. Je posterai sur ce forum lorsque je le ferai...

Bonjour à la Réunion... J'y retournerai certainement en 2008... :-D

Execellent....

par Graham ⌂ @, dimanche 01 avril 2007, 01:03 (il y a 6440 jours) @ labadie

» Maintenant sur le début de la crise, j'ai mis en ligne des indicateurs qui
» donnent des échéances précises (pour répondre à un point essentiel soulevé
» par exemple par Graham : la bulle va-t-elle continuer à gonfler et peut-on
» prévoir jusqu'à quand >)
» http://tropicalbear.over-blog.com/article-6112133.html
»
» Ces indicateurs se sont toujours montrés fiables au cours des 50 dernières
» années, donc je maintiens ce que j'ai dit ici en 2006 : poursuite du
» ralentissement aux USA au S1 2006 et entrée en récession fin 2007.
» Pour l'Europe : idem avec un décalage de 3 trimestres.
» Il existe une possibilité que ces échéances soient décalées de 6 mois,
» mais je n'y crois pas trop vu le bon démarrage baissier sur l'immo.


Qu’il y ait récession, les différents indicateurs le rendent très probables.
Mais de quelle ampleur > Cela est plus incertain.
Certes, il y a la dette publique de 70% du PIB et la dette privée de 400%. C’est pire que 1929 et effrayant. Mais les choses cesseraient-elles si graves immédiatement pour autant parce qu’elles ne traduiraient qu’aberration et irrationalité. Ce n’est pas suffisant. Cela aurait déjà pu survenir bien plus tôt.
Tout ce système se maintient par la confiance des prêteurs. La confiance résulte de ce pari de singe dans la justesse du bon étalonnage de la monnaie américaine et dans la capacité des ménages, des entreprises et des états américains et occidentaux à rembourser leurs dettes. Mais aussi dans l’artifice de préserver de l’extérieur un système qui favorise les économies locales émergentes. Or cette confiance est solidement établie. Elle est soutenue par trentes années d'efficacité et de réussite d'un tel modèle économique. Tous croient possible des crises économiques mais tous, surtout croient en la vertu de ce système. Et parce tous y croient, chacun contribuera à le perpétuer quelques soient les faits jusqu'à l'ébranlement ultime des dernières croyances.
Quant à la monnaie américaine : la confiance résulte de la certitude des prêteurs que la monnaie ne sera pas dévaluée violemment. Et en effet, la FED ne le peut sans faire imploser tout financement extérieur. L’inflation, la FED ne le peut sans ruiner quantité de ménages et plonger le pays dans une décroissance sans précédent. La plage d’action sur les taux restent faibles et orienter vers la baisse.
Reste l’endettement massif privé. Cet endettement se soutient par la confiance en la justesse de la valorisation des actifs, principalement immobiliers. Qu’est-ce qui pourrait les faire baisser plus encore jusqu’à devenir dangereux pour l’économie du pays entière. Une légère baisse des taux ne suffirait-elle pas à enrayer le phénomène provisoirement > Probablement si. Les ménages conserveraient leur capacité de remboursement les intérêts des emprunts. Il n’y aurait qu'une relative petite quantité de prêts non remboursés. Le système de prêt hypothécaire serait fragilisé mais resterait sauf. Les entreprises bénéficieraient des taux bas. Les financements extérieurs subsisteraient. Ceci est l’intérêt aussi des grands pays émergents, de plus en plus prêteurs. En ce cas, nous aurions qu’une récession ponctuelle comme en 87, comme en 98, comme en 01.
Et voilà, pourquoi je ne crois pas immédiatement à une récession majeure. Car tout ce système économique est fondé sur la confiance. Tous les acteurs espèrent le maintien de ce système. Tous les acteurs légitiment ce système et lui accordent leur confiance. Car en définitive, la consommation, les investissements, les facilités de prêts étrangers dépendent de cette confiance et tous croient en les vertus de ce modèle. Et parce que tous ont confiance et soutiennent ce système, celui-ci subsistera et s’entretiendra de lui-même. Les déséquilibres les plus grands peuvent subsister par ces étranges effets et comportements. Rien n’y peut contrevenir sauf l’ébranlement de cette confiance. De la sorte le système peut se perpétuer malgré une courte et légère récession et ce jusqu’au point de rupture ultérieur. Alors les choses seront mûres et nous aurons une déflation sans précédent. Mais nous n’y sommes pas encore, il faudrait l’ébranlement fondamental de la confiance. Personne aujourd’hui ne peut prédire quand cela sera. Que ces choses surviendront c’est indubitable, le moment seulement en demeure plus qu’incertain.

Qu’en conclure > Sachant ces choses inéluctables mais à une date indéterminée cependant sûrement moins lointaine que l’on pourrait pronostiquer. Aujourd’hui il n’est plus rationnelle d’investir à n’importe quel prix dans une catégorie quelconque d’actifs ou de matières premières. Sachant la déflation certaine toute attitude autre n’est que spéculative.

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