"COMMENT RÉSISTER ?" (suite et fin)

par L.J., mardi 28 décembre 2004, 17:40 (il y a 7272 jours) @ L.J.

"COMMENT RÉSISTER >"

Dans un mouvement de repli plus ou moins organisé, les industries occidentales misent désormais sur la création de marques et sur la constitution de puissants réseaux de distribution. Selon l'OCDE, 4 millions d'emplois ont disparu dans les pays riches.

Au Sud, les Etats les moins développés, qui pensaient au départ être favorisés par la levée des quotas, sont en fait les grands perdants. Le Bangladesh, la République dominicaine, l'île Maurice craignent de s'enfoncer dans la misère. Leur principal atout (une main-d'œuvre à bas prix) est balayé par les champions chinois et indiens, qui allient faibles coûts à production intégrée (du fil au vêtement) et qualité. "Comment pouvons-nous résister à la concurrence - chinoise - > Ils versent des subventions - à leurs entreprises - et leur monnaie est sous-évaluée", explique-t-on à l'ambassade du Bangladesh auprès de l'OCDE.

Les organisations non gouvernementales (ONG) s'inquiètent. Les commandes à très bas prix des donneurs d'ordres occidentaux constituent à leurs yeux des pousse-au-crime. Ainsi, l'exploitation des enfants perdure mais se révèle plus cachée qu'autrefois, constate Neil Kearney, le président de la Fédération syndicale internationale du textile. Dans certaines tanneries de l'Inde et du Pakistan, "les enfants sont presque nus et plongent les peaux dans de grandes cuves de produits chimiques. Leur seule protection est de s'enduire les jambes d'une sorte de beurre", rapporte-t-il. Les conditions de travail des ouvriers les plus pauvres risquent d'empirer.

PEINE PERDUE

Dans l'Europe méditerranéenne, le Portugal, la Turquie le Maroc et la Grèce sont à la peine. Cette dernière - où la production de textile représente 15 % du produit intérieur brut (PIB) et occupe 28 % de la population active - voulait que soit "créé un mécanisme de contrôle des importations chinoises", à l'instar de la mesure adoptée par l'Europe dans le secteur de l'acier. Elle n'a pas été entendue.

Les Italiens ont perdu 50 000 emplois en deux ans et pourraient en perdre autant dans quelques mois. Plus qu'une concurrence nouvelle, ce sont les copies et la contrefaçon de leurs marques de renommée internationale qui les inquiètent. Pour se protéger, la filière voudrait une étiquette qui valorise auprès du client le pays dans lequel le vêtement est fabriqué. Peine perdue, répondent les Français : qui regarde l'étiquette avant d'acheter un vêtement >

"La suppression des quotas me semble être une secousse moins importante que celle que nous connaissons avec la surévaluation de l'euro", estime Guillaume Sarkozy, président de l'Union des industries textiles (UIT). En France, où les importations textiles sont passées en vingt ans de 3,5 milliards d'euros à 11,8 milliards d'euros, les professionnels sont condamnés à réagir. Moins d'un vêtement sur deux acheté en France y a été fabriqué. Les Français misent sur la zone de libre-échange euroméditerranéenne et sur une logistique courte à forte valeur ajoutée.

Dans nombre de pays, la fin des quotas va donc bouleverser les équilibres économiques et sociaux. Selon M. Audet, de l'OCDE, "le pire est passé. Il y a des victimes, mais il y a encore plus de gagnants".

Florence Amalou


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